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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 12:36


 

 


-Port-aux-Basques – Iles-de-la-Madeleine (Québec)- Caraquet(Nouveau Brunswick)-

1er Août, 5H15, après le petit déjeuner j'ai pris contact avec la station radio “Port-aux-Basques traffic” pour les aviser que nous souhaitions quitter le port à 6 heures.
Le temps était pluvieux et le brouillard très épais. A la sortie du port nous avons salué l'équipage du “Kimberley Christine” qui s'apprêtait lui aussi à quitter. La sortie fut délicate en raison de la brume et de la pluie diluvienne. A 2 miles de “Port-aux-Basques head” la station nous indiquait toujours une voie libre et nous demandait de rappeler à 1 mile de la sortie de la zone de trafic. La mer était belle et le temps commençait à se dégager. Dès notre sortie de la zone nous avons fait cap au 310- direction : Iles-de-la-Madeleine.
J'ai communiqué avec le “Kimberley Christine” qui m'annonçait un cap un peu plus ouest parce qu'ils avaient décidé de faire route directe vers Matane en passant entre l'Ile du Prince Edouard et les Iles de la Madeleine.
Anne-Marie et moi nous nous sommes organisés pour le quart de barre. J'ai repris contact avec le “Kimberley Christine”1/2 h plus tard mais la communication était devenue presque inaudible alors nous nous sommes souhaités tous deux une “Bonne route”.
2 heures après avoir quitté Port-aux-Basques, nous nous trouvions à 47°31'N et à 59°30' O et notre vitesse de croisière était  de 8,5 nœuds. Le temps s'étant bien éclairci , j'ai profité de noter les coordonnées géographiques des bouées d'entrée du port de Grande Entrée aux Iles-de-la Madeleine et je les ai mémorisées dans le GPS. La navigation était agréable; bercé par la forte houle, le “Wickie”se laissait pousser par ses deux moteurs. Les Turbos, en diffusant leur petit sifflement, me laissaient, un court instant, l'impression d'être dans un avion mais le claquement de la mer sur la coque me remettait très vite dans la réalité sur le moyen de transport. A 8H02  nous entrions dans la zone de trafic de l'entrée du fleuve Saint-Laurent. Nous entamions donc la traversée des zones réglementées pour la circulation des gros navires. Nous traversions donc des voies prioritaires. La houle devenait un peu plus forte et le vent fraîchissait au Nord-Est. Le “Wickie” continuait malgré tout à foncer en déchirant la mer,  laissant derrière lui un sillage mousseux. 14H00, cela faisait 8 heures que nous naviguions; nous nous trouvions à 19 miles de la terre. L'état de la mer se maintenait, le vent avait tombé; par contre, nous sommes entrés à nouveau dans un épais brouillard.
A 8 miles de la côte, je commençais à scruter l'écran du radar en effectuant différents réglages pour essayer de distinguer une partie des Iles .J'apercevais une petite masse en haut de l'écran. Je contrôlais donc la progression de l'écho jusqu'à ce que je puisse identifier l'île de la “Grande Entrée”.A 16 heures nous étions à la bouée rouge des “Colombines”. Nous avancions à petite vitesse, Anne-Marie étant sur l'avant du bateau à veiller. L'entrée devenait délicate. Nous ne voyions toujours rien mais il nous semblait entendre des bruits de voitures. Ceci  nous confirmait que nous étions très près du port. Je me rapprochais donc un peu plus de la bouée tribord  que je distinguais parfaitement au radar et tout-à-coup, à travers le brouillard, nous aperçûmes une masse noire et un bout de quai. Anne-Marie me dit “ on dirait un chalutier ici (me le montrant du doigt) en avant sur la droite “. C'était donc bien cette masse que j'entrevoyais.
J'engageais alors les moteurs en avant et l'image se dessinait de mieux en mieux. Nous identifions l'entrée du port. Arrivés dans le port nous avons constaté que nous avions franchi la barrière de brouillard. Il faisait beau à Grande Entrée et nous avons découvert de nombreux longs liners (bateau de pêche au crabe, au homard etc.) aux couleurs vives, le blanc de la coque dominant. Le quai du frigorifique était occupé par un vieux chalutier et dans le Havre protégé d'une digue il n'y avait plus de  place a quai.
Un pêcheur qui se baladait sur la digue nous a indiqué que nous pouvions  attacher le “Wickie” à un long liner. Nous étions bien arrivés et il faisait soleil, quelle joie! Nous avons pris une petite collation tout en contemplant le village et la côte. Sa partie basse située au niveau de la mer était ensablée donc de couleur blanchâtre et une couche de grès rouge s'interposait entre ce sable et la verdure qui surplombait cette côte. Au delà  se détachaient les maisons construites en bois d'un style “classique canadien” et peintes aux couleurs claires. Ce paysage agréable, très coloré, nous a détendus. Quelques mouettes et goélands circulaient dans les airs et venaient, en planant au dessus du bateau,  observer nos gestes dans l'espoir de voir jeter à la mer quelque déchet à leur goût. Anne-Marie s'est mise alors à lancer  des morceaux de pain près du bateau.  Ils se sont tout de suite approchés en nous abrutissant de leurs cris stridents et aboyants.  Les quelques téméraires, vinrent en rase-mottes, arracher de l'eau cette maigre pitance, les autres se tenaient à distance laissant venir vers eux ce pain trempé qui dérivait au gré de la brise.
Nous avons ensuite quitté le bateau pour nous rendre dans le village et appeler Saint-Pierre. Ma sœur Yolande, la seule que nous ayons pu joindre,  a apprécié de nous savoir rendu à bon port et nous l'avons chargée de communiquer la nouvelle dans l'entourage familial. Nous sommes ensuite retournés au bateau où Anne-Marie s'est mise à préparer le souper que nous avons dégusté à la chandelle. A 22h30 nous étions couchés, fatigués de notre  journée en mer et de la longue marche. Nous sommes restés 4 jours aux Iles.
Dès le deuxième jour nous avons fait connaissance de Jacques un habitant de Grande Entrée.  Jacques nous a conseillés de louer une voiture pour visiter les Iles d'autant que la météo des prochains jours s'annonçaient peu florissante. Il nous a conduit à l'aéroport, lieu de location de voitures.
Sur le chemin nous avons découvert une station de production de sel marin qui se trouvait dans le goulet. Un gros cargo avait franchi l'étroit passage reliant le chenal principal à ce port aménagé spécialement pour le chargement du sel. Cela nous a surpris de voir un si gros bateau naviguer dans ce goulet. Mais Jacques nous a appris que le chenal avait été creusé spécialement pour cela et que chaque année un dragage était nécessaire pour le maintenir navigable. A cette station il y avait d'énormes tas de sel dont un où un gros tuyau suceur y était planté le reliant à la base de la station. Cette station ressemblait, en fait, à une moitié de crabe dont les pattes étaient les conduites d'aspiration latérales  servant au chargement du bateau. Nous avons aussi observé des éoliennes installées à titre expérimental. Arrivés à l'aéroport nous avons loué une petite voiture et le sympathique Jacques nous a quittés, fier de nous avoir rendu service.
Nous sommes partis sur la route pour poursuivre la découverte des lieux. Nous y avons rencontré des gens très avenants mais également des compatriotes qui se trouvaient à Cap-aux-Meules sur leur bateau le “Zeltron”. Rémi et Georges, avec leur famille (les épouses et trois enfants) avaient projeté de se rendre à Montréal. Mais la météo particulièrement capricieuse, avait déjoué leur plan. En effet, la perte de temps accumulé depuis leur départ ne leur procurait plus la possibilité de faire le voyage jusqu'au bout. Ils avaient donc décidé de retourner à Saint-Pierre. Le 4 août nous avons passé un bon moment ensemble: repas du midi à bord du ”Zeltron” et repas du soir sur le “Wickie”.Durant notre séjour la brume et la pluie ont un peu perturbé la visite. Cependant les lieux visités - zones artisanales (Havre Aubert, Cap aux Meules) le port de l'Etang du Nord et son Église - n'avaient nullement besoin de soleil pour être appréciés .







    



                                      

 

 

Les ILES-DE-LA-MADELEINE : 14 600 hab. appartiennent à la province de Québec, une des provinces du Canada. Elles se composent de nombreux îlots. L'ensemble en forme de crochet fait 72 Km. Les ancêtres de ses habitants sont des acadiens  arrivés en 1793 après avoir subi de nombreux dérangements à cause des anglais. .Un grand nombre d'entre eux s'étaient établis à Miquelon (dans notre archipel de St-Pierre et Miquelon) et c'est le 12 avril 1793 sous le commandement de leur curé le Père Allain, qui a refusé de prêter le serment constitutionnel, que plusieurs familles acadiennes abandonnent leur île pour rejoindre les Iles-de-la-Madeleine. Ils fondèrent alors la première paroisse au Havre Aubert “Notre Dame-des-Monts”. Cette année, à l'occasion du bicentenaire de la fondation des Iles, un album souvenir a été édité par le Musée de la Mer sous le titre “Deux cents ans d'histoire”; celui-ci retrace l'origine du peuplement des Iles. La principale ressource économique a longtemps  été la pêche aux crustacés (homard, crabes) et à la morue. Le moratoire pour la protection des stocks de poisson, a bien réduit la pêche à la morue. La chasse au phoque, maintenant très limitée, représentait également une activité économique importante dans les Iles. Le besoin de trouver d'autres sources de revenus, a obligé les madeleiniens à s'investir dans la promotion touristique. Grâce à leur volonté et à leur imagination, elle est devenue une industrie en plein essor. En outre, une mine de sel exploitée sur la dune du Nord, contribue à cette diversité économique.

 

En regardant la carte nous avons pu nous rendre compte qu’effectivement l’ensemble des îles représentaitt une forme d’hameçon mais nous percevions également une similitude avec notre archipel à partir de cette étroite bande de terre ressemblant à un isthme qui rejoignait l’Ile du Cap aux Meules à l’île du Havre Aubert .

Le 5 Août a été la journée des préparatifs de départ :- mémorisation de la route avec l'enregistrement des “Waypoints” dans le G.P.S.,- provision de fuel (401 l)- vérification des moteurs. En fin de journée nous sommes allés marcher sur la dune de sable située près du port et qui aboutissait vers une côte plus rocheuse et entrecoupée de petites criques ensablées. L'érosion créée par la mer sur la côte, nous permettait de distinguer la couche de grès rouge recouverte en surface, d'un gazon bien vert. La mer qui s'éclatait dans ces découpages côtiers  avec un bruit semblable à des coups de canons, propageait une bruine en haut de la falaise. Nous sommes restés un moment à contempler cette petite “tourmente naturelle”  qui agressait la côte avec des rouleaux de mer mousseuse. A 19H30 nous avions regagné le bateau (notre villa flottante) pour manger. Nous nous sommes couchés tôt en prévision de la longue traversée du lendemain.
Vendredi 6 août : 5H40 : départ de Grande Entrée pour Miscou au Nouveau Brunswick. Le vent était Ouest, 15 nœuds,  la mer était belle mais la visibilité nulle à cause du brouillard. Ce brouillard a duré jusqu'à ce que nous atteignions l'extrémité Sud des Iles et plus précisément au “cap du Sud”.
Cette situation nous a fait connaître un moment angoissant lorsque nous avons traversé le chenal d'entrée de Cap aux Meules à proximité de l'île d'Entrée. Alors que nous franchissions le chenal, le ferry Cap-aux-Meules-Charlottetown (île du Prince Edouard) sortait du port. Impossible de le distinguer au radar car l'écho se mêlait à celui de l'île. Nous n'entendions que le sifflet assez sourd, qui au départ, me semblait être un sifflet de bouée. Mais le son s'intensifiait et Anne-Marie, qui observait à l'extérieur, m'a fait remarquer qu'il se rapprochait. Effectivement je l'ai réalisé également et alors je me suis rabattu vers la terre. Je me mettais ainsi en sécurité en m'éloignant du passage en haute mer. Soudain, j'aperçus la masse au radar et j'ai constaté qu'il n'avait nullement l'intention de changer sa route. Cela s'est confirmé par les coups de sifflet à répétition. Heureusement, nous nous étions bien dégagés. Je n''ai pu apercevoir qu'au radar seulement cette grosse masse qui passait à 1/4 de mile derrière nous. Les coups de sifflet et le bruit des machines nous sont parvenus distinctement et ont amplifié notre inquiétude. Nous avons été bien soulagés d'entendre ces sons s'éloigner en même temps que l'écho sur le radar.
Nous avons ensuite repris la route en direction des  bouées de Millerand et cardinale Sud du rocher “le corps mort”. De là nous avons fait route directe vers Miscou. J'ai mis en opération le pilote automatique, le temps de manger. La mer a commencé à s'agiter vers 15 heures mais nous avons pu naviguer dans de bonnes conditions jusqu'à notre arrivée à “PIGEON HILL”  vers 22 heures.
En route, j'avais consulté les instructions nautiques sur la région. J'y avais lu les informations sur le danger d'emprunter le chenal d'entrée, ensablé et mouvant, situé entre l'île Miscou et le continent. J'ai, malgré tout, tenté de me fier au balisage de jour à l'aide du projecteur portable que tenait Anne-Marie située sur l'avant du bateau. Mais la manœuvre devenait de plus en plus  dangereuse au fur et à mesure que nous avancions dans le chenal. La mer était basse, les balises se confondaient dans l'obscurité et le projecteur ne fonctionnait pas au mieux .Pour éviter des avaries inutiles nous avons décidé de faire demi tour et de jeter l'ancre à 1/2 mile de l'entrée. Nous étions au mouillage au Nouveau-Brunswick. 

 

Le Nouveau Brunswick (Province de l'Est du Canada limitée à l'Ouest par les États Unis (Maine), 73 437km2,  676 250 hab. (1976), Cap.  : Fredericton, ville principales : Saint John, Moncton-Universités à Fredericton (Univ. du Nouveau-Brunswick), Sackville (Mount Allison University), Moncton, Edmunston et Bathurst.Hist. La région fut découverte par J.Cabot (1497) puis J.Cartier (1534) et explorée par Champlain et de Monts (établissement à l'embouchure de la rivière Sainte Croix). Après de vives contestations entre Anglais et Français, les premiers obtinrent la province par le traité d'Utrecht; ils expulsèrent les Acadiens français en 1755. Des colons écossais puis des loyalistes anglais venus des États Unis colonisèrent la province créée en 1784.Le Nouveau Brunswick reçu un gouverneur en 1849, un an après la Nouvelle Ecosse, et rejoignit la fédération canadienne, malgré de vives oppositions, en 1867.

 

Toute la nuit nous avons fait des quarts de veille et  au petit jour, des bateaux de pêche sont sortis en mer. Cela m'a permis de demander à un pêcheur , de retour de pêche, de nous indiquer le chenal d'entrée.
Nous avons levé l'ancre et nous avons suivi la petite embarcation qui nous a guidés jusqu'au quai. C'est alors que nous avons appris qu'à mer basse  il était difficile d'y entrer et d'en sortir, même pour un bateau à faible tirant d'eau comme le nôtre. Comme nous étions à marée de jusant, je me suis empressé de m'approvisionner en fuel (534,8 l). Nous avions décidé de nous rendre à Caraquet. Au cours de cette courte escale  nous avons rencontré un St-Pierrais, Roger, installé à Pigeon-Hill depuis de nombreuses années. Celui-ci nous a invités  à visiter la région et à  faire connaissance avec sa famille. Il a dit qu'il nous récupérerait à Caraquet. Sur cette invitation nous avons quitté le quai et, guidé par un pêcheur, nous avons emprunté le chenal conduisant à la baie des Chaleurs. Avant d'atteindre cette baie nous avons laissé le passage à un bac ferry, tiré par des câbles et qui reliait l'île Miscou au Continent. Ce vieux traversier était appelé à disparaître puisque le gouvernement canadien avait entrepris la construction d'un pont. Après avoir remis en route, nous étions, deux heures plus tard, à la Marina de Caraquet. Celle-ci est bien abritée et se situe près du port de pêche où s'affairaient les marins des chalutiers qui décoraient leurs bateaux pour la célébration de la fête des marins du lendemain dimanche 8 août. Roger nous attendait et nous a rejoint à bord. Il est embarqué avec difficultés à cause d'un handicap aux pieds. Il nous a expliqué que lors d'une grosse tempête de neige il s'était trouvé emprisonné dans sa voiture ensevelie sous la neige. Il avait réussi à s'en tirer presque par miracle et grâce à un des habitants du voisinage à la porte duquel il avait frappé. Cependant ses pieds avaient été en partie gelés. A la suite de cela, lors de son hospitalisation, il nous a raconté avoir vécu d'atroces souffrances. Après une longue rééducation il a fini par marcher, non plus sur des pieds mais sur des moitiés de pieds. Il s'en tirait bien et il pouvait même conduire sa voiture. Son cas nous démontrait les dangers des hivers rigoureux de la région.  Roger nous a  amenés chez lui à Pigeon Hill en nous faisant visiter en cours de route : Saint-Simond, Shippagan, Lamèque, Sainte-Marie-sur-Mer, St-Raphaël-sur-Mer et Cap Bateau. Remarquables petits villages et ports où, malgré les difficultés économiques, chacun semblait s'attacher à la propreté de sa propriété. Ils assuraient ainsi le bon entretien de leur cité. Le style et l'ancienneté des maisons nous procuraient une idée sur les classes sociales des habitants. Arrivés chez Roger nous avons fait connaissance avec son épouse Mari Anna qui nous avait préparé un repas typiquement local : crevettes et crabes des neiges. Nous nous sommes régalés. Ensuite nous avons fait le tour de leur petite propriété, Mari Anna voulant nous montrer son modeste jardin potager (salade, radis et pomme de terre).Yolande, leur fille de 19 ans qui venait juste d'arriver du travail, s'est jointe à nous. Avant de venir nous conduire au bateau, Mari Anna a remis à Anne-Marie un grand pot de bleuets d'une récente cueillette.
 
                              
Au retour nous avons poursuivi la visite de la région. Avant de nous quitter vers 22H30, Roger et Mari Anna ont pris un café à bord, histoire de prolonger la conversation tout en sachant que nous avions peu de chance de nous revoir. En tout cas la journée avait été agréable et avec un petit pincement au cœur nous nous sommes  quittés.
Dimanche 8 août, c'était la FÊTE DES MARINS À CARAQUET. Tout le monde sur le port s'était organisé en préparant des stands de vente de produits divers (T-shirts, fanions, casquettes, jus de fruit, pizzas, hot dogs etc.) pendant que les marins, sur leurs bateaux, poursuivaient leurs décorations. Nous avions rarement vu des bateaux aussi pavoisés et enguirlandés. De notre côté nous avons déplacé le bateau pour prendre de l'eau douce et par la même occasion nous nous sommes installés dans le port de pêche où devait se dérouler la fête. Avant de manger, nous avons appelé Saint-Pierre. A 13 heures, la fête a débuté. Les bateaux, (chalutiers et bateaux de plaisance) se sont mis à manœuvrer pour se diriger dans le chenal du port. D'autres bateaux, venant de l'île de Miscou et des petits ports avoisinants, s'approchaient également pour participer à la cérémonie. Celle-ci a été célébrée par le curé de la paroisse en la présence d'honneur de Madame le Maire de Caraquet. Les problèmes économiques liés à la pêche furent évoqués dans les discours et un moment de méditation, en mémoire des marins disparus, a clôturé la cérémonie officielle. Quelques minutes plus tard, au cours de la bénédiction de la mer, de nombreux bateaux nous ont offert un véritable festival de couleurs avec en sonorisation des coups de sifflets bruyants et discordants. Le soleil brillait et l'agréable température enjolivait la fête. Sur le quai des clowns distrayaient les participants qui exprimaient leur joie de vivre. Certes ces acadiens vivaient pleinement cette fête  qu'ils voudraient voir se perpétuer; mais chaque année, ils constataient la grave dégradation de la pêche professionnelle. D'ailleurs les bateaux de plaisance présents à la fête étaient plus nombreux que les bateaux  de pêche. C'était vraiment un signe évocateur et cela ressemblait beaucoup à ce qui se passe chez nous. Nous partagions cette fête avec bonheur et j'ai pris beaucoup de plaisir à filmer l'ambiance.

 

         

 

                                                      






Vers 15 heures alors que les gens commençaient à quitter le quai nous avons rejoint le" Wickie” pour préparer notre départ. Juste avant de lacher les amarres un jeune garçon s'est approché de nous et nous a demandé ;” j'pi ti faire un' draïve avec toué ? “. Je lui ai répondu que cela n'était pas possible parce que nous partions de l'autre côté de la baie. Anne-Marie, qui n'avait pas compris m'a interrogé sur ce qu'avait dit ce petit garçon. Je lui ai expliqué qu'il m'avait demandé de venir se balader avec nous dans un langage mélangé de français et d'anglais et en quelque sorte en patois; le chiac (« drive » veut dire promenade en français). C'est ce qu'on appelle de l'anglicisme. Sur cette anecdote nous avons quitté le port à 15H35 pour nous rendre à Port Daniel de l'autre côté de la baie. Dans le chenal de sortie de CARAQUET nous avons failli nous ensabler en voulant emprunter la même voie qu'un hors bord .Heureusement nous allions très doucement et cela nous a permis de reprendre le chenal initial. Nous étions dans “la baie des chaleurs” c'est-à-dire que nous avions quitté le Nouveau-Brunswick pour rentrer en Gaspésie.

 

 

A SUIVRE :       Port Daniel(Gaspésie) - Ville de Québec

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 09:32

 

 




-Port Daniel (Gaspésie) – Québec-

 



La traversée de la Baie de Chaleurs n'a duré que deux heures et demie et c'est vers 17H40 que nous sommes arrivés en face de "Port Daniel", petit port où j'étais déjà venu avec le "PINTA"  qui avait pris livraison d'un chargement de bois.


Quelque chose me chagrinait en scrutant la côte. Je ne voyais pas de quai. Et pourtant, j'étais sûr d'être venu ici et que le cargo avait accosté à un quai. Nous nous sommes approchés du fond d'une anse où il nous semblait distinguer un petit quai. Perplexe, j'ai poursuivi ma course quand tout-à-coup nous aperçûmes un filet de pêcheur, non balisé,  qui flottait en  travers du chenal. Stupéfié, nous n'avons pas pris le risque de nous aventurer dans cette zone dangereuse. La décision fut alors de poursuivre notre route.


En consultant la carte j'avais localisé la prochaine escale à savoir : l'anse aux Gascons.


Nous y sommes arrivés vers 19 heures. Nous avons accosté un chalutier et nous nous y sommes amarrés. Quelques minutes plus tard, deux hommes sont venus. Ils faisaient une tournée d'inspection de routine sur les chalutiers accouplés qui étaient désarmés. Nous avons discuté avec eux et ils ont abordé les difficultés de la pêche  qui amènent à cette situation catastrophique qu' est l'arrêt des chalutiers lorsqu'ils ont pêché leur quota de poisson.


J'ai  profité de leur poser la question  au sujet du quai de Port Daniel. Nous avons alors appris que le quai de Port Daniel avait pris feu il y a quelques années en même temps que la scierie et n'avait jamais été reconstruit. L'un des deux marins, le plus jeune, ne s'en souvenait même plus. Par contre, le plus âgé, avait connu ce drame et même un précédent car deux scieries étaient passées par le feu à cet endroit. Cela représentait, nous dit-il, une catastrophe économique grave pour la région d'autant que l'industrie du bois y était florissante. Ce témoignage m'avait confirmé l'existence d'un quai public à Port Daniel. Lorsque nous leur avons parlé des filets de pêche à l'entrée du bourg ils nous ont dit qu'ils devaient s'agir d'une affaire de braconniers. L'accés au port de plaisance de Port Daniel est assez difficile pour les bateaux de passage. La discussion s'est ensuite poursuivie avec des anecdotes concernant le trafic d'alcool de nos marins qui fréquentaient la région sur des cargos de l'Archipel dans les années 1970. Nos contrebandiers(certains membres d'équipages des cargos) avaient apparamment plus d'un tour dans leurs sacs et leur intelligence faisait bien l'affaire des consommateurs de la localité.


Le lendemain 9 août à 9h45: nous avons quitté l'anse aux Gascons. Destination - Percé- Malbay.


 La première traversée, jusqu'à Percé, s'est effectuée sur une mer calme et un temps très ensoleillé Cette atmosphère particulièrement agréable nous a permis d'admirer la côte et ses petits ports comme NEWPORT, CHANDLER, LA POINTE AU MAQUEREAU et le CAP BLANC de PERCÉ. Avant de faire route sur PERCÉ j'ai fait un peu de pêche et j'ai pris deux beaux maquereaux. Le menu du souper était donc tout trouvé.

Perc----notre-d-part-le-soir-copie-1.jpg

 

LE CAP BLANC /Autrefois rattachée à la terre ferme, cette gigantesque muraille de roc fait 438 m de long et 88 m de haut. C'est un banc de calcaire, formé au fond des mers il y a des millions d'années et qui renferme un nombre incalculable de fossiles. A une certaine époque le rocher aurait été percé de quatre trous formant autant d'arcades. Il subsiste de l'une de ces arcades, effondrée en 1845, un pilier, l'Obélisque. Il ne reste, par ailleurs, qu'une seule arcade, haute de 30 m.Au bas de la colline, est érigée l'église STE-ANNE qui surplombe le port de PERCÉ.

 

Sur  notre route pour PERCE et à tribord, se trouvait l'île Bonaventure qui est un refuge pour les fous de Bassan ou Margas comme on les appelle chez nous.
 

Marga : fou de bassan (Morus bassanus). En vieux français :Margault, employé par Jacques Cartier, synonyme de vorace (Mots et expression de St-Pierre et Miquelon par Marc Derible)
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Ces oiseaux nous ont survolés pendant notre trajet. En été, il y en a quelque 50 000 qui nichent sur les surplombs et dans les anfractuosités des hautes parois de 90 m qui forment la façade Est de l'île. Ce sanctuaire abriterait la plus importante colonie de fous de Bassan d'Amérique du Nord.
D'autres oiseaux de mer, mouettes, marmettes, macareux, godes, guillemots, cormorans et goélands, y nichent également.

Notre visite au port de Percé a été courte mais appréciée.

Nous serions bien restés la nuit mais le vent de N.E. et la houle nous ont obligés à quitter le quai pour rallier un port plus abrité en l'occurrence MALBAY situé à 7 miles de là. Nous y avons passé une bonne nuit malgré le mouvement des embarcations qui sont parties en pêche vers 3 heures .

10Août 1993. Destination - MALBAY - GASPÉ.

Nous avons pris le petit déjeuner vers 8H en compagnie de jeunes mouettes tridactyles qui lançaient de temps en temps leur cri particulier un « Kitti-ouèk » ce cri qui a donné à l'espèce le nom anglais de « Kittiwake ». Leur présence égayait l'atmosphère car le temps était couvert, orageux.. Par moment le soleil perçait les nuages mais la mer s'agitait. Nous avons quitté le quai à 10H15. La traversée s'est faite sans enthousiasme mais l'arrivée a été plus ensoleillée. 12H15 nous sommes arrivés à la Marina de GASPÉ, appontement n° 91.

13H30 : lavage du linge à la buanderie. Dans l'après-midi averses de pluie et de grêle; c'était surprenant tellement les grêlons étaient gros. Nous sommes tout de même allés nous balader en ville dès la fin de l'averse pour visiter à commencer par le Centre commercial sur la Place Jacques Cartier. Après un petit repas au "restaurant de la Place Cartier" nous avons poursuivi la visite de commerces artisanaux et d'une partie de la ville. Des banderoles accrochées dans la ville nous rappelait l'organisation ici, au début du mois d août dernier, des Jeux du Québec. Nous avons passés trois jours à GASPÉ par un temps pluvieux et orageux avec des températures de 16 à 22°.

Ce séjour nous a permis de visiter la Cathédrale du Christ-Roi dont la construction avait commencé en 1934 et s'était achevé en 1969. Elle est l'œuvre de l'architecte Gérard Notebaert. Son revêtement extérieur est en cèdre ce qui en fait la seule cathédrale de bois en Amérique du Nord .Quant au Musée, il était fermé, mais dans le parc voisin se trouvait le Monument Jacques Cartier. Il s'agit de six immenses stèles de fonte qui commémore la découverte du Canada par Jacques Cartier et la première rencontre de l'explorateur avec les Amérindiens. Les stèles, en forme de dolmens, sont ornées de bas-reliefs illustrant, d'un côté, l'arrivée de Cartier au Nouveau-Monde et, de l'autre, des extraits de textes rédigés par Cartier et par le père Leclercq. Elles ont été réalisées par Jean-Julien et Gil Bourgault-Legros de SAINT-JEAN-PORT-JOLI.

Ce séjour nous a permis aussi d'assurer l'entretien du bateau : lavage à fond, remplacement du tapis de sol de la timonerie. J'ai également profité de continuer à apprendre le fonctionnement du G.P.S.

Vendredi 13 août, 10H25 : nous avons quitté GASPÉ pour RIVIÈRE AU RENARD. Le temps était nuageux et brumeux. Les conditions auraient été idéales si le brouillard ne nous avait pas envahi. Après avoir passé la Pointe des Rosiers où se dresse le phare le plus haut du Canada (27,40m) et classé monument historique, je me suis mis à pêcher pendant une heure environ. J'ai pris deux morues et 3 maquereaux. J'ai fait des filets. A 15H30 nous étions amarrés dans la marina de Rivière-au-Renard où se célébrait la fête Western. Après une courte balade nous avons mangé et un peu plus tard" nous sommes allés au centre ville pour suivre le défilé de carosses attelés de chevaux. L'événement assez insolite dans ce défilé c'était la participation de gros camions, bahuts de routiers (il y en avait des chevaux !) .Le terminus se trouvait au Centre Colombiens à quelques kilomètres du centre ville. A cet endroit avaient été installés des stands, un parc de rodéo et un podium où des orchestres locaux devaient animer une soirée dansante. Nous nous y sommes rendus et nous avons participé à la soirée. Le plaisir était au rendez-vous même si le plancher, fait d'un rassemblement de planches de bois à même le sol, n'avait rien d'une vraie piste de danse. Nous avons dansé comme des fous durant près de deux heures au rythme de la "Country Music".C'était assez "folklorique" de nous voir surtout que je dansais avec mon sac à dos dans lequel j'avais mis mon caméscope. Nous nous sommes couchés à 1H30 après avoir fait une marche de 3/4 d'heure pour regagner le bateau.

Samedi 14 août, 7H30 , petit déjeuner et ensuite préparation du trajet avec consultation des instructions nautiques dans lesquelles se trouvaient une photo du port de St-Maxime-de-Mont-Louis. Un peu plus tard nous avons discuté un moment avec l'équipage du voilier "Allegro".10H30 Nous avons appelé St-Pierre et Miquelon. Après le repas et après avoir pris du fuel nous avons quitté Rivière-au-Renard pour Mont-Louis. Le temps était variable, le ciel couvert et des bancs de brouillard faisaient des apparitions sporadiques.La navigation par ce temps nous a privés du décor de la côte qui était supposé être beau (falaises etc.).Elle s'était faite aux instruments jusqu'au quai de Mont-Louis. Nous n'avons vu le duc d'Elbe, qui prolonge le quai public, qu'une fois le nez du bateau dessus: il était 19H. Ce quai un peu haut, nous a amenés à rechercher une place plus à l'ouest c'est-à-dire au quai des pêcheurs bien mieux adaptés pour notre Wickie. Nous sommes donc passés d'un quai à l'autre et dans une "purée de pois".Arrivés au quai des pêcheurs à 19H30, nous nous sommes amarrés à un long liner terre neuvien qui se trouvait là, en escale technique. 1/2 heure après l'accostage, le brouillard commençait à se dissiper. C'est alors qu'à notre grand étonnement nous aperçûmes une masse noire qui se dégageait devant nous, si proche qu'elle semblait nous tomber dessus. Le fond brumeux, sombre à cause du crépuscule, accentuait l'effet impressionnant que produisait cette colline située juste en face du port. Un peu plus à notre gauche, nous apercevions le village et une belle église qui surplombait une petite plage située dans le fond de l'anse.

Dimanche 15 août : 8H00, petit déjeuner puis nous avons conversé un petit moment avec l'équipage du long liner qui s'apprêtait à partir. Nous avons ensuite manœuvré pour lui permettre de sortir. 11H nous avons assisté à la messe dominicale à l'église St-Maxime-de-Mont-Louis (Maxime, notre petit fils, commence à nous suivre) animée par une superbe chorale composée de 4 membres. Après un bon repas nous avons largué les amarres pour reprendre la route en direction de St-Anne-des-Monts. Par ce beau temps ensoleillé, nous avons pu apercevoir : rivière-à-Claude, Marsoui, Ste-Marthe de Gaspé, St-Joachim de Tourelle. La tour rouge aperçue était le phare de Marsoui. Nous sommes arrivés à destination après deux heures et demi de route. Heureusement que nous n'avons pas eu de brouillard parce que le radar est tombé en panne peu de temps après le départ.
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Exceptionnellement le souper s'est passé au restaurant puisque jour de fête d'Anne-Marie; à Ste-Anne le jour de la Ste-Anne cela justifiait un repas mais au "Prolétaire" (c'était le nom du restaurant) afin que cela ne nous coûte pas trop cher. Ce fut effectivement le cas et pour un excellent repas. Lundi 16 Août : Temps variable, mer peu agitée. Vent Nord 15-20 nœuds. Température : 16°.

14H Nous avons quitté Ste-Anne pour "les Méchins".La traversée s'est faite sur une mer houleuse mais avec une bonne visibilité. Durant celle-ci nous avons rencontré beaucoup de pêcheurs plaisanciers. Leur méthode de pêche, du fait du fort courant, consiste à s'attacher à une bouée préalablement ancrée. Au cours du trajet nous avons identifié le phare de "CAP CHAT".
16H15, Arrivée sous une pluie torrentielle dans le port de "les Méchins". Ce port est d'une relative importance surtout en raison de la cale sèche gérée par la Compagnie "Verreault" qui effectue des réparations navales en tous genres sur des navires d'un tonnage moyen. Actuellement un navire brise-glace de la Garde Côtière canadienne se trouve au chantier. Le quai public a été construit pour gros bateaux mais il existe un quai bien plus adapté pour les petits bateaux de pêche. Nous nous y sommes amarrés à un » palangrier » pour passer la nuit à l'endroit le plus abrité du quai. Un  pêcheur du coin nous a appris qu'il y avait des st-pierrais qui habitaient ici.
En effet Paul, un de ces st-pierrais est venu nous saluer après le souper. Nous avons pris un café ensemble tout en discutant des compatriotes de la région et de notre voyage. Il nous a fait visiter la petite commune en voiture et nous avons profité de faire quelques achats. Ensuite, après nous avoir déposés au bateau, il nous a fixé rendez-vous pour le lendemain. Mardi 17 août : Dans la nuit la pluie était tombée à torrents et la matinée s'annonçait pluvieuse et brumeuse. Comme convenu, Paul est venu nous chercher et il nous a promenés. Nous avons vu les propriétés des quatre autres saint-pierrais vivant dans cette agréable petite commune. Il nous a ensuite invités à prendre un casse-croûte chez lui. A 13 heures nous étions de retour au bateau. C'est à 14H que nous avons quitté "les Méchins" encore dans une brume épaisse. La mer était calme. Paul s'est déplacé au bout du quai pour nous saluer. La visibilité se situait à environ 5 miles. En cours de route elle s'était encore réduite allant par moment à 0. Sans radar et de surcroît sous la pluie il nous a fallu doubler de vigilance. A l'approche de MATANE, la brume s'était un peu dissipée et la visibilité s'était étendue à environ 3 miles, distance suffisante pour nous permettre de repérer le chenal entre les deux quais (nouveau et vieux quais publics) .Ceux-ci nous indiquaient l'entrée de la marina. A.17H nous étions à la marina de Matane. Après avoir accompli les formalités auprès du responsable de la marina, nous sommes aller visiter le Centre ville. Au retour nous avons emprunté "la promenade des capitaines" circuit pour piétons qui longe la rivière. On peut y découvrir, grâce aux plaques commémoratives, une partie de l'histoire de certains capitaines qui ont bravé sur leurs navires, les difficultés et même les tempêtes pour le développement économique de MATANE.
Mercredi 18 août : ciel couvert avec périodes ensoleillées. Température : 18°.Dès la première heure de la matinée j'ai appelé un radariste. Il est venu à 10H et il a regardé l'appareil. Il l'a ensuite emporté avec lui pour effectuer des contrôles plus approfondies pour la réparation. Quelques minutes plus tard c'est la mère de Brigitte (une amie québécoise qui travaille à St-Pierre) qui est venu nous rendre visite. Après avoir fait connaissance elle emmène Anne-Marie faire quelques courses. Vers 11H00 le radariste est revenu m'annoncer que la réparation exigerait beaucoup de temps d'autant que les pièces de rechange étaient à commander aux Etats Unis ou au Japon et qu'elles coûteraient chers. La question du remplacement s'est posé et cela nous a demandé un temps de réflexion. Vers 12H00, Marina et Anne-Marie étaient de retour. Marina nous a invités au restaurant. Nous sommes partis tous les trois à "inter-rives" restaurant réputé de MATANE, avec vue sur le fleuve St Laurent. Nous avons profité de cette agréable ambiance pour prendre notre décision concernant le radar.
14H30 : nouvelle visite du radariste à qui nous avons confirmé le remplacement du radar. L'affaire était conclue et la mise en place programmée pour le lendemain matin. Il était 16H00. Marina est revenue nous chercher pour nous faire visiter MATANE. Elle nous a amenés à la passe migratoire aux saumons, au parc public, au collège où Brigitte a effectué ses études ainsi qu'à l'église catholique. A l'intérieur de cette église, d'un style architectural moderne, les bancs classiques ont été remplacés par des chaises. Dans la soirée Marina nous a présenté son mari Norbert et nous a amenés chez Line la soeur de Brigitte. Accueil chaleureux de Line et ses jumelles Marie-Pierr et Marie-Philippe. Nous y sommes restés une bonne heure et ensuite nous avons fini la soirée par un repas dans une brasserie. Le café a été pris à bord du « Wickie » .La journée suivante était ensoleillée, sans vent et une température de 25° .Dès le début de la matinée, j'ai débranché et enlevé les fils du radar à changer. Pendant ce temps, Anne-Marie a fait du ménage et du rangement pour ensuite partir faire quelques courses. Le technicien qui est arrivé avec le radar, a entrepris l'installation. A midi le travail était bien avancé. Après le dîner il a poursuivi la pose et à 14H45, le radar était en place. Nous sommes sortis avec le bateau pour faire les réglages. A 16H30 tout était réglé et nous étions prêts pour le départ. Nous avons donc quitté MATANE pour RIMOUSKI. Nous avons navigué à l'estime à cause d'un problème avec le GPS. A 20h30 nous étions à 25 miles de RIMOUSKI et la nuit tombait. Fatiguée, Anne-Marie a souhaité que l'on se dirige dans le petit port de Ste-Luce (Anse aux coques). Il n'y avait aucun balisage à l'entrée du port et sur les instructions nautiques il y était mentionné que le port s'asséchait à marée basse. Je ne tenais donc pas à prendre de risque. Nous avons alors jeté l'ancre à 1/4 de mile de Ste-Luce. La profondeur était de 4m, le vent du secteur Sud-Ouest 20 nœuds. Le bateau bougeait pas mal mais il tenait bien sur l'ancre. Nous avons mangé et Anne-Marie est allée se reposer quelques heures afin d'assurer une relève dans la veille de nuit.
Pendant cette veille, j'ai à nouveau vérifié et réinitialisé le GPS qui s'est remis à fonctionner normalement. Vendredi 20 août - Vent fort de Sud-Ouest. Temps nuageux, température 16°.5H30 : petit déjeuner. 5H50 : nous nous sommes dirigés au quai de Ste-Luce. Nous sommes à la mi-marée mais nous avions besoin de fuel. Il était tôt, les petites rues étaient désertes. Ste-Luce est une petite commune de quelques centaines d'habitants. Vers 6H15 nous avons rencontré un habitant qui nous a informés que pour la fourniture du fuel nous devions appeler à Mont-Joli ou à Rimouski.
Impossible donc de rester à quai et d'attendre plus longtemps en raison de la marée. Alors nous avons repris la route en direction de RIMOUSKI, mais à petite vitesse (5 et 6 nœuds) pour économiser le fuel. 
8H15 : nous sommes arrivés à la marina. Ouf! Après contrôle de  la jauge, j'ai constaté que nous étions sur la réserve; il était donc temps d'arriver. Nous nous sommes installés à quai sur instructions par VHF du directeur de la marina. Celui-ci se trouvait sur l'appontement à notre arrivée. C'était un basque français établi au Canada; un homme bien sympathique. Il nous a fait remplir les papiers de location de la place à quai et nous a remis les clés de la porte d'entrée et des douches de la marina. Nous avons donc pris une bonne douche et le petit déjeuner . Ensuite nous sommes allés dans un commerce de matériel de navigation « le navigateur ». Nous y avons acheté des filtres, une extension d'antenne etc.

 

 

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  "RIMOUSKI (Bas Saint-Laurent). Construite sur les bords du Saint-Laurent, la ville industrielle s'est développée en hémicycle à l'embouchure de la rivière Rimouski. La région était autrefois une vaste forêt qui servait de territoire de chasse aux Micmacs. Ce territoire fut concédé en 1688 et en 1694, il fut acquis par René Lepage, négociant français, qui vint s'établir dans la seigneurie deux ans plus tard."Rimouski" est un mot micmac qui signifie "la terre de l'orignal" . Voir "HISTOIRE DE RIMOUSKI par le nom de ses rues" de Richard SAINDON ".


A 13h nos amis, Thérèse (correspondante de la mère d'Anne-Marie depuis près de 30 ans) et son mari Fernand, sont venus nous chercher.

Arrivés à leur domicile nous avons trouvé une table bien mise pour le repas. Au centre se trouvait un gâteau de bienvenue sur lequel nous pouvions lire l'inscription "Bonne anniversaire de mariage Anne-Marie et Claude". Cela nous a beaucoup émus. Avant de nous installer à table, à notre tour nous avons offert des petites pâtisseries de conception artisanale qui provenait de notre l'archipel. Dehors il pleuvait des cordes ce qui rendait l'ambiance intérieure encore plus confortable. Cela changeait de l'espace réduit du "Wickie". Nous avons passé l'après-midi avec Thérèse et Fernand à parler de Saint-Pierre, de la famille mais aussi du voyage que nous entreprenions. Nous sommes restés jusqu'au souper et une fois le repas terminé, nos amis sont venus nous conduire au bateau vers 21 heures. Nous nous sommes couchés car nous ressentions le contre coup de la nuit précédente au mouillage qui avait été fatigante. Samedi 21 août : Temps ensoleillé, vent d'Ouest 20 nœuds. Température matinale : 15°. Après le petit-déjeuner j'ai fait le nettoyage du bateau. A l'entrée de la marina il y avait de l'animation. Beaucoup de gens s'étaient regroupés autour d'un stand de vente de matériel et d'ouvrages de navigation. Nous y sommes allés par curiosité et pour côtoyer les marins plaisanciers présents. La première personne rencontrée n'était pas un marin mais un pilote d'hélicoptère de Chicoutimi. Il se trouvait à Rimouski pour une démonstration de vol. Entre les uns et les autres nous avons échangé des conversations ayant trait à la navigation et des attraits touristiques de différentes régions. Claude, le pilote, nous a surtout vanté les atouts de la région Chicoutimi-Lac St-Jean. Il nous a conseillé de nous arrêter à TADOUSSAC pour en faire la visite. Après le dîner, Fernand et Thérèse sont venus nous prendre pour passer le reste de la journée avec eux.
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Ainsi nous avons visité un peu les environs et nous avons soupé chez eux. Nous avons évoqué 1972, cette année où Thérèse et la mère d'Anne-Marie se sont rencontrées pour la première fois. Ma belle-mère avait débuté cette correspondance en 1969. Thérèse avait écrit à la mairie pour rechercher une correspondante à Saint-Pierre. Comme j'y travaillais et sachant que ma belle-mère correspondait beaucoup, je lui avais remis ce courrier. Depuis une fidèle correspondance s'était établie. Thérèse est une belle femme blonde aux traits fins ; quelques jolies rides se forment sur son visage. Très coquette Thérèse a conservé une allure alerte et dynamique. Passionnée d'histoire et de géographie, elle adore aussi les langues. Septuagénaire elle s'adonne encore à l'apprentissage de l'espagnol. Thérèse ne néglige pas sa culture et soigne son aspect physique. Elle pratique le golf en compagnie de son cher mari. Elle a une belle écriture et rédige ses lettres d'un style jovial, agréable à lire. Elle est généreuse; j'adore cette femme. Fernand, son mari, est un homme grand, élégant, à la retraite du service judiciaire depuis une dizaine d'années. Il est plus fragile que sa femme à cause d'une maladie cardiaque qui l'affecte énormément. Il est obligé de suivre un régime alimentaire draconien. Un peu adossé, l'air fatigué, Fernand tente, malgré tout, de suivre le rythme de Thérèse. Ce n'est pas le genre au sourire permanent mais il est très affable. Nous l'aimons et nous l'appelons "tonton Fernand". Sa maladie donne du souci à Thérèse qui l'encadre avec beaucoup d'amour et de tendresse. Thérèse et Fernand nous ont amenés chez leur fils Richard, ce fils qui avait 12 ans lorsqu'il est venu à Saint-Pierre. Il était déjà ouvert et avant-gardiste. Je me souviens : il m'avait offert un livre qui comptait parmi ses lectures préférées. Il s'agissait " des soucoupes volantes". Je comprenais facilement qu'il se soit orienté dans le milieu journalistique (il est journaliste à Radio Canada). Richard est marié à Sylvie qui travaille dans le même domaine que lui et ils ont un petit garçon Etienne âgé de 3 ans1/2. Richard et Sylvie sont des gens sympathiques et serviables. Etienne, petit garçon adorable, parle correctement ce qui le rend très intéressant. Il nous a fait une démonstration de ses capacités de mémorisation en nous nommant un par un ses animaux historiques de collection (dinosaures etc.). Des animaux qui font l'admiration de tous les enfants en ce moment. Ce petit garçon fait preuve d'un excellent potentiel. Les parents de Sylvie sont propriétaires de terrains de golf. Agriculteurs, ils se sont reconvertis dans le loisir en aménageant leurs terrains. Ils y ont créé des aires d'apprentissage et de pratique du golf, sport devenu très populaire dans la région. Sylvie et Richard nous ont sortis pour une visite guidée à la campagne. Ils nous ont amenés dans une maison de leur oncle : une villa d'une structure ronde. C'était un ancien phare. Elle se situe sur le bord du fleuve St-Laurent, à un endroit bien abrité et où il est possible de profiter également d'une petite plage. L'oncle qui y habite a décoré modestement son intérieur avec aux murs certaines de ses propres peintures. Il fréquente l'endroit, durant son temps libre, pour admirer les paysages et peindre. Après avoir quitté l'oncle nous sommes allés aux terrains de golf. Arrivés au bureau central, où se trouvaient un petit commerce de matériel et le service administratif, nous avons pu observer le site sur plans. Les propriétaires qui sont les parents de Sylvie ont pris le temps de nous expliquer l'évolution du projet. Ils avaient transformé leurs pâturages en terrains de golf à la suite des difficultés d'exploitation due à la crise dans l'agriculture. Cette reconversion leur avait permis de trouver une activité nouvelle qui se révélait rentable. Le golf était devenu si populaire qu'ils ont eu l'agréable surprise de profiter de son impact économique et social. Pierre, le frère de Sylvie qui s'était joint à nous, nous a annoncé qu'en plus de la gérance des terrains de golf il gérait aussi un Bowling en ville. Il nous a conviés à venir le visiter le lendemain matin. Nous nous sommes séparés après avoir dégusté une bonne bière ensemble. A 18h30 nous avons mangé chez Thérèse et Fernand où nous avons pu suivre un match de Hockey à la télévision. A la fin du match, ils nous ont ramenés au "Wickie". En nous rendant au bateau nous avons croisé un couple qui semblait s'intéresser au bateau. Ils nous ont abordés en se présentant et en nous démontrant un intérêt au sujet du voyage. Nous les avons donc invités à monter à bord. Nous nous sommes mis à discuter à bâtons rompus sur le voyage. Hermel et Louise nous paraissaient très curieux jusqu'à ce qu'ils nous annoncent qu'eux-mêmes avaient un bateau du même type que le nôtre. Ils venaient de l'acheter à un bon prix auprès d'une société d'assurance. Hermel a entrepris sa restauration car il était en mauvais état. Leur but était de réaliser un long voyage dans un proche avenir. Nous avons ainsi, mieux compris leur grande curiosité. A 1 heure du matin ils nous ont quittés et nous ont invités pour le lendemain à leur domicile. Lorsqu'ils nous ont donné leur adresse nous avons constaté qu'ils habitaient près de chez Thérèse et Fernand.
Dimanche 22 août : Temps ensoleillé, vent d'ouest 15 nœuds. Messe à 9H45 et ensuite repas chez Thérèse et Fernand. A 13H30 nous nous rendons chez Louise et Hermel. Nous avons trouvé Hermel au travail sur son bateau. C'était un beau bateau de marque "bayliner" de 30 pieds en fibre de verre mais qui avait beaucoup souffert. Bien du travail restait à faire avant qu'il ne soit en état de naviguer. Enfin, Hermel semblait courageux et décidé à faire ce travail sans relâche, pendant son temps libre. Après cette visite nous sommes allés faire du shopping. A 16H30 Richard, Sylvie et Etienne sont venus sur le "Wickie". En embarquant ils nous ont fait des compliments sur le bateau.
EtienneSaindon-4-ans--fils-de-Richard--- Etienne, leur fils s'est bien vite installé à la barre. Et pour qu'il ait la réelle impression de conduire j'ai mis les moteurs en marche. Heureux, Etienne s'y croyait vraiment. Ses parents ont pris une photo souvenir. Lorsqu'ils nous ont quittés nous sommes sortis en mer pour une petite balade d'une demi-heure avec Thérèse et Fernand. Cela leur a plu d'autant que nous avons pu faire le tour d'un navire militaire (dernier croiseur canadien sorti des chantiers et en période d'essai) à l'ancre à l'entrée du port.
Avec-la-famille-Saindon---Rimouski.jpgA 18 heures nous avons mangé au restaurant "Le riverain", invité par Richard. Après un succulent repas partagé avec la famille de Richard, celui-ci nous a amenés à la station de radio, son lieu de travail. Il nous a guidés. La visite terminée il nous a proposé de prendre un digestif chez lui et c'est à 22 heures 30 que Thérèse et Fernand nous ont ramenés au bateau. Cette journée a été d'autant plus belle que toute la famille de Saint-Pierre et Miquelon nous avait joint par téléphone. Lundi 23 août : Vent Sud-Ouest fort (35 nds), température fraîche mais temps ensoleillé. Mer agitée. 7H00 - petit déjeuner et ensuite préparation du bateau pour le départ. Visite des moteurs et contrôles de routine ; puis traçage de la route sur la carte et enregistrement des coordonnées géographiques dans le G.P.S. 9H nous avons fait connaissance d'un propriétaire de bateau qui avait effectué, à partir de Rimouski, le voyage que nous entreprenions .Nous avons pris un café ensemble et il nous a décrit le parcours du voyage qu'il avait effectué jusqu'en Floride en passant par la rivière Richelieu et le Lac Champlain. Il nous a donné des conseils sur des zones de mouillage aux environ du port de New York et sur quelques voies navigables de Floride en particulier pour la traversée de la péninsule, d'ouest en Est, en passant par le lac OKEECHOBEE. J'ai pris des notes et je l'ai remercié. Nous l'avons quitté pour prendre du fuel. Les réservoirs remplis je me suis mis à nettoyer les filtres. Thérèse et Fernand se trouvaient sur le quai pour notre départ. Ils étaient montés à bord pour nous remettre un petit cadeau et pour nous souhaiter un bon voyage en nous démontrant beaucoup d'affection.
Fernand-et-Th-r-se-au-d-part-de-Rimouski13H45 nous avons quitté la marina de Rimouski pour les Escoumins. Thérèse et Fernand, le mouchoir à la main, pleuraient. Nous étions également très émus mais malgré tout réconfortés du fait que nous avions décidé de rester en contact téléphonique durant le voyage. Nous avons quitté le Bas-Saint-Laurent.


Voici quelques éléments historiques sur LA GASPESIE ET LE BAS-SAINT-LAURENT.LA GASPESIE : La Gaspésie appartient à la formation rocheuse des Appalaches, vieille de 600 millions d'années. Les premiers blancs à fréquenter cette région de la côte est atlantique furent les Vikings aux alentours de l'an mil de notre ère. Plus tard, vinrent des pêcheurs basques, normands et bretons qui fréquentaient déjà les bancs de Terre Neuve. En 1534, Jacques Cartier, venu de Saint-Malo en Bretagne, explore la "Baye de Chaleur" et jette l'ancre, le 16 juillet à "Hunguedo"(Gaspé). Il y érigera, en présence de quelques trois cents Amérindiens, une grande croix marquant la prise de possession de ce territoire au nom du Roi de France. En 1603, Samuel de Champlain parcourt la péninsule de Gaspé qu'il appelle alors "Gachepe", nom dérivé de "Gespeg" qui signifie "fin des terres" dans la langue Micmacs. Progressivement, des pêcheurs français pour la plupart, établirent des postes, tels Pabos et Barachois. Bientôt, deux seigneuries furent concédées, Pabos et Grande-Rivière, qui compteront quatre-vingts maisons et deux cents âmes vers 1730. Mais, en 1758, les flottes militaires anglaises anéantirent tout, de Pabos à Gaspé et de Forillon à Matane, refoulant les habitants dans les bois. Cependant, les survivants revinrent et rebâtirent les postes. Plusieurs familles acadiennes vinrent ensuite s'établir parmi eux sur les terrasses fertiles de Carleton et Bonaventure. Puis, ce furent les Loyalistes américains que la Couronne installa à grands frais à New Richmond, New Carlisle, Port Daniel et Douglaston. On vit plus tard arriver d'anciens militaires écossais, des commerçants jersiais et, pour compléter cette mosaïque de langues et de cultures, des naufragés irlandais. L'économie de la région repose alors sur l'exploitation systématique de la mer où prolifèrent : hareng, capelan, maquereau, morue, saumon, homard et thon. Pendant longtemps, le bateau sera le seul moyen de communication entre les villages côtiers et le monde extérieur. Les premières routes, dont le "Chemin de Matane" reliant Matane à Saint-Anne-des-Monts, firent leur apparition en 1858. Il fallut attendre 1876 pour que le chemin de fer se rende à Matapédia et 1916 pour qu'il atteigne Gaspé. Ces améliorations favorisèrent l'exploitation forestière et l'établissement d'industries papetières à Chandler et à New Richmond et provoquèrent une saignée des populations ouvrières qui voulurent trouver ailleurs leur gagne-pain. En revanche, le climat marin et le paysage unique de la Gaspésie devinrent accessibles au tourisme. L'achèvement en 1929 du boulevard Perron qui contourne la péninsule, fît naître une véritable institution : le "Tour de la Gaspésie", qui jusqu'à aujourd'hui n'a rien perdu de son pittoresque et de sa saveur. LE BAS-SAINT-LAURENT : En remontant le fleuve, on accède à une région tout aussi attrayante et riche d'histoire que la Gaspésie; il s'agit du Bas-Saint-Laurent. Il se trouve là des manoirs seigneuriaux, à Rivière-Ouelle, à Kamouraska ou à Rivière-du-Loup, qui sont des localités tricentenaires dont les vieilles maisons parlent encore de la Nouvelle France. Le fleuve a toujours été la principale ressource du Bas-Saint-Laurent. Avant même la venue des Blancs, les Amérindiens installaient leurs campements d'été près de Cacouna, attirés par l'abondance du poisson et du petit gibier. Aussi, très tôt, les colons s'intéressèrent-ils aux ressources naturelles de la région. Rivière-Ouelle, par exemple, fut pendant plus de deux siècles, le haut lieu de la chasse au marsouin, appelée "Grande pêche" pour la distinguer sans doute de la pêche aux "petits poissons" : saumon, esturgeon, éperlan, sardine, loche. On cessa en 1935 de poursuivre les "vaches marines" à cause de la rareté de l'espèce. Il en fut de même pour le saumon, alors les habitants se mirent à pêcher l'anguille. Cette activité donna de bons rendements surtout entre 1950 et 1970. Il est par ailleurs reconnu que les gens d'ici ont toujours su se distinguer par leur esprit novateur qui se traduit à travers maintes réalisations dont le J.A.L.* est peut-être le plus bel exemple.


1/4 d'heure après notre départ de Rimouski nous étions dans la passe du BIC et la mer était assez forte. Nous affrontions de grosses lames de temps à autre. Nous tanguions sérieusement et les lames s'écrasaient sur l'étrave qui refoulait de grosses gerbes d'eau. Les creux s'intensifiaient. Le toit étant légèrement ouvert, je décidai de le fermer. A cet instant et malgré que j'avais ralenti, une mauvaise lame a frappé le bateau et nous a projetés un paquet de mer sur le toit. C'était la douche fraîche pour tous les deux; heureusement que le toit n'était qu'entr'ouvert. Il n' y avait de l'eau que sur le tableau de bord et dans la cuisine; ce n'était rien d'inquiétant. De plus en plus bousculés, nous avons poursuivi notre route. Nous ne faisions plus que 5 à 6 nœuds quand tout-à-coup, après un sérieux saut sur la lame, nous entendîmes un bruit de débris qui tombaient. Je constatai qu'il s'agissait du support de l'essuie-glace qui s'était brisé. J'ai immédiatement fermé l'interrupteur. Heureusement, malgré cet incident, je pouvais continuer la navigation au radar. Au fur et à mesure qu'on avançait la mer semblait se calmer mais nous étions toujours bien arrosés ce qui réduisait la visibilité. Anne-Marie supportait bien la situation malgré que bien des affaires se trouvaient bringuebalant dans le bateau. Cela a duré environ quarante minutes. Elles nous ont paru longues. Cette petite confrontation passée, j'ai pu accélérer les moteurs. Nous reprenions ainsi notre vitesse de croisière, 11,5 nœuds. Le reste de la traversée a été plus confortable et c'est à 18H15 que nous sommes arrivés aux Escoumins. Elver, le grand gaillard danois rencontré à Port-aux-Basques, se trouvait sur le quai et il nous a indiqué de continuer notre route plus haut vers l'ouest pour atteindre la station de pilotage qui se trouvait à l'Anse aux Basques. Le contrôle du trafic sur le fleuve à partir de cette station s'effectue à l'aide d'un puissant radar français d'une portée de 40 miles nautiques.
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img366.jpg18H35 nous avons accosté à un petit quai, juste derrière les bateaux-pilotes. Elver s'était servi de ses relations pour nous offrir une part de quai; les places étant restreintes. Une fois le "Wickie" bien amarré, Elver et son fils Erik nous ont accueillis et nous ont invités à leur domicile situé à quelques 500 mètres de là. Arrivés chez Elver nous avons découvert sa belle propriété. Une grande maison élevée sur deux étages avec atelier attenant, le tout parallèle à la route. Au dessus de l'atelier se trouvait une véranda avec une porte-fenêtre donnant dans la salle à manger, avec vue sur le fleuve. Lorsque nous sommes rentrés dans la maison, accompagnés d'Elver, nous avons été reçus par Reine Marguerite, son épouse et par Kathleen, pensionnaire et amie de la famille. Pendant que les femmes sympathisaient, Elver et Eric m'ont offert l'apéritif et nous nous nous sommes mis à discuter à bâton rompu du voyage depuis Port-aux-Basques. Ils m'ont appris qu'ils avaient fait route directe sur Matane mais avec beaucoup de problèmes mécaniques. Ensuite, Anne-Marie s'était jointe à nous et nous avons abordé l'arrivée de Elver, danois d'origine, sur le territoire canadien. A notre question "comment es-tu arrivé ici Elver" il nous a répondu -"à la nage"-. Nous aurions pu croire à une plaisanterie mais cela n'en était pas une. Elver naviguait sur un navire cargo-mixte danois qui transportait du bétail. Le 13 novembre 1968 alors qu'il se rendait à Québec le cargo a touché des récifs sur la rive nord, près des Escoumins. La coque a été déchirée et les voies d'eau, abondantes ont déstabilisé le bateau. Il s'est d'abord couché sur le côté et a fini par sombrer. Le cargo transportait 400 bêtes (des vaches) qui périrent toutes dans les cales. L'équipage, dont Elver, a survécu en ralliant la côte à la nage. Tous d'origine danoise, ces valeureux marins sont repartis dans leur pays à l'exception d' Elver qui avait connu pendant le séjour une jeune et belle québécoise : Reine-Marguerite. Ils se sont mariés l'année suivante. Ils ont eu deux enfants : Erik et Christian qui ont maintenant 20 et 22 ans .Elver nous a montré les photos du cargo. Il était de construction récente et d'une capacité de 10 000 tonnes. Elver se souvenait qu'ils effectuaient parfois, en plus du transport de fret, celui de passagers surtout dans sa région. Ce sympathique danois-canadien nous a révélé, par son visage marqué par l'effort et son regard vif et doux, sa vaillance et sa bonté. C'est un grand bonhomme (1,90m), solide, mais qui semble usé. Il nous a évoqué son cheminement dans le monde du travail. Mécanicien, tourneur, électricien il sait tout faire puisqu'il a également construit sa maison. Il a cependant connu ses plus grosses difficultés lorsqu'il a créé sa propre entreprise de transporteur routier et de réparations mécaniques automobiles dans les années 80. Il a fait faillite et il a du s'accrocher pour redresser la situation. Il s'était mis à travailler à son propre compte une seconde fois mais dans le domaine dépannage en tous genres et dans la vente de pièces détachées. C'est ce qu'il fait encore aujourd'hui.
Elver-et-sa-femme-Reine-Marguerite-LarssPour nous distraire un peu, Elver s'est absenté un petit moment pour revenir coiffé de son casque "Viking". Éclat de rire général dans le salon à la grande joie d'Elver qui nous a remémoré ce qu'il nous avait dit à Port-aux-Basques à savoir : "nous irons voir ensemble les "sauvages" (en parlant des indiens) et je leur dirai, avec ma tête à cornes, que nous étions les premiers conquérants de ce territoire". Il nous a expliqué qu'il n'y avait là, rien de péjoratif. C'était sa manière de communiquer avec les autochtones qui ne s'en offusquaient pas.

 Nous avons poursuivi la discussion à table autour d'un bon repas (soupe de fruits de mer et steak sur poêle) préparé par Reine-Marguerite assisté d'Elver qui s'est bien impliqué dans le service et la cuisine. Pendant ce temps Erik nous parlait de son engagement dans le milieu maritime. Il a effectué plusieurs stages sur différentes flottes depuis qu'il a terminé ses études en mécanique diesel. Au cours de cette discussion il nous a appris qu'il venait d'être engagé pour quelques mois sur un cargo canadien qui prenait actuellement un chargement au Brésil. Il devait, le lendemain, regagner Montréal pour prendre l'avion qui l'amènerait à Rio de Janeiro, port où s'effectuerait son embarquement. Son père devait donc le conduire à 8 heures à l'aéroport de Mirabel à Montréal. Comme cela représentait 8 à 9 heures de route pour l'aller-retour, Elver ne pourrait donc pas s'occuper de nous, comme prévu et il s'en excusa. Nous avions prévu quitter les Escoumins dans la journée du 25, mais en raison de ce changement de programme, Elver nous a demandé de prolonger notre arrêt d'une journée. Nous avons accepté avec plaisir. Le repas terminé, Elver nous a ramenés au "Wickie"; il était 23H50, l'heure de se coucher.

Mardi 24 août : vent sud-ouest 10-15 nds, temps nuageux et orageux. Averses de pluie. J'ai complété le livre de bord et l'agenda puis j'ai écrit des cartes postales. Après le repas nous sommes allés chez Elver, invités la veille par Reine qui désirait nous faire visiter le village des Escoumins. Avant de nous conduire au commerce faire nos achats, Reine est passée par la réserve indienne "d'Issipit" qui jouxte le village. Nous avons ainsi pu constater qu'il s'agissait en réalité d'une petite commune aux maisons superbes. Vers 17H00 Reine nous ramène au bateau et nous l'invitons à prendre une tasse de thé. Après son départ je me suis mis à effectuer quelques réparations (rétablissement de l'éclairage de la salle de bain, enlèvement de l'essuie-glace cassé, fixation et branchement du Loch).La journée s'est achevée par une partie de scrabble. Mercredi 25 août: Temps superbe, ensoleillé, température maxi. 25°.Après le petit déjeuner, je suis allé chez Elver avec mon support d'essuie-glace en aluminium pour le faire souder par un de ses amis.

Vers 18H Elver appelle son ami soudeur et il apprend que la réparation n'était pas terminée. Un peu plus tard nous nous sommes installés sur la terrasse où nous avons savouré un apéritif spectacle. Nous pouvions observer le passage d'énormes cargos qui s'approchaient très près de la côte pour prendre le pilote ; ce regard sur le fleuve permettait à Elver d'avoir connaissance d'une grande partie du trafic. D'ailleurs et depuis son déménagement (en 1985), il possède un poste de radio VHF qui est ouvert en permanence dans l'atelier. Par nostalgie me dit-il, j'aime avoir ce contact qui me laisse toujours l'impression d'être sur un bateau. De plus, poursuit-il, cela me permet, parfois, d'intervenir pour réparer diverses avaries sur des navires en attente du pilote. A l'anse-aux-Basques il existe un centre de surveillance radar qui opère avec un énorme radar de fabrication française et qui couvre un rayon de 32 miles. Toujours sur la terrasse et pour nous combler de joie (nous sommes également ici dans la zone d'observation des baleines) nous apercevions de grandes gerbes d'eau qui s'échappaient du fleuve, donnant, par moment, avec la poussée du vent, des images de voiles blanches. Beaucoup de petites embarcations style "Zodiac" avec 4 ou 5 personnes à leurs bords s'attroupaient autour de ces jets d'eau. Ces gens étaient là, en fait, pour observer ces énormes cétacés qui font la réputation touristique de la région. Les baleines et les bélugas attirent de nombreux touristes tant d'Amérique que d'Europe. Des petites compagnies privées se sont spécialisées dans les tours-opérateurs ayant pour thème l'observation des baleines. La plus grosse de ces entreprises, nous dit Elver, se trouve à TADOUSSAC et il s'agit de celle des "DUFOUR".Nous avions apprécié cet agréable moment en raison de la bonne température et du temps calme. Avant de manger nous sommes allés récupérer l'essuie-glace. Au retour nous nous sommes mis à table pour savourer les T-bone steak qu'Elver avait cuit sur le barbecue pendant que nous prenions l'apéritif. Alors que nous retournions au bateau Elver se décidait, parce qu'il nous l'avait promis, de nous emmener dans le village indien ISSIPIT. Par contre, il s'est excusé de ne pas se coiffer du casque Viking comme promis à Port-aux-Basques. Cependant il nous garantissait de l'étonnement à la découverte du bar du village. Et c'est ce qui se produisit lorsque nous sommes arrivés devant un complexe, bar, discothèque, piscine et salle de sport. C'était donc ici le centre de loisirs des autochtones.
Nous avons quitté l'Anse aux Basques pour TADOUSSAC, le lendemain vers 13 heures. Il faisait très beau et nous naviguions à une vitesse de  7nds pour apprécier la balade. A quelques miles de TADOUSSAC nous nous sommes approchés des bateaux de croisières "DUFOUR"et des petites embarcations qui tournoyaient cherchant à repérer les baleines. Le vent et le remous des bateaux formaient un clapotis sur la houle qui ballottait le "Wickie". Cela rendait difficile nos tentatives de prises de vues avec la caméra. Les baleines, un peu effrayées peut-être, étaient difficiles à situer et pour cette raison nous avons quitté les lieux pour nous rendre à TADOUSSAC. A l'entrée de ce petit port et sur un rocher dangereux une grosse tour a été érigée ; il s'agit du "Haut fond Prince".L'anse du village se caractérise d'une dune de sable blond fin.
h-tel-de-Tadoussac.jpgAu fond et sur la gauche du chenal on distingue aisément le grand hôtel DUFOUR au toit rouge. Le port se trouve encaissé à l'intérieur d'une anse le séparant de l'embouchure de la baie du Saguenay. A l'entrée de TADOUSSAC nous découvrons une plage qui s'étend sur plusieurs kilomètres au bord de la côte face au port. L'aspect de la côte Nord, lorsque nous arrivons à la seconde bouée représente des voiles de sable. Nous sommes arrivés à 17H00 dans cette jolie petite marina pouvant accueillir une cinquantaine d'embarcations.
La-Marie-Clarisse-go-lette-du-patrimoineAu quai public se trouve une ancienne goélette du nom de "Mary Clarisse". Elle navigue toujours mais uniquement pour effectuer des croisières dans la baie du Saguenay. Nous avons appris qu'elle avait été classée monument historique par le gouvernement canadien et qu'elle était gérée par les "DUFOUR". Il y avait également deux bateaux à passagers où il était inscrit sur la coque "croisières DUFOUR", bateaux servant surtout en ce moment à l'observation des baleines.

Cette construction en bois est le musée des indiens. 

la-maison-du-trappeur---Tadoussac.jpg"TADOUSSAC: TADOUSSAC occupe un superbe site de dunes et de falaises, sur la rive nord du Saint-Laurent, à l'embouchure du Saguenay. Son nom vient du Montagnais tatou ska (monticules) qui évoque les deux collines du secteur ouest du village. Bien avant que Jacques Cartier n'y jette l'ancre, en 1535, l'endroit était déjà un lieu d'échanges. En 1660, Pierre Chauvin érigea à cet endroit le premier poste de traite de fourrures du Canada. Peu après, les Jésuites y établirent une mission. En 1603, dès son premier voyage, Samuel de Champlain s'arrêta à TADOUSSAC et l'endroit devint un port de relâche fréquenté par tous les vaisseaux venus d'outre-Atlantique. Pris en 1628 par les frères Kirke, aventuriers britanniques, TADOUSSAC retourna bientôt aux mains des Français et fut un comptoir de fourrures jusqu'en 1839.La construction du moulin à scie au milieu du 19e siècle favorisa ensuite l'établissement de la première population permanente. L'avènement du bateau à vapeur en 1853 se révéla à son tour avantageux sur le plan touristique et la jolie ville ne cesse d'attirer les touristes. Ils viennent de plus en plus nombreux pour admirer les baleines qui, chaque année, fréquentent pendant quelques mois les eaux riches en plancton de l'embouchure du Saguenay. "



Nous sommes sortis du bateau pour aller visiter cette petite commune touristique où l'on a découvert de nombreux commerces d'artisanat divers et en particulier indien. Elver, qui apparemment a apprécié notre compagnie, est revenu nous voir après le souper. Il faut dire que TADOUSSAC n'était qu'à vingt minutes en voiture de l'Anse-aux-Basques. Il nous a quittés vers 22H30, satisfait d'avoir à nouveau discuté un moment avec nous.

Vendredi 27 août,: Temps superbe ensoleillé, vent faible températures : 20-28° . Après le petit déjeuner, j'ai entrepris quelques menus travaux et ensuite nous avons quitté TADOUSSAC pour le fjord du Saguenay.

Dans-le-fjord-du-Saguenay.jpgBelle balade en passant par le quai du Sacré cœur et l'anse de St-Jean où nous nous sommes arrêtés pour manger. Nous avons profité pour acheter du pain local. Nous avons ensuite poursuivi notre route jusqu'à la Pointe Trinité, là où se trouve Notre Dame du Saguenay.





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"Cap Trinité - A 11 km de Rivière Éternité. Le cap Trinité, dont la hauteur atteint 518 m, doit son nom aux trois corniches qui le composent. Il se distingue par l'impressionnante statue de la Vierge, perchée au sommet de la première corniche, à environ 180 m au dessus des eaux noires du Saguenay. La statue est connue sous le nom de Notre Dame du Saguenay. Elle fut sculptée en 1881 par Louis Jobin à la demande d'un homme d'affaires, Charles Napoléon Robitaille, qui avait promis à la Vierge de lui rendre honneur, car il avait échappé par deux fois à la mort. Jobin sculpta cette statue, de plus de 8m de haut, à partir de trois énormes blocs de pin qu'il couvrit ensuite d'un revêtement de plomb. L'installation de ces 3 175 kgs de bois et de métal ne fut pas une épreuve facile. Après de nombreuses tentatives elle fut démontée et acheminée en morceaux jusqu'en haut de la corniche.  

 

Après l'observation de Notre Dame du Saguenay nous avons fait demi tour pour rejoindre TADOUSSAC. Le vent s'était renforci mais rien d'inquiétant, sauf en ce qui concerne la réserve de fuel qui était limite. J'ai dû ainsi ralentir pour modifier l'assiette du bateau et tenir les réservoirs à l'horizontal afin d'arriver jusqu'à bon port.17H30 nous avons fait le plein de fuel. Nous avons ensuite mangé et écrit des cartes postales. Le lendemain nous avons fait une tentative de départ mais à 6 miles de TADOUSSAC nous avons dû rebrousser chemin à cause de la grosse mer. Annoncée la veille, la dépression passait sur la région et agitait le fleuve déjà perturbé par le courant. Les lames venaient dans tous les sens, c'était impressionnant. Dimanche 29 août Vent N.O. 15-20 nds, Température 18°. 9H30 : nous avons appelé Nathalie pour donner de nos nouvelles avant de quitter TADOUSSAC. La météo était bonne, le fleuve s'était bien apaisé donc de bonnes conditions pour partir. Vers 16 heures nous passions l'Ile-aux-Coudres. 1/2 heure plus tard, avec le vent et le courant le fleuve a été plus agité et jusqu'à St-François (Île d'Orléans) la traversée a été pénible. En plus des problèmes de courant et de vent nous avons subi également les vagues du sillage de gros navires tels que pétroliers et paquebots qui naviguaient sur le fleuve. Durant ce parcours nous étions véritablement dans une "cocotte minute en ébullition"; c'était vraiment inconfortable. Cela s'est poursuivi jusqu'à 20H00, heure où nous sommes arrivés au quai de St-François à l'Ile d'Orléans. Dans le bateau tout était sans dessus dessous.20H30, la nuit tombait et nous étions toujours sur le fleuve car il était impossible de rester au quai de St-François, la seule partie libre étant trop exposée sur la voie navigable. On risquait d'abîmer le bateau contre le quai . Nous avions la possibilité de rentrer à la Marina de St-Michel mais il était noté sur les instructions nautiques que l'accès y était dangereux à mer basse et nous étions justement à mer basse et de surcroît la nuit. J'ai donc décidé de poursuivre la route. Anne-Marie commençait à s'énerver, la fatigue aidant. Nous ne connaissions pas cette région alors la tension montait à bord. Cependant j'ai poursuivi la route à petite vitesse en me repérant comme il se doit au balisage. Comme nous n'étions pas prévus aller si loin il m'a fallu lire les instructions nautiques et consulter la carte sur une table trop petite dans cette circonstance particulière. Anne-Marie contrariée et pas rassurée, ne voulait pas prendre la barre. Cela rendait ma tâche plus difficile. Cependant et malgré le mauvais éclairage j'ai réussi à noter les coordonnées géographiques du bassin Louise, marina située en plein Vieux Québec. Je les ai enregistrées sur le GPS. Il y avait de la circulation sur le fleuve . Ainsi je continuais à guider "Wickie", qui se chargeait de stress et d'anxiété, vers la première grande ville de notre voyage. L'atmosphère s'était un peu plus alourdie lorsque qu'Anne-Marie a appris en même temps que moi à la VHF qu'il y avait une écluse à passer pour entrer dans le bassin Louise.
22H35 - J'avertissais l'opérateur de l'écluse que nous arrivions. A l'entrée nous avons trouvé les portes ouvertes; l'écluse était prête à nous accueillir. Lorsque nous avons aperçu les pontons flottants, cela nous a rassurés pour l'opération d'éclusage. Nous n'avons eu qu'à attacher le bateau au ponton qui coulissait, lors du sassement, le long du mur latéral sur de grosses poutres en métal. Un bateau à passagers "St-Maxime" se trouvait au quai juste à l'entrée de l'écluse. On s'était dit " tiens! Maxime nous suit encore..." 22H50 : Arrivée à la marina de Québec. J'étais fatigué, Anne-Marie épuisée. Heureusement nous avons été bien accueillis. Les formalités administratives effectuées et la place à quai désignée, nous nous sommes tout de suite installés et sans plus attendre nous avons plongé dans la couchette.

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Lundi 30 août: Temps ensoleillé, vent ouest 10 nds. Température 23° maximale .Au petit déjeuner nous avons discuté de la journée de la veille et de notre entrée à Québec. Préoccupés par la navigation et surtout trop fatigués nous n'avons pas pu apprécier comme il se doit le spectacle qui s'offrait à nous. Vu du fleuve la nuit, le panorama est grandiose en particulier grâce au Château Frontenac qui, illuminé met en valeur son toit vert dans la confusion des lumières scintillantes qui l'entourent.
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Nous constatons que nos soucis n'avaient pas annihilé ce décor.

Ensuite nous nous sommes mis au nettoyage du bateau. Anne-Marie faisait l'intérieur, moi l'extérieur. L'après-midi, nous avons appelé Eric J., le jeune homme rencontré à Port-aux-Basques avant de partir visiter la ville de Québec à pieds. Visite passionnante malgré qu'il s'agisse d'un retour après vingt ans. Notre petite révolte de la veille nous a inspirés pour prendre un rafraîchissant au restaurant "La Bastille".Il y faisait bon. Au retour, sur la place du Marché, située près de la marina, nous avons acheté notre pain. Après une petite collation nous sommes partis nous détendre dans la piscine de la marina. Vive les vacances! En fin de journée Eric J. nous a rendu visite avec son copain Sylvain. Ceux-ci nous ont entraînés dans la ville. Au cours de la visite nous avons mangé sur la Grande Allée au restaurant " le petit coin breton" spécialité, devinez ? ........crêpes, bien sûr. Ensuite et pour la digestion ce fut la bonne marche toujours sur la Grande Allée. Eric nous guidait et nous a amenés devant les monuments historiques de la ville :- l'Hôtel du Parlement : le plan de l'édifice fut confié en 1875 à Eugène-Ètienne Taché. Le bâtiment forme un quadrilatère autour d'une cour intérieure. La façade présente un tableau historique avec les grandes figures de l'histoire nationale. Le restaurant parlementaire de style Beaux-Arts (1917) est une somptueuse salle à manger ouverte au public.- Le manège militaire de style Château, - la Chapelle du Bon Pasteur, construite en 1866 par Charles Baillairgé.

La soirée partagée avec ces deux jeunes gens a été agréable. Eric était fier de ce rendez-vous puisqu'il répondait à l'accueil que nous lui avions réservé à Port-aux-Basques. Il nous a ramenés au bateau vers minuit.
Mardi 31 août : Temps couvert, orageux, averses de pluie. Nous avons appelé St-Pierre pour souhaiter un joyeux anniversaire à grand-mère qui avait fêté ses 82 ans la veille. Ensuite j'ai appelé la marina de Longueuil à Montréal pour réserver une place à quai. Après le repas, vers 14H30 : nous sommes partis avec Eric chercher du matériel pour le bateau dans un commerce d'accastillage. Nous y avons découvert qu'il y avait également un service de réparations en tous genres. J'ai profité de solliciter les services d'un mécanicien pour contrôler un problème d'injecteur sur le moteur gauche. Un rendez-vous a été pris pour le lendemain 9H00.Dans un autre commerce d'accastillage nous avons acheté un chauffage à alcool. De retour au bateau une pluie diluvienne et un violent orage ont occasionné une brutale coupure d'électricité laissant dans le noir tout le centre ville. Au même moment il y a eu des accidents de voitures sur les routes selon radio Québec. Pendant ce temps nous écrivions des cartes postales .19H30 : repas et ensuite partie de scrabble jusqu'à 23H00 heures du coucher.
Mercredi 1er septembre : beau temps, ensoleillé température +20°. Le mécanicien était à bord vers 9 heures. Il a inspecté et jugé qu'il fallait démonter tous les injecteurs du moteur gauche. Au démontage il a constaté une défectuosité au niveau des cylindres de cuivre dans lesquels se glissent les injecteurs et qui les isolent du circuit de liquide de refroidissement. A la suite de ce constat le mécanicien m'a suggéré de remplacer les six injecteurs. Et c'est de là qu'ont commencé nos ennuis car le fournisseur ne possédait pas les pièces de rechange sur place. Une commande a du être faite en Virginie (États Unis). Lorsqu'elle est arrivée une semaine plus tard, il a fallu attendre 5 jours supplémentaires à cause des joints qui avaient été omis dans l'emballage de la commande. Ainsi au lieu des 5 jours prévus à Québec, nous avons été contraints d'y rester 17 . J'en ai profité pour faire quelques travaux sur le bateau (nettoyage, polissage, peinture, installation d'un mât d'antenne pour le GPS, mise en place d'une hampe de pavillon etc. etc.).
Les premiers jours nous avons pu profiter un peu de la piscine de la marina mais les jours suivants le temps, plutôt pluvieux avait modifié les températures. L'attente était devenue un peu plus contraignante. Ce séjour forcé nous aura permis de faire d'agréables rencontres : - Eric J. nous a présenté sa sympathique famille. Nous y sommes allés manger le soir du 1er septembre- Léger et Louise, propriétaires d'un bateau à moteur "le caprice" nous ont invités un soir au restaurant "la ribouldingue" et nous ont offert une bouteille de vin de leur fabrication. Ils nous ont prêté des cartes du fleuve pour la partie "Mille Iles" de la région de l'Ontario jusqu'à Kingston.-
Henri propriétaire d'un petit voilier amarré à la marina nous a fourni un chargeur parce qu'en fin de séjour la charge des batteries s'affaiblissait. Il était impossible de les charger en utilisant les moteurs car le peu de fuel qui sortait de l'échappement polluait le bassin. Quant à mon chargeur il s'alimentait en 220 volts. Henri nous a également proposé une voiture. Nous l'avons utilisée une journée, juste avant le départ. Cette solidarité démontre la générosité des québécois qui ont le sens de l'hospitalité.
Nous avons pu aussi rendre visite à nos cousins qui sont établis au Québec : Jacqueline propriétaire de l'hôtel "Le Château Léry" et Georges, propriétaire de la poissonnerie "chez Jean-Pierre". L'accueil a, effectivement été très familial, ce qui nous a permis de nous rassembler à trois reprises autour d'un copieux souper offert à tour de rôle, en commençant par Georges, ensuite chez nous sur le Wickie et enfin chez Jacqueline, la veille du départ. Nous nous souviendrons de ces agréables moments. La beauté de Québec, toutes ces rencontres en plus de nos communications avec la famille et les amis à St-Pierre, nous ont bien aidés surtout dans les quelques périodes de cafard. Heureusement pour nous, nous étions très bien placés dans le bassin Louise car tout était accessible à faible distance : le Centre commercial, la boulangerie, le téléphone publique, la poste. En réalité nous nous trouvions quasiment en plein centre-ville.
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Diapositive45.jpgDiapositive42.jpgDiapositive50.jpgDiapositive33.jpgLe samedi 4 septembre, nous avons assisté à la célébration d'une messe en hommage à Sœur Dina Bélanger*, déclarée Bienheureuse. Au cours de cette célébration, une peinture illustrant Sœur Bélanger au service des déshérités, a été dévoilée.

 

*SOEUR DINA BELANGER ACCÈDE AU TITRE DE BIENHEUREUSE (TITRE DE L'ALMANACH MODERNE 1994, page 429)le 20 mars 1993 Jean-Paul II a procédé à la béatification de sœur Marie Sainte-Cécile de Rome de la communauté des religieuses Jésus-Marie du Québec. (Dina Bélanger a pris le nom de soeur Marie Sainte-Cécile de Rome lorsqu'elle a été admise dans la communauté des religieuses de Jésus-Marie). Née Dina Bélanger, elle a vécu dans l'ombre ne s'étant fait remarquer par aucune action d'éclat ni aucun geste visible. Et c'est avec réticence et à son corps défendant qu'elle a obéi à l'ordre de sa supérieure qui lui demandait d'écrire son autobiographie dans les dernières semaines de sa vie. Fille d'Octave Bélanger et de Marie-Séraphia Matte, Dina Bélanger est née le 30 avril 1897 dans la paroisse de Saint-Roch de Québec. Après des études primaires et secondaires au couvent Saint-Roch et à l'école Jacques-Cartier, deux institutions tenues par les religieuses de la congrégation de Notre Dame, Dina a poursuivi des études au couvent Bellevue à Québec En 1914, elle demande pour la première fois à ses parents d'entrer au noviciat. En 1916, elle part pour New York pour poursuivre des études en musique au Conservatoire. De retour à Québec, de 21 à 24 ans, elle donne des concerts dont les bénéfices sont versés à des oeuvres de charité. C'est le 11 août 1920 qu'elle est finalement reçue comme postulante au couvent des religieuses de Jésus-Marie à Sillery. Elle prend l'habit le 15 février 1922 et prononce sa profession perpétuelle le 15 août 1928. En septembre 1923, la religieuse est assignée au couvent de Saint-Michel de Bellechasse où elle est professeur de musique. A trois reprises, elle est forcée par la maladie d'interrompre son enseignement. Atteinte de tuberculose, elle meurt à l'âge de 32 ans, le 4 septembre 1929.SUR LA VOIE DE LA SAINTETÉ. EN 1935, à la demande de la supérieure générale des religieuses de Jésus-Marie, le cardinal Villeneuve, archevêque de Québec, a inscrit le procès informatif de Mère Marie Sainte-Cécile de Rome, le premier jalon vers la béatification. Le miracle qui lui est attribué par les autorités ecclésiastiques et qui a servi dans la cause de béatification s'est produit le 4 septembre 1939, dix ans jour pour jour après sa mort.Le miraculé, un Acadien de Lamèque, André Judes Chiasson, a été guéri après une neuvaine de ses parents à Sœur Bélanger. L'enfant souffrait d'hydrocéphalie, une maladie considérée comme mortelle qui est marquée par la présence d'une quantité anormalement élevée d'eau dans le cerveau. L'enfant était alors âgé de six mois lorsque la guérison inattendue s'est produite. C'est le 13 mai 1989 que Sœur Dina Bélanger a été proclamée vénérable à la suite de la publication d'un décret autorisé par le pape Jean-Paul II. Avant d'être déclaré saint, un candidat doit d'abord être déclaré vénérable, puis bienheureux..

 

Nous avons consacré beaucoup de temps aux visites touristiques, Québec et sa région possèdent tant de sites attractifs. La location d'une voiture pour le week-end des 11 et 12 septembre nous a permis de nous balader dans les agglomérations avoisinantes.

Chutes Montmorency  

 Au cours de la balade nous sommes passés par Sainte Anne-de-Beaupré. Après avoir assisté à la messe dominicale en français à la Basilique, nous avons poursuivi la route en direction de l'île d'Orléans en passant par la chute de Montmorency et du Mont Sainte-Anne. Nous avons découvert sur l'île un circuit pittoresque et des beaux panoramas. Sans aucun doute, ce week end a été très intéressant. 


                                                                                                                            Diapositive1-copie-1.jpgDiapositive22.jpgDiapositive12.jpgDiapositive11.jpg



Diapositive25-copie-1.jpgDiapositive28.jpgavec-les-cousins-de-Qu-bec.jpgDans la soirée du 13 Florence, Georges et Jacqueline sont venus manger avec nous à bord du Wickie. Anne-Marie avait concocté un bon repas que nous avons du savourer à l'intérieur à cause de la température.Le 14 nous avons partagé la soirée avec notre ami Henri qui s'était présenté pour nous inviter. mercredi 15 septembre : 9H30 : nous avons pris la voiture d'Henri et nous sommes partis chercher nos visas au consulat des Etats-Unis. Après une longue attente au consulat à cause des formalités administratives, nous avons du retourner au bateau chercher des photos d'identité puis nous procurer des dollars américains pour le paiement. Nos visas dans la poche et sur le chemin du retour, nous avons profité d'aller poster un colis pour notre petit-fils Maxime. Pendant ce temps le mécanicien, tant attendu, était venu pour mettre en place les pièces mécaniques enfin arrivées (14 jours).Un serrage a été nécessaire pour que le travail soit complètement terminé. Imaginez-vous notre joie de voir enfin ce problème résolu! Nous nous sommes rendus chez le fournisseur qui se trouvait à quelques 30 Km de là, pour régler la facture. De retour au bateau nous avons fait le plein de fuel pour le départ.
18H15 : Jacqueline est venue nous chercher pour souper.

 

Avant de partir je suis allé à la marina vérifier le calendrier des marées en vue du départ ; La marée du lendemain matin était montante donc favorable à un courant porteur. Nous avons alors préparé notre départ en nous informant de l'heure de l'ouverture de l'écluse. Le Maître éclusier nous a avisé que nous devions être prêts pour 6H00. Ensuite nous avons réglé la facture de la marina. Le directeur, compte tenu de la contrainte du long séjour, nous a accordé une journée gratuite. Voilà ! Nous étions prêts à quitter Québec. Nous sommes donc partis l'esprit libéré pour passer une bonne soirée chez Jacqueline. Encore une fois nous n'avons pas pu voir Michel son mari, toujours en mer. Par contre nous avons fait connaissance avec l'un de leurs fils Patrick (24 ans), l'autre étant à New York. Georges et Florence étaient venus participer au repas dans cette superbe maison de Michel et Jacqueline.

 

 

 

Prochain épisode :      QUEBEC - MONTREAL - MORRISBURG

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 09:38

 




                    QUEBEC – MORRISBURG

 

Jeudi 16 septembre

6H20 : ouverture de l'écluse. Un Bateau à passagers, rentrait dans le bassin. Eric a lâché les amarres et nous avons quitté le quai pour passer l'écluse. Lorsque nous y sommes rentrés , il nous saluait toujours et devant une aurore magnifique et aveuglante, l'ombre de ce sympathique garçon intégrait le spectacle.

6H30 : Nous avons quitté l'écluse et nous sommes sortis du port pour nous rendre sur le fleuve. Un léger brouillard envahissait sa surface comme s'il s'agissait d'une eau bouillante qui s'évaporait. Le fond de l'air était très frais et le soleil se dressait à l'horizon. Nous avons contemplé à nouveau cette belle ville de Québec, la première grande ville du voyage.

         

Le temps passait vite à naviguer sur le fleuve, parce que nous suivions attentivement notre parcours sur la carte à l'aide des indications du balisage. Quelques heures après notre départ, nous avons croisé le porte-conteneurs de la Compagnie "Oceanex" de St-John's (Terre Neuve). L'officier que nous apercevions à la timonerie avec ses jumelles avait repéré le pavillon français qui  flottait à l'arrière du Wickie et surtout le drapeau local (armoiries) accroché à l'antenne du GPS. Il a donné un coup de sifflet et nous a adressé un salut amical en agitant son bras. Vers 14H nous étions sur le lac St-Pierre et cette fois nous avons croisé un aviso militaire français " le Vendémiaire" (nous l'avons appris plus tard qu'il se rendait à St-Pierre et Miquelon). Deux officiers, sur la passerelle, nous ont salués. Une heure et demi plus tard, à court de fuel nous avons fait  escale à la marina de Sorel.  Cela nous a fait faire un brake d'une heure et quart. Nous avons ensuite poursuivi notre route qui  restait toujours délicate en raison de la circulation et du balisage; c'était la raison pour laquelle nous continuions à suivre notre progression sur les cartes nautiques. La navigation sur cette partie du fleuve a été agréable mais un peu plus fatigable à cause de la concentration lors de l'observation des bouées et du balisage par alignements etc. C'est surtout la longueur du voyage qui nous a le plus fatigués. Sur ce parcours, depuis Québec, nous avons constaté qu'il existait encore, sur le fleuve, un trafic relativement important. C'est à 19H15 que  nous sommes arrivés face au Port de Plaisance de Longueuil qui se trouvait vis à vis du port de commerce de Montréal là où se trouvaient de gros cargos ainsi qu'un paquebot. Nous avons tenté de prendre un contact radio avec la marina mais en vain. Heureusement nous avions la carte d'entrée des deux marinas de l'endroit dont l'une aménagée plus spécialement pour les voiliers. Nous sommes rentrés dans celle recevant des bateaux à moteurs justement là où se trouvait le bureau d'accueil.

Arrivés à l'appontement, nous avons eu la visite d'un surveillant qui nous a indiqué un numéro de quai pour nous installer. Nous avons soupé et fatigués de notre journée, nous nous sommes couchés tout de suite après.

Vendredi 17 septembre  : Vent Sud-ouest, temps couvert. Température 14°. Rituel matinal jusqu'à 10H30 où nous sommes allés régulariser la situation avec le service administratif de la marina. Un peu plus tard nous avons appelé Nathalie à Miquelon, mais elle était absente. C'est donc Sylvie que nous avons eue à Saint-Pierre. Tout allait bien dans la famille; par contre elle nous a appris que notre maison avait été visitée par des voleurs et qu'elle avait du déposer plainte à la gendarmerie. Cela nous a beaucoup contrarié. Nous sommes ensuite partis à pied chez Paule (la tante d'Anne-Marie) qui habite Longueuil. Nous avons créé la surprise tout en étant attendus. La maman d'Anne-Marie se trouvait là, comme prévu, Joyeusement accueillis, Paule s'était empressée de nous apprendre qu'elle avait justement préparé un bon repas. Nous l'avons donc partagé en "fête de la bouffe" parce que la tante Paule est une excellente cuisinière et ses repas son copieux.  La discussion  s'est concentré sur notre voyage entre St-Pierre et Montréal ainsi que sur la famille.
Sur le plan physique, nous avions de légers problèmes: Anne-Marie une vilaine coupure au milieu de la lèvre inférieure, à cause de l'air sec et salin et moi des escarres à l'oreille gauche parce que je dormais toujours sur le même côté. Bien sûr nous nous soignions mais cela mettait du temps à s'arranger. A l'évocation du confort  des couchettes tante Paule nous a conseillés d'y placer des matelas orthopédiques .
Le repas terminé, Anne-Marie a pu aller avec sa mère et Paule au Centre commercial alors que moi, je suis retourné au bateau pour remplir le livre de bord et l'agenda. Je suis ensuite revenu pour le souper et le retour à pied au bateau nous a permis de faciliter notre digestion.
Le lendemain en fin de matinée en fin de matinée nous avons fait connaissance avec un propriétaire de bateau, Conrad et de son épouse Doreen. Ils ont tenu conversation avec nous un bon moment et nous ont invités à boire un café sur leur bateau. Il s'agissait d'un bateau de 45 pieds de type cabin cruiser, équipé d'un moteur de 300 cv et aménagé comme une véritable maison. En guise d'équipement, il possédait en plus des moyens classiques, un GPS traceur de route. Leur navigation se limitait pour l'instant, au fleuve jusqu'au lac Champlain.  Cette rencontre a été sympathique et nous nous sommes quittés en début d'après-midi. C'est alors que nous sommes allés chez Paule passer l'après-midi. Vers 17 heures, Josiane, la fille de Paule, est arrivée pour nous dire bonjour et nous a offert d'aller souper chez elle et même d'y dormir.  En partant avec Josiane nous sommes donc passés par le bateau prendre nos affaires.  Nous avons ensuite visionné la cassette sur Maxime envoyée par Sylvie et Jean-Christophe. Nous avons constaté que notre petit-fils âgé de 14 mois maintenant, se portait bien et qu'il avait commencé à faire ses premiers pas. Nous étions émerveillés de le voir en action et le plus souvent à quatre pattes, bien sûr. Sylvie lui avait demandé de nous faire un "au revoir" et il l'avait fait avec le sourire. On avait l'impression qu'il était près de nous et cela nous dégageait beaucoup d'émotions . C'est vers 18H30 que nous sommes sortis ensemble pour souper au restaurant.
Nous y avons passé une bonne soirée avec une agréable ambiance familiale. En rentrant chez Mario et Josiane nous nous sommes mis à jouer à la belote pour terminer la soirée aux alentours de minuit et quart.

Ce dimanche 19 septembre le vent d'ouest est  faible et le soleil est au rendez-vous, cependant la température n'est que de 8°. Après le petit déjeuner nous avons appelé Maman et Sylvie à St-Pierre. Vers  midi Jean-Jacques est  arrivé avec toute sa famille: sa femme Suzanne et ses deux garçons, Jean-François et Nicolas.  Les filles de Mario et Josiane : Sonia et Nathalie avec son fiancé Sylvain sont venus également. Le menu du dîner avait été décidé à l'unanimité : Pizzas. Le repas terminé et sur la demande insistante des jeunes, nous avons décidé de nous rendre au "Vieux Montréal" sur le "Wickie. Nous étions 10 à bord pour cette balade : Jean-Jacques, sa femme Suzanne, ses enfants Jean-François et Nicolas, Mario et Josiane, leur fille Nathalie et son ami Sylvain, Anne-Marie et moi.

En raison du fort courant sur le fleuve, la traversée a été un peu longue pour aller jusqu'à la marina du Vieux Port. Sous le pont Jacques Cartier et au-delà, le courant atteignait 5 à 6 noeuds. A 14H30 nous étions dans le vieux port où nous avons observé sur l'un des quais, une superbe caravelle : son nom "Le Pélican". Sa figure de proue était magnifique. De couleurs jaune et noir, elle n'avait jamais vraiment navigué comme me le disait Sylvain. Objet de conflits statutaires et financiers, elle servait pour le moment de musée.
La visite dans le Vieux Montréal a duré environ deux heures ; nous sommes, ensuite, retournés à Longueuil.
  Lundi 20 septembre : temps ensoleillé. Température: 5°. Matinée tranquille et favorable pour effectuer les mises à jour de l'agenda, des comptes etc... En début d'après-midi j'ai consulté les cartes et les instructions nautiques pour la suite du voyage qui comprendra en particulier beaucoup d'éclusage. Jean-Jacques est arrivé en cours d'après-midi pour nous prendre et nous conduire dans un commerce, dans le vieux Montréal, spécialisé dans les équipements maritimes. Nous devions chercher les documents nautiques pour les parties : canal du Trent Severn jusqu'à la baie géorgienne et de Chicago au fleuve du Mississipi. Arrivés au commerce, le vendeur a pris connaissance de ce que nous voulions. Il ne possédait pas les ouvrages mais nous a mis en garde sur les dangers d'emprunter le Mississippi en cette période. Un avis de danger restait en vigueur concernant la navigation sur le fleuve Mississipi depuis que ce dernier était sorti de son lit au printemps. Il s'en était suivi des inondations catastrophiques et le système de balisage avait été très endommagé. Le gouvernement prévoyait un rétablissement à la normale d'ici un an. Cela nous a inquiétés, parce qu'en renonçant à ce parcours, nous devions en emprunter un autre : retourner à Sorel et prendre la voie navigable du Lac Champlain pour nous rendre à New York. La saison étant avancée certaines écluses risquaient d'être fermées. Le vendeur nous a rassurés en nous suggérant un autre itinéraire. Il partait d'Oswego, ville américaine du Lac Ontario. Le canal Oswego conduit au canal Erié jusqu'à Hudson River. Aucun document nautique n'était cependant disponible pour ce parcours. Nous sommes donc repartis malgré tout soulagé de ne pas avoir à faire demi tour. Nous avons mieux savouré notre « coup de thé » chez Paule. Nous sommes ensuite retournés sur le « Wickie » où j'ai fait les vérifications mécaniques habituelles en vue d'une nouvelle sortie sur le fleuve avec Sonia, Eric, Sylvain et la belle-mère. Nous sommes allés jusqu'au vieux port et aux alentours. La balade a duré environ 1H20 au grand bonheur des invités. Nous étions de retour à 17H45 et trois quarts d'heure plus tard nous sommes repartis chez Paule qui nous avait préparé un repas pantagruélique. Après le repas nous avons joué à la belote jusqu'à 23H30. Nous sommes allés dormir chez Jean-Jacques.

 Mardi 21 septembre .  De retour au bateau j'ai repris les cartes du fleuve que m'avait prêtées Léger à Québec mais il me manquait celle du Lac Ontario pour la traversée jusqu'à Oswego. Par contre j'avais les instructions nautiques, c'était l'essentiel. Pendant ce temps Anne-Marie est sortie pour faire des provisions. Jean-Jacques m'a conduit à une station pour remplir les bouteilles de gaz et au retour nous avons récupéré Anne-Marie qui avait une provision d'épicerie. En fin de matinée mon ami François est venu nous rendre visite. Cela nous a fait plaisir. J'ai fait connaissance de François en 1983 alors que j'étais Président du Hockey Sporting Club. Nous avions besoin d'un entraîneur pour le Club et notre comité directeur s'était arrêté sur sa candidature . Comme nous partions pour le Mexique via Montréal, fin janvier 1983, j'avais proposé au Comité de rencontrer ce jeune entraîneur à Montréal. C'est ce que j'ai fait et j'ai discuté avec lui pour mieux le connaître avant de lui faire signer le contrat avec le Club. Confiant sur son état d'esprit, je lui ai donné certaines directives concernant notre équipe de hockey et les objectifs à atteindre. J'avais vite compris qu'il possédait les qualités nécessaires pour faire passer un message positif dans le cadre de l'organisation et de la préparation d'une équipe de Hockey. François avait le bagage requis : préparation à l'enseignement en éducation physique, titulaire du diplôme d'entraîneur de hockey, études en psychologie à Toulouse en France. Si je me souviens bien, le contrat nous l'avons signé le jour de mon anniversaire, le 28 janvier 1983 à l'hôtel "Royal Roussillon". Le Club a connu cette année là, son moment de gloire. François avait mené l'équipe jusqu'au titre de "Champions de Terre Neuve-Labrador"; titre acquis après avoir battu en finale l'équipe du Labrador à la patinoire de Saint-Pierre. Depuis notre rencontre nous sommes restés en contact mais surtout nous sommes devenus des amis. François nous a laissés en fin de matinée après avoir longuement discuté sur notre projet de voyage. Il ne se lasse pas d'exprimer son amitié et c'est réciproque. Lorsqu'il nous a quittés en nous souhaitant beaucoup de chance nous sommes allés chez tante Paule pour dîner .

Après le repas, Jean-Jacques est venu nous chercher et nous a amenés visiter le biodôme et le jardin botanique.








Comblés par cet après-midi instructif, nous sommes allés manger, en soirée, au restaurant avec la famille de Jean-Jacques, Paule et la belle-mère.

De retour chez Paule, nous avons, une nouvelle fois, joué à la belote. Entre-temps Jean-Jacques et sa famille avaient décidé de rentrer chez eux. Ils nous ont souhaité un bon voyage et nous ont demandé de les tenir informés de notre progression. A minuit et demi c'était à notre tour de partir. Le départ de Longueuil étant prévu pour le lendemain, Paule et Maman Garzoni nous ont souhaité bonne chance pour la suite du voyage. Arrivés au bateau, Anne-Marie a installé nos nouveaux matelas et nous avons rapidement constaté l'amélioration du confort dans la couchette. Ouf! On devrait mieux dormir.
Mercredi 22 septembre .8H00 : rituel habituel puis travail sur les moteurs (serrage d'injecteurs et des retours) parce qu'il y avait des fuites de fuel. Il s'agissait d'un réglage normal, du à la réparation faite à Québec. Ensuite j'ai sorti la carte du secteur de navigation à partir de Montréal. Pendant ce temps Anne-Marie était partie au magasin.
Dans le courant de la matinée Mario le mari de Josiane, nous a amené une caisse de livres usagers (un cadeau de Sonia qui a compris qu'Anne-Marie lisait beaucoup).

Il est resté à bord discuter un moment et il est reparti au boulot dans son bahut (il est aussi camionneur indépendant) qui contenait un chargement de marchandises pour l'Ontario.

Sur la photo à gauche, Sonia est concentrée pour signer notre livre d'or.


Après le repas du midi et la livraison de fuel, nous avons repris le cours de notre voyage. Sur le fleuve, nous avons reconnu le building de Longueuil où se trouve l'appartement de Paule; Nous avons fait un signe ; c'était notre "au revoir" à distance.


MONTRÉAL, le colosse : Quelle est, au monde, la plus grande ville de langue française après Paris? Ce n'est pas Marseille, mais Montréal, à 4 000 km de la France .Montréal, fondée en 1642 par des Français, reçut le nom de "Ville-Marie de Mont-Royal". Aujourd'hui encore, les deux tiers de ses habitants sont d'origine française. Elle est construite sur une île du Saint-Laurent, presque au confluent de ce fleuve avec l'Ottawa*. Elle doit tout au Saint-Laurent, en particulier son port qui, situé à 400 km de la mer, est l'un des plus grands du monde; il abrite des navires de tous tonnages, en provenance ou en direction des Grands Lacs. Formé d'un réseau de canaux et de bassin, il possède des dizaines de môles, sur lesquels se déploie une activité fébrile. Montréal est une ville très étendue de 1 300 000 habitants (2 800 000 avec l'agglomération) dont les édifices publics comptent parmi les plus beaux du Canada. Au cœur même de la cité s'élève le mont Royal, ancien volcan éteint, complètement recouvert d'arbres et qui constitue un magnifique et vaste parc central. Sur le plan économique et culturel, l'importance de la ville s'est accrue du fait de l'exposition internationale de 1967. (Tout l'Univers - Hachette).

13H00 : nous sommes arrivés à l'écluse St-Lambert qui fonctionne en coordination avec le pont Victoria. Dans l'écluse et sur le quai de bâbord des lamaneurs nous ont lancé des amarres. Ils se trouvaient à 8 m au-dessus de nous. Nous avons dû tenir ces amarres bien raides afin de garder le bateau à sa place, le long du mur, durant l'opération d'éclusage. Nous sommes montés de 5m par rapport au niveau de la mer. Cela nous a pris une demi-heure. Nous avons quitté l'écluse et Anne-Marie était satisfaite d'avoir accompli son travail sans appréhension. Elle m'a annoncé avec fierté : " ce n'est pas si terrible que cela l'éclusage". A cet endroit nous sortions de Montréal, la plus grande ville de la province du Québec et nous nous trouvions à la porte d'entrée de la voie maritime du St-Laurent.

Elle mesure 3800km de longueur avec une profondeur de 8m. 16 écluses font franchir aux bateaux une hauteur totale de 77m (différence d'altitude entre Montréal,6m et le Lac Supérieur, 83m)
Technique inventée au XIVè et XVème siècle, l'écluse a révolutionné le transport fluvial. Comment fonctionne une écluse : l'éclusage, ou sassement, d'un bateau remontant le cours d'eau est le suivant :1. Entrée du bateau dans l'écluse : les portes aval étant ouvertes, le niveau du plan d'eau dans le sas est le même que celui du bief aval. Les portes amont sont fermées.2. Fermeture des portes aval; le sas et le bateau sont coupés des biefs amont et aval.3. Ouverture des vantelles amont; entrée de l'eau amont qui élève le niveau du sas jusqu'à celui du bief amont. L'eau amont peut aussi entrer par des aqueducs qui aboutissent au sas, ou par les bajoyers ou encore par-dessous le radier.4.Après égalisation des niveaux, le bateau s'est élevé de la chute de l'écluse; ouverture des portes amont.5. Sortie du bateau de l'écluse; il peut poursuivre son voyage vers l'amont. (Théma Larousse).


15H30: Écluse Côte Ste-Catherine. Là, nous avons monté de 9m. A l'entrée nous n'apercevions que les casques jaunes des lamaneurs qui nous ont lancé des cordes.

18H00 : nous avions traversé le lac St-Louis et nous étions arrivés à l'écluse du Beauharnois. Là, nous avons décidé de nous arrêter pour la nuit à la marina de Malocheville. Après avoir appelé Sylvie et Jean-Christophe à l'occasion de leur troisième anniversaire de mariage et nous nous sommes promenés un peu dans Malocheville, petite commune très paisible. De retour à bord nous nous sommes couchés vers 21H30.

Jeudi 23 septembre

: Le début du voyage s'est passé sous la pluie. Le temps s'est amélioré en milieu d'après-midi. Nous avons voulu nous arrêter à 18H en essayant d'approcher une marina située à 1mile1/2 de "Hamilton Islandais" mais le fond était douteux. Par sécurité nous avons préféré poursuivre la route. L'entrée et la sortie des proximités de cette marina nous ont donné des sueurs.
A 19H15 nous sommes arrivés à Cornwall Island. Suivant l'indication de la carte deux marinas figuraient près de Pilon Island, mais elles étaient introuvables. Comme nous restions dans le flou et la nuit étant tombée, nous avons décidé de jeter l'ancre près de l'île Pilon. Nous avons constaté que notre carte n'avait pas été mise à jour.
Au niveau des moteurs, j'avais remarqué depuis quelques heures qu'ils dégageaient une fumée noire et baissaient de régime. Y avait-il du filin ou des algues dans les hélices ? En tout cas l'arrière du bateau, à cause de cette fumée était dans un état lamentable. Une vérification était donc à faire, une fois à quai.
Aujourd'hui nous avions franchi deux écluses : l'inférieur et le supérieur Beauharnois, toutes deux de 13m et deux ponts : le pont Saint-Louis et le pont Valleyfield. A la sortie du supérieur du Beauharnois et sur les quais longeant la berge du côté canadien, nous avons pu observer une colonie d'oies sauvages (Bernaches du Canada) qui criaillaient. Elles s'étaient rassemblées là pour une pose et semblaient nous donner rendez-vous. Effectivement en période de migration, en automne, elles partent à la recherche d'un climat plus clément. Elles se dirigeaient comme nous, vers le Sud. A partir du Beauharnois le fleuve est divisé en deux par une ligne frontalière imaginaire délimitant le Canada et les Etats Unis. Du côté Ouest se trouve le Canada et à l'Est les États Unis et ce, jusqu'au lac Ontario .

Vendredi 24 septembre : à 6h30 en préparant le petit déjeuner, j'ai contemplé une superbe aurore et à 8H nous avons levé l'ancre pour nous rendre à la marina de Cornwall. Les formalités accomplies nous avons évoqué, avec le responsable de la marina, notre problème mécanique. Il a donc pris contact avec un mécanicien qui est arrivé en fin de matinée. Il a contrôlé l'état de l'alimentation des moteurs et il a constaté que les filtres étaient bouchés à cause de la mauvaise qualité du fuel. En outre il m'a signalé que le courant sur le fleuve faisait forcer les moteurs. Les opérations de maintenance devaient donc se faire dans des temps plus courts que préconisés par les constructeurs.
Pendant que le mécanicien s'était déplacé à "Lachine", banlieue montréalaise, pour se procurer les pièces introuvables sur place (filtres à huile et à fuel) j'ai été amené à aider un capitaine-propriétaire d'un bateau de croisière appelé "le Jacques Cartier". En effet, Luc et son second Odilon sondaient le bassin de la marina pour voir si leur bateau pouvait y entrer sans problème. Comme ils utilisaient un sondeur électronique et qu'il y avait beaucoup d'herbes, ils n'arrivaient pas à obtenir les informations justes sur la profondeur réelle du bassin. Je leur ai fournie une ligne à plomb; un moyen rudimentaire mais, dans ce cas, efficace. Ils ont apprécié mon aide et sont venus discuter un moment avec moi alors que je nettoyais les moteurs. Ils m'ont expliqué qu'ils avaient effectué ce sondage pour savoir si ils pouvaient rentrer le bateau à la marina en vue de prendre les passagers d'une croisière achetée par l'équipe de hockey "Les Nordiques" de Québec. Mais cela s'avérait impossible.
Luc nous a proposé de venir visiter le "Jacques Cartier" avant notre départ. Pendant ce temps Alain, le mécano était de retour .Il m'a remis tous les filtres et il a réparé le support endommagé du filtre à fuel du moteur droit. Il nous a quittés à 19H.

3/4 heure plus tard nous sommes allés voir une rencontre de hockey à la patinoire : les AS de Cornwall (Réserve des Nordiques) s'affrontaient aux Sénateurs de P.E.I. (Prince Edouard Island), la réserve des Sénateurs d'Ottawa. Les AS l'ont remporté sur un score de 4 à 3 au cours d'un match de début de saison, très agressif mais pas très technique.

Nous étions ici en Ontario, cette province qui est la plus peuplée des provinces canadiennes.

Ontario : située à l'O. du Québec elle a une superficie de 1 068 464 km2 et une population de plus de 8 300 000 habitants. Capitale Toronto. C'est la patrie de Sir Frederick Banting qui participa à la découverte de l'insuline et qui fut prix Nobel en 1923. Le climat y est relativement clément. Son histoire : région explorée par Etienne Brûlé, puis par Champlain (1615). Cédée à l'Angleterre par le Traité de Paris en 1763 elle fut peu à peu incluse dans la colonie de Québec. Les colons anglo-saxons restèrent fidèles à la Grande Bretagne après l'indépendance américaine et York (aujourd'hui Toronto) fut incendiée en 1812, pendant la guerre anglo-américaine. Suite à l'échec des premières actions autonomes, la région est devenue Canada de l'Ouest en 1841 et eut son gouvernement à Ottawa en 1858. En 1867, l'établissement du Dominion du Canada donna à la région le statut de province de l'Ontario. Économie : Cette province produit environ 40% du revenu national la situant première région économique du Canada. Production de matériel automobile et de machines agricoles. Agriculture, céréales (blé et maïs), légumes et fruits. Élevage de bovins et porcins, produits laitiers et volailles.  La forêt représente 70% des terres. La pêche s'effectue sur les grands lacs et emploie plus de 3000 personnes. Les fourrures en provenance de la chasse et de l'élevage fournissent un revenu important. Les richesses minérales : nickel, cuivre, or, minerai de fer, uranium, gaz naturel.  L'hydroélectricité dont les usines sont installées sur la rivière Niagara et le fleuve St Laurent fournit 6 000 000 kWh.


Samedi 25 septembre

 Nous nous sommes réveillés en découvrant, de la timonerie, encore un beau lever de soleil. Des oiseaux (pluviers, bécassines, canards) se nourrissaient et s'ébattaient sur les bords du fleuve c'est-à-dire à une dizaine de mètre de nous. Ils créaient une ambiance musicale avec un mélange de sifflets qui n'étaient pas désagréables. Nous avons déjeuné debout en raison des travaux sur les moteurs qui nous ont obligés à tenir les panneaux de cale ouverts dans la timonerie. Ensuite je me suis mis à remplacer les filtres (fuel, huile et air).J'ai également changé l'huile de carter de chaque moteur. Pendant que j'effectuais ces travaux, Jean-Jacques est apparu comme un revenant. Il était supposé être sur la route avec son camion. Sa destination pour une livraison de marchandises lui avait permis de venir s'informer parce qu'il était au courant que nous avions des avaries; c'était sympa. Jean-Jacques c'était pour nous comme un frère.

Pendant notre adolescence, nous étions des copains de classe  et sa collaboration a été précieuse dans ma rencontre avec Anne-Marie qui s'est faite de la manière suivante :
" Un jour, alors que nous étions à discuter à la fenêtre de la patinoire, nous avons aperçu sa cousine (Anne-Marie), qui habitait la maison d'en face. Elle effectuait un travail manuel sur la table de la cuisine (peinture d'un couple indien m'avait-elle dit, par la suite). Jean-Jacques avait remarqué mon attrait pour Anne-Marie que je trouvais jolie. Je ne sais pas pour quelle raison mais je lui ai dit que si je venais à la fréquenter que ce serait pour la marier (réflexion étonnante tout de même ?). Jean-Jacques a pris cela à la rigolade mais il m'a lancé le défi en me disant qu'il me la présenterait. Cela s'est passé en janvier et j'allais avoir mes 17 ans. Anne-Marie avait eu ses 15 ans en décembre. Jean-Jacques, opportuniste avait choisi la période des vœux pour m'amener avec lui chez son oncle. Il s'était auparavant assuré de la présence de la bien-aimée. A partir de ce jour, nous avons commencé un flirt de jeunesse malgré qu'Anne-Marie ne me trouvait pas beau. Mais, disait-elle, j'avais un beau sourire. Ce flirt s'est transformé en une véritable histoire d'Amour" .Nous sommes fiers de le lui rappeler de temps en temps.


A 10H30, les travaux étaient terminés et nous avons pris du fuel. Nous nous sommes ensuite rendus au quai du "Jacques Cartier" qui se trouvait à quelques encablures de là. Jean-Jacques nous avait rejoint. Luc, le capitaine-propriétaire nous a reçus avec joie et nous a fait visiter son bateau de croisière. Peint en jaune et blanc, ce navire de 46m de long et 11m de large peut accueillir 400 passagers. Il possède 3 ponts et deux salles d'une capacité de 200 personnes. La salle du pont supérieur est caractérisée par une vision panoramique sur 360°. De construction en acier il est propulsé par deux moteurs diesel (700 ch) qui lui assure une vitesse de croisière de 12 nœuds. Le capitaine qui nous avait amenés à la timonerie nous a passé son uniforme et sa casquette pour prendre une photo souvenir.

 

 

 

Il nous a dit qu'il assurait lui-même l'animation à bord et qu'il s'adonnait aussi à la chanson. Il nous a offert une cassette qu'il avait enregistrée pour la promotion de ses croisières. La conversation s'est ensuite orientée sur notre voyage. Par rapport à notre nouvel itinéraire, Luc nous a remis un ouvrage que je recherchais et qui contenait des informations nautiques sur les canaux historiques allant d'Oswego jusqu'à New York (belle coïncidence). Il nous a offert des cadeaux promotionnels (T-Shirts et dépliants publicitaires).

A 14 heures Jean-Jacques nous a quittés et nous avons repris le cours du voyage. Alors que nous rejoignions le chenal du fleuve, j'ai voulu emprunter le même chemin qu'un hors bord qui remontait. Le bateau a tellement freiné au passage que nous avions cru à l'échouage. Il y a eu plus de peur que de mal car nous venions tout simplement de passer dans des hautes herbes aquatiques. Une fois rendu dans le chenal, j'ai du faire tourner les moteurs en marche arrière pour libérer les herbes des hélices. Nous les voyions remonter à flot au moment de la manœuvre. Pendant ce parcours qui nous a conduit à la marina de Morrisburg (Crysler/Marina), nous avons franchi deux grosses écluses et cette fois américaines : Snell (14m) et Eisenhower (12m).


cargo-en-cours-d-eclusage.jpg

 

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A notre arrivée vers 20H, nous avons appelé Nathalie et Olivier à Miquelon. Nous étions toujours au Canada à Morrisburg mais la rive opposée était américaine. D'ailleurs à bord du Wickie, en cours de navigation sur le fleuve et ce, depuis les écluses "Beauharnois" Anne-Marie était au Canada et moi aux Etats Unis.

logements-collectifs-sur-le-fleuve.jpgposte-d-attente-pour-eclusage-sur-le-St-Laurent.jpg

 

residences-au-bord-du-fleuve-copie-1.jpgDans cette première partie vous avez vécu le voyage par rapport à l'agenda. Je n'ai pas insisté sur la vie à bord. En fait il ne s'y passait rien d'extraordinaire puisque nous nous entendions très bien. En tout cas vous avez pu vous rendre compte qu'il y avait beaucoup de navigation donc peu de temps pour le reste. Je soulignerais tout de même que le confort du bateau nous permettait de nous doucher tous les jours; qu'à l'arrêt dans les marinas, Anne-Marie s'affairait à laver du linge. Nous faisions également provision d'eau. En ce qui concerne le repassage du linge qui en avait besoin, Anne-Marie utilisait les couchettes. Le linge était bien plié et placé sous les matelas. Le reste du boulot c'est nous qui le faisions en dormant. Le rangement à bord était bien fait mais la place étant restreinte, il nous fallait parfois déplacer un ou deux sacs pour atteindre celui qui contenait le vêtement désiré. Cela nous énervait quelquefois. Depuis le début du voyage nous ressentions des émotions fortes et spontanées, de bonheur et d'agacements mais l'essentiel quotidien restait la concentration sur le parcours. Anne-Marie participait activement à l'aventure s'occupant de la logistique de vie à bord, des comptes mais s'intéressait également à la navigation. Du fait que nous nous déplacions quasi quotidiennement la préoccupation majeure était de franchir des miles nautiques en toute sécurité. Notre attention, borné à cette idée de progression, nous amenait à consulter les ouvrages nautiques régulièrement pour mieux suivre le parcours. En dehors de cela, nous ressentions parfois l'étroitesse du bateau en particulier lors d'avitaillement. Ceci tout simplement parce que tout se stockait pratiquement au même endroit c'est-à-dire dans ce petit espace situé en dessous de la timonerie.

Nous avions franchi 7 écluses avec celle de Québec mais ce n'était rien par rapport à toutes celles qui nous attendaient avant d'atteindre New York.

Ci-après le graphique de la navigation fluviale de Montréal au Lac Ontario en passant par les écluses. ( extrait de l'ouvrage " L'Amérique du Nord et l'Amérique Centrale" publié par France Loisirs -1993)


écluses du St-Laurent (L'Amérique du Nord-France Loisirs)

 

A SUIVRE : 5ème épisode -      MORRISBURG - NEWYORK

 



 
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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 17:25

 

 

                                     MORRISBURG- NEW YORK



Le 27 septembre au matin nous avons repris la navigation sur le fleuve et après avoir traversé l'écluse Iroquois puis passé sous le pont historique des Mille Iles (construit en 1940) nous nous sommes arrêtés à BROCKVILLE. Peu de temps après l'accostage, nous avons pu voir passer un superbe trois mâts, à la coque jaune et noir. Il s'agissait d'une superbe frégate, véritable symbole d'anciens navires de guerre, qui, sans voiles, descendait le St Laurent au moteur. Son nom : le "Rose"*. Ce bâtiment glissait lentement sur le fleuve par un temps gris et pluvieux. Nous l'avons contemplé de sa figure de proue, un dragon, jusqu'à la poupe qui se caractérisait d'une structure en demi-lune et bordée de châssis à petites fenêtres. Dans sa coque aux flancs bombés, des ouvertures ont été aménagées pour les canons que l'on pouvait distinguer également sur le pont supérieur.

 

Cette région est partagée par l'Etat de New York (USA) et l'Ontario (Canada). Ce lieu fut un important point stratégique pour les tribus indiennes, les anglais et les français puis les britanniques et les américains lors de la guerre de 1812-14.Cela s'explique par le côté frontalier mais également par la voie maritime. Parmi les légendes indiennes, loin dans le passé, bien avant que les Européens ne découvrent le Saint-Laurent, les pétales de fleurs célestes se mirent à tomber sur le sol et sur le fleuve majestueux. Ils créèrent les Mille îles, que les Autochtones appelèrent "Manitouana, le "Jardin du Grand Esprit. Les Mille Iles c'est le lieu de naissance du "Saint-Laurent" à partir du lac Ontario mais c'est également pour une partie d'entre elles, le plus petit des parc nationaux du Canada, celui des Iles-du-Saint-Laurent. Les îles sont couvertes de forêts qui peuvent être de conifères typiques du nord ou de feuillus caractéristiques du sud. Ceci est du au microclimat qui fournit un temps chaud et sec sur les versants du sud-ouest et un temps frais et humide sur les versants du nord-est, ombragés et protégés.

Nous étions dans la région des Mille Iles. Les emblèmes du parc des Mille Iles sont les pins des corbeaux

L'élaphe noire, un serpent qui n'est pas venimeux, représente l'habitant le plus précieux du parc: il est le plus grand du Canada et peut mesurer jusqu'à 2,40 mètres de long.

*J'ai appris en me documentant que le H.M.S. Rose* était une frégate de 32 canons qui avait pris part à la bataille de l'Hudson pendant la guerre d'indépendance des Etats Unis en 1776.

(3 ans1/2 plus tard, en juillet 1995 nous avons revu le H.M.S. Rose à Saint-Pierre au cours d'une tournée de grands voiliers dans les provinces atlantiques. )

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Le lendemain nous avons fait du slalom entre les îles pour atteindre Alexandria Bay, le côté américain des Mille Iles. Et puisque nous entrions aux États Unis nous avons dû accomplir les formalités douanière au poste des douanes qui se trouvait sur l'Ile Heart. Nous avons ainsi découvert que le bureau se trouvait dans un monument historique; un petit Château qui se situait à la pointe nord de l'île. Lorsque nous avons quitté le quai des douanes, nous avons longé l'île pour rejoindre la marina "Bonnie Castle Resort" et nous avons pu remarquer qu'il existait, au centre de l'île, un plus grand et superbe Château . En fait le poste des douanes occupait l'accès à l'île qui était fortifiée par un fortin de pierres avec trois tours et un donjon au coin nord-ouest. Ce château, à la façon des contes de fées, semblait surgir des eaux du fleuve avec ses multiples tourelles coiffées de tuiles rouges. Nous avons appris à la marina, que l'île de coeur (Heart Island) faisait référence à une histoire d'amour vécue. Celle de Mr. Boldt, un millionnaire, propriétaire de "Waldorf Astoria" à New York, qui a construit ce monument pour sa femme bien aimée. Les travaux étaient en voie d'achèvement ( 11 constructions dont un Château de 120 chambres) lorsqu'en 1904 celle-ci meurt. Mr. Boldt ne retournera jamais plus sur l'île. Aujourd'hui, l'île et ses châteaux, qui sont ornés d'une centaine de coeurs gravés dans la pierre, représentent le tribut d'une tragique histoire d'amour.
Le 29 septembre nous nous rendons à Clayton à la marina municipale. Clayton-USA--Anne-Marie-.jpg

Clayton-USA.jpgLà j'ai pu me procurer la carte marine du lac Ontario et le lendemain nous avons traversé le lac jusqu'à Oswego et nous nous sommes installés à la marina. Au cours de la navigation sur le lac, à proximité de GALLOO Island, mes instruments (GPS et radar) se sont décalés et m'ont fourni des informations bizarres. Comme j'avais un temps clair et une mer peu agitée j'ai laissé faire et tout est revenu dans l'ordre au bout d'environ une minute. J'en ai déduit qu'il devait s'agir d'un phénomène magnétique mais je n'en ai jamais eu l'explication. En tout cas cela n'avait pas compromis notre traversée.   OSWEGO, nous y sommes restés 3 jours et nous avons trouvé l'occasion de visiter, la petite ville et le fort Ontario. Nous avons vécu aussi un moment inoubliable grâce à la pêche au saumon. En effet il s'agit de la plus grande manifestation de l'année au début du mois d'octobre. Des centaines de pêcheurs viennent de toutes les régions américaines et canadiennes pêcher ces salmonidés : le Chinook et le saumon Coho qui ont une vie courte mais peuvent, entre 3 et 5 ans, atteindre une longueur de 70 à 80 cm et peser entre 10 et 15 kgs parfois même 20 kgs. Venant du lac, ils montent en bancs la rivière Oswégo. La pêche ne dure qu'un week end mais quelle animation ! Les pêcheurs sont tassés le long des berges de la rivière, sur environ 500 mètres. Une partie de la berge, celle située côté route, est aménagée en une allée de béton d'environ 200 mètres de long et de 3m de large, renforcée d'un garde-corps sur toute sa longueur. D'autres pêcheurs, équipés d'une salopette étanche sont rassemblés au pied d'une chute et pêche la moitié du corps dans l'eau. Nous avons fait les observateurs l'après-midi du samedi car je me voyais mal pêcher dans ces conditions c'est-à-dire les uns sur les autres. Pourtant il y en avait du saumon; il sautait partout dans cette petite portion de rivière large d'une quinzaine de mètres. Il était tellement traqué à la cuillère qu'il faisait des bonds extraordinaires hors de l'eau. C'était un spectacle hallucinant autant par l'agitation sur l'eau que par l'engouement aux bords des rives. Nous avons même remarqué une altercation entre deux pêcheurs; celle-ci fut rapidement contrôlée par un surveillant des lieux. En fait la pêche au saumon qui demande une certaine dextérité à cause de la nervosité du poisson mais aussi de sa taille, oblige parfois le pêcheur à se déplacer tout en lâchant un peu de ligne pour éviter qu'elle casse. Et c'est cette situation qui a produit la bagarre puisqu'un des pêcheurs au bord de la berge n'a pas voulu bouger, forçant celui qui tentait de maîtriser sa prise, à le bousculer. Alors qu'il était arrivé à passer, le saumon qui sautait nerveusement hors de l'eau a fini par briser la ligne occasionnant la révolte du pêcheur. Malgré ce léger incident, tout le monde semblait prendre bien du plaisir à pêcher. Nous avons pu photographier de beaux spécimens de ce saumon appelé également, lorsqu'il est adulte, "le King".

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p-che-au-saumon---Oswego.jpgbeau-saumon--jpgp-se-saumon.jpg  saumon---Oswego.jpgPlus tard nous avons abordé l'histoire en allant visiter le "Fort Ontario". Nous avons découvert qu'il avait été pris en 1757 par le Général Montcalm, commandant les troupes de Nouvelle France suite au conflit avec les anglais. Le général marquis de Montcalm de Saint-Véran périt à Québec au cours des combats des plaines d'Abraham le 13 septembre 1759. Ce fort est classé monument historique et a été constitué en musée, offrant aux touristes qui le visitent à l'intérieur, la possibilité de retrouver l'agencement des lieux et les conditions de vie des soldats de l'époque dans cette caserne fortifiée. Durant ce séjour à Oswégo nous avons eu deux jours de mauvais temps avec vent et pluie et pour couronner le tout, un après-midi, un nuage de petites mouches noires (des éphémères) a envahi le bateau. Nous avons fermé la porte à temps pour qu'elles ne pénètrent pas à l'intérieur. Quelques minutes plus tard le pont du Wickie était noir d'insectes morts. Il a fallu arroser le bateau pour le nettoyer. A bord, nous nous sentions bien malgré qu'il manquait un vrai chauffage surtout lors des soirées  fraîches. Nous utilisions celui à alcool, acheté à Québec mais il n'était pas assez puissant et créait une énorme condensation. Installer un chauffage plus performant nous aurait coûté trop cher. Nous espérions tout simplement connaître un automne clément. Le 4 octobre par un temps nuageux et des vents de Sud-ouest de 20 nds nous avons quitté la marina "Wright's landing Park" pour entamer la voie des canaux de l'Etat de New York en passant par la première écluse (écluse n°8) à partir d'Oswégo. Contrairement aux autres écluses qui opèrent avec des pompes électriques, celle-ci fonctionne par gravité. C'est la première écluse de ce genre construite aux États Unis et la plus grande dans le monde. Nous rentrions donc sur le canal Oswego qui couvre une distance de 28 miles et qui nous fera prendre de l'altitude sachant que le lac Ontario est déjà à 245 pieds du niveau de la mer.

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Le temps s'étant transformé en violentes averses de pluie dans l'après-midi, nous avons décidé de nous arrêter à Phoenix, après le passage de l'écluse n°1. Nous avions parcouru 23,8 miles et franchi 7 écluses. Après tant d'entraînement, l'éclusage devenait une opération banale. Anne-Marie avait acquis la technique et nos manœuvres s'effectuaient alors allégrement. Nous nous sommes amarrés à un petit quai municipal gratuit où se trouve un vieux phare devenu le musée maritime de Phoenix. Nous l'avons visité et le couple sexagénaire qui nous accueillait nous a offert un bon café. Nous avons signé le livre des visiteurs. Le lendemain 9 heures nous avons quitté Phoenix et après le passage de l'écluse n°23 nous avons traversé le lac Oneida sur sa longueur (environ 10 miles) pour atteindre Sylvan Beach sous des averses de pluie et grêle mêlées. Le vent qui s'était intensifié soulevait de belles lames dans le lac. Nous avons passé la nuit amarré à un quai public.

La navigation sur le canal a été agréable, relaxante malgré les passages d'écluses et de ponts (12). Nous nous y sentions "rois" puisqu'à ce moment de l'année il n'y avait pas de trafic. Il nous semblait, d'ailleurs, que le canal nous appartenait.

 

Naviguant à petite vitesse (elle est limitée à 10 nds), nous avons pris le temps d'observer les fabuleux paysages multicolores qui s'offraient à nos yeux. Par moments, à tribord, mêlée à une nature moins généreuse, se présentait l'autoroute d'où provenait le ronronnement des voitures et des camions. Mais à bâbord et presque tout le long de notre route, la forêt, plantée sur des collines défilant comme une houle, nous inondait de couleurs magnifiques. Le jaune, le rouge rouille, le rouge orangé et le pourpre, entourés de verdoyants conifères, jaillissaient à partir de l'eau grisâtre du canal pour rejoindre l'azur du ciel à l'horizon. Nous nous demandions quels pouvaient être ces arbres qui formaient ce patchwork. En cherchant dans notre documentation, nous avons découvert qu'il pouvait s'agir d'un mélange de chênes des marais, d'érables américains, de sumacs de Virginie, de frênes blancs d'amérique, de saules, de peupliers américains, de sorbiers le tout mêlé aux pins, sapins, genévriers, thuyas etc. Quelle belle végétation! C'était éblouissant.
 

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Nous n'avions pas à subir les contraintes de balisage. Nous étions dans le lit de la vallée. Cela ne pouvait être que reposant...
En guise de faune, canards et oies sauvages se partageaient la zone avec quelques mouettes. Sur l'eau, un bel ondatra nous a obligés à ralentir alors qu'il traversait le canal. Nous étions maintenant à l'entrée du canal Erié.


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Ce canal qui a été à l'origine de la construction des canaux de l'état de New York. Ces canaux ont d'abord été le rêve du gouverneur Dewitt Clinton qui disait ceci " les canaux seront un lien d'union entre l'atlantique et les états de l'ouest. Cela doit être un organe de communication, entre la Hudson, le Mississipi, le St-Laurent et les grands Lacs du nord et de l'ouest ainsi que leurs fleuves tributaires, qui créera le plus grand commerce intérieur jamais connu". Ce rêve de Clinton concernant le canal Erié paraissait être, aux yeux de la population, de l'imaginaire.

Ainsi ce canal qui semblait trop petit mais qui fut le grand canal des ancêtres - ce canal qui pendant plusieurs années fut le modèle de construction à l'échelle mondiale - ce canal qui offrit un développement non seulement pour l'état de New York mais pour le pays tout entier durant la première moitié du 19ème siècle - ce canal enfin était devenu la fierté des américains puisqu'il a conduit également à la construction d'autres canaux. Le rêve de Dewitt Clinton était alors devenu réalité. Georges Washington, arpenteur et ingénieur avant de devenir un soldat et un homme d'état a été reconnu par tous les écrivains de l'époque comme le père des canaux américains puisque c'est lui qui a instruit le projet avant la révolution. A la fin de la guerre mais quelques temps avant la paix, il a lancé les travaux d'études à partir de son quartier général à Newburgh. Ainsi les améliorations des premières voies navigables à New York furent entreprises par une compagnie privée affrétée en 1791. Le projet d'extension mit de nombreuses années avant de devenir crédible, en raison de l'ampleur des travaux et des coûts. Très longtemps ce projet se traitait à la dérision comme " la folie de Clinton" en anglais "Clinton's Folly". Cependant en 1817, la poursuite des travaux sur les canaux devenait réalité. Après huit ans d'un gigantesque travail humain et d'ingéniosités techniques, le 26 octobre 1825, la voie navigable appelé "canal Erié" s'ouvrait. Elle avait une profondeur de 1,20m et 12 m de large. Pour débuter les barges ne devaient transporter que 30 tonnes de fret. La première flotte à naviguer sur le canal était conduite par le bateau amiral le "Seneca Chief" transportant le Gouverneur Clinton, le Lieutenant-gouverneur et une compagnie de personnalités. Ce 26 octobre le convoi est parti de Buffalo pour rejoindre Albany et descendre la Hudson jusqu'à New York. Sur le canal c'était la fête et le grand salut s'est effectué à coups de canons tirés des batteries installées tout le long du canal et sur la Hudson sur une distance de 500 miles; ceci pour annoncer la réalisation de la plus prodigieuse entreprise de ce temps. Le "Seneca Chief" transportait 2 fûts remplis d'eau du lac Erié que le gouverneur Clinton vida dans l'océan à New York au cours d'une cérémonie officielle qui célébrait le "mariage des eaux" entre les grands lacs et l'océan atlantique. Quelques renseignements intéressants sur cette réalisation : le canal d'origine a commencé en 1817 et fut terminé en 1825 - agrandissement de la profondeur à 2,10m en 1862 - abolition de péage en 1882 - le premier service de "Barge canal" a commencé en 1905. Le "Barge canal" a été ouvert au trafic le 15 mai 1918. - Le "Barge canal" consiste en 1°- Erié ( à travers l'état de Troy sur le fleuve Hudson jusqu'à Tonawanda, sur la rivière Niagara) -2°- Champlain (nord de Troy jusqu'au lac Champlain) -3°- Oswego (Trois-Rivières Point, près de Syracuse jusqu'au lac Ontario)-4°- Cayuga and Seneca ( branches reliant les lacs Cayuga et Seneca avec Erié).


A partir de maintenant, sur le canal Erié, alors que jusque là nous descendions vers le sud, nous nous orienterons plus vers l'est pour rejoindre le fleuve Hudson et le canal sera matérialisé par un balisage. La documentation que nous possédions sur les canaux nous donnait de nombreuses et intéressantes informations concernant le règlement. On y retrouvait également les procédures d'éclusages et des instructions visant la protection de l'environnement. En outre étaient mentionnés les différents points d'intérêt touristique associés aux lieux d'arrêts qui pouvaient être aussi bien des quais publics que des marinas. D'ailleurs ici à Sylvan Beach, nous étions à un quai public situé tout près d'une plage, d'un parc d'attraction pour enfants avec toutes les commodités touristiques (hôtels, restaurants). L'endroit doit être bien agréable en été. Étant en morte saison les lieux semblaient actuellement en hibernation. Comme d'habitude nous avions pris le temps de nous promener un peu et de faire quelques provisions. J'ai tenté de jeter la ligne à l'eau pour pêcher mais les poissons n'étaient pas au rendez-vous. Le poisson qui peuple en abondance le lac est le "Walleye", un poisson importé m'a-t-on dit et qui s'était fort bien adapté. Le lendemain 6 octobre nous avons quitté Sylvan Beach par un temps un peu frais mais bien ensoleillé. La température a atteint 18° dans la journée. Nous avons abordé le canal Erié dans toute sa splendeur puisque le beau temps enjolivait le couloir que nous empruntions, bordé d'arbres multicolores. Nous avons passé les écluses n° 22 et 21 et nous nous sommes arrêtés au quai municipal de Rome après un trajet de 17 miles.Nous avions atteint la plus haute altitude des canaux c'est-à-dire 420,4 pieds. Sur le quai, nous avons rencontré un vieil homme qui flânait, le cigare à la bouche. Il nous a indiqué le chemin pour nous rendre en ville où nous voulions faire des provisions.

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Au retour nous avons été invités par un couple ontarien à bord de leur bateau. Nous avons échangé des informations sur les escales effectuées lors de nos voyages respectifs. A l'aide de cartes, Don, le propriétaire du bateau nous a indiqués des lieux de mouillage sur la Hudson et dans le port de New York. Lorsque nous avons quitté ces sympathiques voisins nous avons décidé d'appeler Saint-Pierre; et là nous avons créé la surprise en annonçant le nom du lieu où nous nous trouvions. A un tel point que les gendres firent de l'humour avec Rome; le premier, le Saint-pierrais nous a dit qu'il ne savait pas que nous avions traversé l'atlantique en si peu de temps, l'autre, le Miquelonnais nous a répondu : " Ah bon! Et moi je suis le pape !...Cela a fait l'objet d'éclats de rires au téléphone. Mais effectivement comme eux, nous ne savions pas que la ville de Rome existait aux États Unis. Et nous avons trouvé plus loin les villes d'Amsterdam, de Hoffmann, d'Albany (la capitale de l'Etat de New York), de Troyes etc. Ces noms européens qui viennent des fortes immigrations des XVIIème et XVIIIème siècles : dans un premier temps les colons furent anglais, écossais, irlandais poussés par des motifs religieux (certains, puritains, mécontents de la politique des Stuarts les autres catholiques et anglicans persécutés par Cromwell, quakers...) et dans un deuxième temps ils furent allemands, hollandais et scandinaves. Ces mouvements ont été si importants qu'au moment de la guerre d'indépendance il n'y avait plus que 20% d'anglais. Le lendemain, en début de matinée, nous sommes allés visiter le Fort Stanwix, un fort construit tout en bois. D'énormes troncs d'arbres écorcés, assemblés hermétiquement et fixés à la verticale autour du fort, constituaient la fortification. Entre tous ces troncs, d'autres d'un plus faible diamètre se dressaient à l'horizontal sur deux rangées, leurs extrémités taillées comme un crayon de papier; c'était la première garde contre les assaillants. Encore une fois nous avons découvert un de ces monuments de guerre qui, quant à lui, ressemblait beaucoup à tous ceux que nous voyions dans les films "Westerns".

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Fort-Stanwix--Claude-au-canon.jpgFort-Stanwix---Rome.jpgVers midi nous avons quitté le quai pour entamer la descente jusque la rivière Hudson. Pendant six heures nous nous sommes laissés glisser sur le canal, toujours devant des paysages merveilleux et sous une température estivale (25° en milieu d'après-midi). Le Wickie qui n'était bousculé, ni par les vagues, ni par la vitesse, a passé, à l'aise, sous 19 ponts d'une hauteur d'environ 6 mètres. Little Falls, quel beau village ! Encaissé dans un vallon flamboyant, il est au cœur de la vallée Mohawk. Devant ce spectacle de feuilles d'automne, deux usines à papier abandonnées, tachent le paysage. Par contre les maisons d'habitations paraissaient bien entretenues. Au quai, nous avons trouvé de la compagnie : deux castors qui avaient élu domicile dans le canal et qui assouvissaient leur curiosité en venant rôder près du bateau. Plus loin cinq cygnes, posés sur l'eau près d'un petit quai de la rive opposée, se becquetaient et paraissaient être en pleine discussion. A la tombée de la nuit, ce fut le tour des chauve-souris qui, à la poursuite d'insectes, ont survolé le zodiac fixé à l'arrière du bateau. Leurs écholocations qui ont un peu effrayé Anne-Marie, nous ont permis de les repérer mais leur passage fut assez furtif. A notre arrivée nous avions fait notre petit tour de ville pour visiter ce bourg d'environ 500 habitants. Le rail de chemin de fer passait en bordure du canal, sur la rive opposée et c'était avec de stridents coups de sifflet que le train annonçait son passage. S'agissant de trains de marchandises, ils portaient de nombreux conteneurs dont certains avaient les marques d'une compagnie que nous avions remarquée à Saint-Pierre sur le quai du porte-conteneurs. Notre pensée s'envolait tout de suite chez nous et on enchaînait par la conversation et la musique. Dans ces cas là nous mettions le CD de "Belle Rivière"* ou la cassette de Trionyx avec Gano**. Le lendemain, vendredi 8 octobre à 9 heures, nous quittions le petit coin de paradis pour la poursuite de la "conquête de l'Est". Nous avons passé 9 écluses (les n° 17-16-15-14-13-12-11-10-11) et 12 ponts. Pour la première fois depuis que nous étions sur les canaux nous avons partagé l'éclusage au n° 13 avec 3 autres bateaux dont un superbe yacht qui remontait vers le lac Erié.

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Sur conseil du couple que nous avions rencontré à Rome nous nous sommes rendus à l'écluse 10 pour nous ravitailler en fuel. Mais c'était une erreur. Il fallait remonter à l'écluse 11. Le sympathique éclusier de service n'a pas hésité à refaire un éclusage pour nous permettre de rejoindre le poste de ravitaillement en fuel. Il m'a également fait visiter le centre d'opération pendant l'éclusage. Ici les installations sont entièrement électriques (ouverture des portes et station de pompage) alors que d'autres, comme celles d'Oswego, fonctionnent par gravité pour le sassement. Nous avons regagné le lieu recherché et nous nous sommes installés à un quai municipal gratuit. Nous nous trouvions à une trentaine de minutes du centre ville d'Amsterdam. La partie du canal où nous étions avait été redéfinie en 1841 par rapport à la rivière Mohawk. Amsterdam qui se partage autant sur cette rivière que sur le canal Erié possède le plus important musée traitant de l'histoire de ce canal. Nous avons visité un peu mais nous avons surtout profité de faire la grande toilette du bateau. Anne-Marie s'est chargée de l'intérieur et moi de l'extérieur (lavage, peinture).

 

Cela nous a pris une bonne partie du week-end mais nous étions fiers de notre travail. Le samedi soir nous sommes allés à la messe à l'église repérée la veille, l'église Ste-Mary. Catholiques pratiquants, chaque fin de semaine nous recherchions une église là où nous nous arrêtions. Cependant on ne la trouvait que rarement . Par contre les églises des autres confessions (baptistes, anglicanes, luthériennes etc.) étaient plus présentes.

Le lundi matin il faisait froid -3°. Notre zodiac rouge avait blanchi et s.était recouvert d'une mince pellicule de glace. Cela m'a fait frémir un peu plus car la température à l'intérieur du bateau était déjà très basse. Mais heureusement le temps s'est réchauffé dans la journée. Nous avons lâché les amarres à 11 heures. Il restait encore 15 ponts et 11 écluses à passer avant d'atteindre le fleuve Hudson à savoir les écluse n° 10-9-8-7- portes 1 et 2. - écluses n° 6-5-4-3 et 2. Nous l'avons fait dans la journée. A 18H05 nous rentrions dans l'écluse fédérale de TROYES, la dernière du circuit. A 18H30 nous étions heureux d'atteindre la marina car la fatigue se faisait sentir. C'est à ce stade que nous devenions vulnérables et un rien nous rendait agressif. Le passage qui avait été le plus éprouvant dans cette journée se situait après les portes « 1 et 2 » appelées "Guard gates"ou « the flight ». Les cinq écluses qui suivaient, à faible distance les unes des autres, devaient être franchies d'une seule traite. Ce passage s'appelle "The Flight of Five" (Le vol des cinq) et constitue la plus grande série d'éclusage sans arrêt avec une élévation totale de 169 pieds soit 56m .

 

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A la marina de Troyes nous étions bien installés au quai n° 13. Nous avons profité, après le repas, d'utiliser la buanderie pour laver du linge. Pendant ce temps et alors que les machines brassaient le linge, nous avons appelé les enfants et Jean-Jacques. Ensuite je suis allé au service commercial où j'ai pu me procurer la carte détaillée du port de New York ainsi que les informations concernant les zones de mouillage du fleuve. Le lendemain à 13H15 nous nous sommes remis en route. Nous avons passé Albany et poursuivi notre chemin jusqu'à la zone de mouillage de Stuyvesant délimitée par un balisage spécifique (petites bouées jaunes). Nous y avons jeté l'ancre. Le temps était pluvieux et la température oscillait entre 7° et 12°. La nuit, excluant les deux bruyants passages de trains de marchandises, a été bonne. Bien reposés, c'est à 7H30 que nous avons levé l'ancre. La circulation a été un peu plus dense sur le fleuve (cargos et pousseurs de barges) et le vent assez fort. Le balisage présentait un caractère assez particulier avec les quelques pittoresques phares construits sur des îlots.
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Le temps nuageux nous avait tout de même agrémenté de quelques passages ensoleillés. En cours de journée nous avons fait un arrêt à Newburgh pour prendre du fuel et vers 16 heures30 nous voulions jeter l'ancre. Nous nous trouvions à Bannerman's Island, une zone d'ancrage répertoriée. Malmenés par le courant et le vent nous n'avons pas pu nous maintenir sur zone malgré nos trois tentatives dont l'une avec les deux ancres. Ainsi nous avons recherché une marina accessible mais toutes celles se trouvant dans les environs étaient privées. La nuit était tombée depuis près de 3/4 d'heure lorsqu'à Garrison nous avons aperçu une place libre au quai d'une marina. Nous nous y sommes dirigés et un des propriétaires de bateaux qui se trouvait là, nous a autorisés à y stationner pour la nuit. Il était 18H45 et nous étions fatigués. Confortés par ce lieu sécuritaire et paisible nous avons dormi comme des bienheureux. Au petit matin nous avons découvert, encore une fois, une température très fraîche (3°). Les bateaux et les quais étaient couverts de givre et un léger brouillard flottait au raz de la surface du fleuve. Brrr.!

 

 

 

Anne-Marie---Garrison-copie-1.jpgr-veil-glacial---Garrison-copie-1.jpgLe petit déjeuner a été préparé avec frissons et cela nous a pris un peu de temps pour nous réchauffer. Nous avons quitté le quai à 9H50. Après 4H1/2 de route nous avons du nous arrêter à la marina d'Englewood pour nous ravitailler en fuel. Nous étions rentrés à marée basse et au quai le bateau reposait sur un fond de vase. Il n'y avait pas de danger mais Il nous a tout de même fallu attendre la marée montante pour repartir. L'intensité nerveuse montait. Nous nous trouvions à quelques encablures de la grande ville, le premier centre financier du monde et le siège de l'O.N.U. depuis 1946. Déjà sous le pont Georges Washington nous apercevions de grands buildings en scrutant l'horizon. Le temps sombre, couvert et humide dévalorisait le panorama. Et lorsque nous tournions notre regard sur les rives du fleuve nous constations un contraste évident du mythe new yorkais : des maisons vétustes, des immeubles gris, sales, apparemment surpeuplés. Ces quartiers pauvres si près de New York, c'était très étonnant, mais bien une réalité. Plus nous avancions, plus les immeubles s'élevaient, plus les espaces se réduisaient; les quartiers semblaient de plus en plus peuplés et serrés. Et les couleurs ? Décevantes par ce temps pluvieux et gris. Anne-Marie m'a fait la réflexion : "c'est ça New York ! Ce n'est pas beau. Je suis vraiment déçue". Nous n'étions pas encore dans le port.

 

(en jaune, le parcours effectué depuis Saint-Pierre)

 

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Nous approchions de la position 40°41'30" Nord et 74°02'40" Ouest, en plein port de New York c'est-à-dire à 10m d'un des plus beaux symboles humains. A 16H30, le jeudi 14 octobre 1993 nous nous trouvions face à la Statue de la LIBERTÉ.
Le temps s'était un peu amélioré et nous avions pu ouvrir le toit du bateau pour admirer le chef-d'œuvre. J'ai explosé de joie en criant « Nous voilà devant ce symbole qui nous est cher: la LIBERTÉ ».

 

« Je ne crois point, au sens philosophique du terme, à la liberté de l'homme. Chacun agit non seulement sous une contrainte extérieure, mais aussi d'après une nécessité intérieure. » (Albert Einstein, Comment Je Vois Le Monde)

 

La statue représente une femme drapée brandissant un flambeau dans la main droite. Nous étions face à quelque chose d'extraordinaire, de fabuleux. En fait nous avions passé New York city sans vraiment nous en rendre compte parce que nous étions si fascinés par la statue " la Liberté éclairant le monde". Il nous a même semblé que la torche s'était allumée pour nous recevoir. En fait la torche a été peinte avec une peinture d'une couleur spéciale qui crée cet effet lumineux. 

 

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Cette oeuvre, d'une idée de l'historien Edouard de Laboulaye, a été sculptée par Bartholdi. Terminée à Paris, la statue, offerte aux Etats Unis par la France, fut démontée et envoyée dans 210 caisses transportées par le navire "Isère". Elle a été érigée en 1886 (inaugurée le 28 octobre) sur l'île qui porte maintenant le nom de, île de la Liberté (anciennement île Bedloe). Colossale, elle mesure 91 m de la base à l'extrémité du flambeau et pèse 225 tonnes. C'est vraiment un monument magnifique. Il est le symbole de l'Amérique, pays des hommes libres mais également le symbole de l'amitié française. Nous vivions un moment de bonheur que nous devions mémoriser. Pour cela nous avons demandé à un plaisancier qui pêchait près de nous, de prendre une photo face à la statue. Sûr de notre photo souvenir, nous étions tout heureux. En réalité nous constaterons après le développement quelques jours plus tard, que le pêcheur n'avait pas pu cadrer la statue en même temps que le bateau. Nous n'apercevions que la base de la statue. La contemplation du monument a bien duré 20 minutes. Elle a même primé sur New York City qui, tout en étant une ville à grands gratte-ciel, nous paraissait sombre, sans intérêt. Pendant ce temps les remous occasionnés par les nombreuses embarcations qui tournaient autour de l'île nous ballottaient sérieusement. Il était temps de reprendre la route. Nous avons traversé le port (Upper Bay)où circulaient de nombreux bateaux de toutes tailles. Nous nous sommes dirigés vers Staten Island, île qui constitue un arrondissement (borough)de New York. Avant de longer la côte pour atteindre le lieu de mouillage appelé "Great Kills Harbour" nous avons passé sous un énorme pont construit en 1964 et qui porte le nom de ce célèbre explorateur italien "Verrazzano"*

 


 

 



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La Liberté vue par PABLO NERUDA, poète contemporain ( extrait de El Canto General qui lui a valu le prix Nobel de littérature en 1971

 

Il meurt lentement

 

Celui qui ne voyage pas

Celui qui ne lit pas

Celui qui n'écoute pas de musique

Celui qui ne sait pas trouver

Grâce à ses yeux

 

Il meurt lentement

Celui qui détruit son amour-propre

Celui qui ne se laisse jamais aider

 

 

Il meurt lentement

 

Celui qui évite la passion

Et son troubillon d'émotions

Celles qui redonnent la lumière dans les yeux

Et réparent les coeurs blessés

 

Il meurt lentement

 

Celui qui ne change pas de cap

Lorsqu'il est malheureux

Au travail ou en amour

Celui qui ne prend pas de risques

Pour réaliser ses rêves

Celui qui, pas une seule fois dans savie,

N'a fui les conseils sensés

 

Vis maintenant !

Risque-toi aujourd'hui !

Agis tout de suite !

 

Ne te laisse pas mourir lentement !

Ne te prive pas d'être heureux !

 

                 Pablo Neruda

 

 

 

Il nous a fallu une heure de route pour nous rendre au lieu de mouillage, là où nous avons apprécié un bon repos. Great Kills harbour est un bassin naturel circulaire autour duquel se trouvent bien implantées 3 marinas privées. L'une pour les bateaux à moteurs, les deux autres mixtes (bateaux à moteurs et voiliers). Outre les appontements, des bouées de mouillage appelées "moorings" sont installées dans tout le bassin. Quelques unes sont disponibles pour les bateaux de passage. C'est d'ailleurs sur une de ces bouées que nous nous sommes amarrés. L'endroit représentait un excellent abri, de surcroît, gratuit. Parmi la trentaine de bateaux au mouillage dont de nombreux voiliers, trois constituaient un domicile fixe pour l'équipage. Nous nous considérions bien installés malgré la bougeotte du "Wickie" contrarié par le vent et le clapotis. Ainsi nous avions décidé de fêter copieusement notre arrivée à New York. Nous nous sommes donc préparés un bon repas que nous avons bien arrosé.
 


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Le lendemain matin vers 10 heures nous avons rallié la terre à l'aide de l'annexe en passant par une des marinas c'est-à-dire celle où nous avons été acceptés. Nous avons fait quelques courses et nous avons téléphoné aux enfants. De retour au bateau, j'ai pris mon gréement de pêche pour tenter de capturer un de ces poissons qui frayaient dans le bassin. J'ai failli avoir du succés mais le poisson a lâché. La journée s'est terminée par des notes sur l'agenda et la consultation de documents sur les marinas de New York en vue de nous y rendre le lendemain. Cependant le temps brumeux et pluvieux nous a fait renoncer à ce déplacement Nous sommes donc restés sur place toute la fin de semaine et j'ai pu ainsi installer un flotteur sur la pompe de cale pour le démarrage automatique et m'adonner à nouveau à la pêche. Après plusieurs tentatives ce n'est que le dimanche qu'elle fut fructueuse. J'ai pris une dizaine de poissons qui semble être de la famille du hareng. Nous avions décidé de goûter ce poisson et nous l'avons fait cuire dans du papier aluminium sur le petit barbecue. Alors que nous nous apprétions à nous mettre à table, un propriétaire de voilier, habillé en combinaison de mécanicien et coiffé d'un chapeau mou, dans sa petite barque, ramait pour se rendre à la marina. Passant près de nous, nous l'avons interpellé et interrogé sur ce poisson qui frayait dans le bassin. Il nous a appris que ce petit poisson servait de boëtte pour pêcher le gros poisson en haute mer. Nicholas s'est présenté comme américain-suisse. Il parlait un peu le français. Nous voyant préparer ce poisson pour le repas et n'en ayant jamais mangé, il a exprimé le désir de partager cette dégustation. Avec notre accord il est reparti faire ce qu'il avait à faire à la marina et il est revenu vingt minutes plus tard. A table dès la première bouchée, nous avons constaté que ce poisson était effectivement comme le hareng, plein d'arêtes. La chair avait un goût médiocre. Notre convive américain, homme souriant et d'une grande affabilité, était élégant, de taille moyenne, le visage ovale et buriné. Ses longues moustaches grisonnantes et ascendantes semblaient relier ses favoris. Il est ingénieur électrotechnique ayant suivi une formation spécialisée en Suisse, pays originaire de ses parents maternels. C'était à ce moment là qu'il avait appris le français. Il appelait le poisson pêché "du banker". Cela pourrait être du "gaspereau". Nicholas, c'est son prénom, nous a expliqué qu'il avait acheté sa goélette dans la baie de la Chesapeake suite à la perte totale d'un précédent voilier. Le drame s'était produit lors d'une tempête en 1992. Il avait failli perdre la vie en voulant sauver son voilier qui s'engouffrait dans la plage de sable poussé par des déferlantes. Il avait du se résigner et regagner le rivage grâce à un va et vient installé avec l'aide de ses amis. La tempête avait été si violente que la mer, en peu de temps, avait réduit en épave son voilier de 45 pieds qui était son domicile, sa vie. La goélette qu'il possède maintenant est équipée d'un minimum d'accessoires. Il travaille dessus, au jour le jour, suivant ses moyens financiers, pour en refaire sa véritable demeure flottante. Peut-être pour conjurer le sort, Nicholas a appelé sa goélette "Anathéma". Il avait même fondé son propre groupe dénommé du même nom et composé de copains. Le symbole était un petit pavillon blanc triangulaire déchiré par le centre. Lorsqu'il nous en a parlé et qu'il a écrit sur notre livre d'hôtes en signant "Anathéma" nous nous sommes demandés s'il ne s'agissait pas d'une secte. Mais la gentillesse et la lucidité de l'homme et ses manières nous avaient rassuré et nous étions conquis. Nous ne voyions pas en lui, un quelconque théoricien philosophique. Au cours de la conversation il nous a parlé d'un belge français qui appartenait à son groupe et qui vivait dans sa goélette à quelques encablures de là. Nous apercevions d'ailleurs cette goélette, à l'arrière de laquelle était inscrit : "Adèle, New York". Pour plaisanter et parce que Eric, francophile, ne rencontrait que très rarement des français, Nicholas nous a demandé qu'en quittant le mouillage pour New York city, de passer près de "l'Adèle" et d'appeler Eric pour lui parler en français. Vous verrez! il croira rêver". C'est effectivement ce que nous avons tenté de faire le lendemain à 7H30 au départ de Great Kills Harbour. Mais Eric ne s'est pas réveillé. Nicholas avait hissé un énorme drapeau américain pour nous saluer. A 10H le 18 octobre nous sommes entrés dans la marina "Port Imperial" située dans le New Jersey, en face de New York City. S'installer dans une marina était plus sécuritaire d'autant que nous pouvions prendre un ferry qui assurait la traversée de l'Hudson toutes les demi-heures. Munis d'une carte nous nous sommes rendus dans les rues de New York. Nous avons déambulé quelques temps, impressionné par l'immensité des buildings mais également par l'importante circulation de voitures. Sur les trottoirs nous évitions ces gens pressés prêts à bousculer pour passer. Un peu étourdis sur le moment par la première approche de cette fourmilière, nous avons repris nos esprits pour nous guider à l'aide de la carte. Nous avons alors constaté que l'orientation était relativement facile car la ville est sillonné de rues et avenues parallèles, numérotées pour les avenues de 1 à 12 et pour les rues de la première à la deux cent seizième et même plus. La première recherche sur la carte a été le Consulat de France pour acheter un drapeau français, le nôtre ayant été arraché à Amsterdam. J'avais récupéré la hampe et le drapeau américain à la porte de l'écluse mais pas le drapeau français. Depuis nous en avons recherché là où nous étions passés mais en vain. Même au Consulat on n'a pas pu nous en fournir, c'était le comble. De là nous nous sommes orientés vers l'Empire State Building (édifice impressionnant de 485 m de haut avec la tour télévision et radios). Il a été longtemps le plus haut gratte-ciel du monde mais le World Trade Center (445m) située ici également l'a "détrôné".L'Empire State était le surnom de l'Etat de New York. Nous avons sillonné les rues de la 34ème à la 59ème en passant par Madison Square Garden, "Abby Aldrich Rockfeller Sculpture garden", la "Plaza" mais également par Broadway. Après quatre heures de marche les kilomètres s'accumulaient et la fatigue aussi. Nous nous sommes arrêtés pour manger un sandwitch sur un banc près du "Central Park". Nous y avons admiré de superbes et en même temps de monstrueuses sculptures.

 

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Au retour vers la station d'embarquement du ferry nous avons fait un peu de lèche-vitrines et cela valait le coup d'œil. Tout est spectacle à New York (monuments, buildings, taxis, enseignes, policier à cheval, vitrines, les gens même suivant les accoutrements etc.). De retour à la marina à la tombée de la nuit, nous avons mangé sur le pont arrière du Wickie. Des oies sauvages nous tenaient compagnie dans la marina le long d'un autre ponton. Nous les avons repérées alors qu'elles cacardaient. Nous nous sommes dit : "tiens, quelques barnaches ont fait la même escale que nous, avant de poursuivre leur route vers le Sud". Grâce à la bonne orientation du bateau et le beau temps le permettant, nous nous sommes offerts notre repas-spectacle avec en vedette New York et ses gratte-ciel illuminés dont les tours jumelles.. Les lumières, des voitures, des enseignes, des bateaux, des avions et hélicoptères, scintillaient et donnaient une image très vivante, colorée et d'intenses activités. Sur ce superbe panorama, nous avons prolongé notre soirée sur le pont arrière du bateau en discutant dans la bonne humeur.


 

 

New York City : la côte fut d'abord découverte par le navigateur italien Giovanni da Verrazano qui, au nom du roi de France, recherchait la route de Chine puis par H.Hudson qui remonta la rivière qui porte son nom. Le début de la fondation de la ville s'est effectué sur la pointe sud de Manhattan en 1613 par un hollandais Block qui y tenait un comptoir. En 1616 Peter Minuet, un autre colon hollandais, l'acheta aux Algonquins contre quelques verroteries et l'appela la "Neuw Amsterdam". C'est en 1664 lors de la conquête par les Anglais que la ville prit le nom de New York en l'honneur du Duc d'York ce membre de la famille Stuart, le futur Jacques II. La ville de New York, qui fait 45km de long et presque autant de large, occupe 814 km2 et compte 7 330 000 habitants. Elle est devenue prospère et riche grâce aux canaux intérieurs mais aussi à son port qui se trouve dans la partie la plus proche de l'Europe. Avec ses cinq circonscriptions la région métropolitaine de New York comprend plus de 18 000 000 d'habitants. C'est une Cité cosmopolite et sa population s'est considérablement accrue au XIX et XXème siècle lorsque affluèrent les émigrés européens (Italiens, Russes, Allemands, Irlandais, Polonais etc...).Tout est gigantesque à New York : cinq aéroports, 1 500 km de quais aménagés, 2500 autobus, 600 tramways, 8500 km de routes, 138 bibliothèques municipales, 46 musées, 800 écoles élémentaires et d'immenses parcs. La zone urbaine a la première place parmi les centres industriels du pays : c'est plus de 35 000 entreprises qui emploient plus d'un million de personnes.


Il nous était évidemment impossible de faire le tour de cette ville gigantesque mais pour profiter au maximum de notre escale nous sommes retournés marcher dans la ville le lendemain de 9 heures à midi. La marina nous coûtait 64 dollars pour la nuit. C'était trop cher pour prolonger le séjour. Nous sommes donc repartis dans l'après-midi pour Great Kills Harbour où nous devions d'ailleurs faire le point financier sur notre voyage. Comme il faisait très beau nous avons mieux apprécié la traversée dans le port que le jour de notre arrivée. New York avait pris un autre aspect, une autre dimension. Avant de repasser (tiens le premier gratte-ciel construit à New York en 1902 s'appeler "Flat Iron building" qui veut dire "Fer à repasser") donc avant de repasser devant la Statue de la Liberté nous avons remarqué un bel édifice gris et rouge d'un style château, sur l'île Ellis. Il s'agissait du Musée National de l'Immigration fréquenté particulièrement par tous les américains qui désirent retracer l'arrivée de leurs ancêtres. C'est là que se tient également le service de l'immigration. Un peu plus loin la Statue apparaissait éclairée par les rayons du soleil.

statue-de-la-Libert---sous-un-ciel-ensol 

 Du chenal de sortie du port nous distinguions parfaitement les buildings de Manhattan de hauteurs différentes qui ressemblaient, par leur architecture géométrique, à un assemblage de legos de couleur, rouille, gris, blanc et noir.

 

 

 

 

 

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Durant la traversée nous avons pu distinguer les limites de l'île Manhattan séparée de Brooklyn par East River. Des ponts relient les deux districts. A 16h00 nous étions de retour à notre mouillage de Staten Island. Nous nous sommes mis à l'écriture, de mon côté sur le livre de bord et l'agenda et Anne-Marie sur les cartes postales. A 18H30 nous avons mangé. Entre temps le ciel s'était couvert et il commençait à pleuvoir. Une heure plus tard Nicholas, revêtu d'un ciré et coiffé d'un chapeau de sa fabrication venait nous inviter à souper à bord de l'Adèle. Nous n'avons pas osé lui dire que nous venions de manger. Cependant à cause du temps nous pensions avoir la bonne excuse pour ne pas bouger. Mais il a tellement insisté, nous avons cédé. Équipés de nos vestes de sauvetage nous sommes partis dans sa barque pour rejoindre "Adèle". Une fois embarqués dans cette goélette d'environ 50 pieds et équipée de vieux gréements, Nicholas nous a présenté Eric, le propriétaire. Il est lui aussi de taille moyenne mais plus enrobé que de Nicholas. Sur son visage rond se dessinent de bonne rides dont certaines camouflées par une large moustache poivre et sel. Eric nous rappelle Brassens. Nous apprendrons par la suite qu'il en est un fan. Celui-ci nous a invités à descendre à l'intérieur où nous avons découvert une table bien mise dans un espace réduit. Une bonne odeur de cuisine parfumait la cabine. Eric nous a souhaité la bienvenue et s'est excusé parce qu'il devait se remettre à la cuisine. Pendant ce temps Nicholas était resté à l'extérieur. Nous nous demandions ce qu'il y faisait. Tout à coup il est réapparu vêtu d'une veste blanche et un nœud papillon rouge autour du cou. Il faisait très maître d'hôtel d'autant qu'il tenait, d'une main de belles marguerites qu'il a délicatement offertes à Anne-Marie et de l'autre une bouteille de champagne pour le repas. Il nous a montré le motif imprimé sur sa veste. Il s'agissait des empruntes des pneus de sa jeep. Puis il nous a fait remarquer que l'étiquette de la bouteille de champagne confectionnée par lui-même, représentait au recto, l'avant de la jeep et au verso, l'arrière. Puis, en apothéose, il nous a décrit la fabrication de son chapeau qu'il avait réalisé avec un morceau de tuyau PVC pour le creux et une pièce de chambre à air pour le tour de tête. Décidément ce Nicholas est unique; un véritable artiste. Eric, qui avait enlevé son tablier nous a présenté le menu : champignons, mazarella et divers fromages, roast-beef avec spaghettis aux palourdes. Le service pouvait commencer. Devant nos assiettes bien remplies nous avons du faire l'effort de nous remettre à souper une deuxième fois. Cela n'a pas été une torture parce que le menu était excellent. Durant cet agréable moment nous avons fait plus ample connaissance avec la langue française à l'honneur. Le repas s'est terminé au champagne "jeep 1944" qui était en fait un véritable "Moët et Chandon".

 

A-bord-de-l-Ad-le.jpgAu cours de la discussion Anne-Marie avait exprimé son étonnement de n'avoir pas pu trouver de boucherie lors de notre balade à New York. Nicholas ne fut pas surpris lorsqu'il a pris connaissance du parcours que nous avions fait. Il nous proposa de servir de guide pour le lendemain. Eric, profitant de l'occasion, sa barque étant abîmée, nous a demandé de le prendre en passant pour qu'il débarque en même temps que nous. 23H30, la soirée terminée nous avons regagné le "Wickie". Le lendemain au réveil nous avons constaté qu'il faisait un temps de chien (vent fort de Sud-est accompagné d'averses de pluie). Nous hésitions à débarquer mais comme nous nous étions engagés à prendre Eric nous nous sommes décidés à partir. Nous nous sommes habillés de nos vestes de navigation et nous avions chaussés nos bottes, parés à affronter le mauvais temps. Nous avons récupéré Eric et sa barque que nous avons remorquée jusqu'à la marina. Sur le quai, Nicholas nous attendait avec sa Jeep. Véritable pièce de musée le véhicule décapoté avait conservé les couleurs originales (vert entaché de brun). Il n'y avait qu'un siège, celui du chauffeur; alors Nicholas nous a installés à l'arrière deux grosses caisses de bois en guise de bancs. Lorsque nous sommes partis nous avions vraiment l'air d'un commando en mission chacun étant emmitouflé à un tel point que nous étions sûrement méconnaissables. Les vitesses grinçaient et la jeep roulait parfois en saccades. Nous prenions un plaisir fou alors que la pluie tombait averse. A un carrefour, notre comportement étant surement insolite, nous avons interpellé un couple B.C B.G qui circulait dans une belle "Lincoln". Le chauffeur a eu un moment d'hésitation avant d'amorcer le tournant; la passagère, elle, a continué à nous observer avec étonnement. Nicholas nous a regardés et cela a été l'éclat de rire général. Nous effectuions vraiment une promenade folklorique. En tout cas Nicholas nous a conduit à un centre d'achat pour que l'on puisse faire nos provisions. A 13H45 nous étions de retour à bord, encore sous l'effet des éclats de rire qui reprenaient facilement. Par contre, nous nous sommes empressés de changer de vêtements parce nous étions trempés jusqu'aux os. Dans l'après-midi j'ai changé de mouillage, sur le conseil et l'aide de Nicholas. Pendant ce temps Anne-Marie commençait à préparer le repas du souper en s'appliquant puisque nos deux amis Nicholas et Eric étaient nos invités. Le mauvais temps a duré toute la journée et c'est vers 20h00 sous une pluie battante que nos amis sont arrivés. Anne-Marie a annoncé le menu : foie gras (venant de notre petite réserve) et tournedos sauce madère accompagné d'un Bordeaux acheté aux État Unis (Mouton Cadet). Avant de se mettre à table Nicholas et Eric ont du enlever leurs imperméables ruisselant impossibles à mettre à sécher tellement l'atmosphère du bateau était humide. Personne n'a été dérangé pour autant et nos invités avait une tenue de cérémonie : veste blanche et nœuds papillon mais en jean . Ils avaient beaucoup d'humour et cela nous plaisait. Tout au long du repas il a été question de l'Archipel. Nous leur avons vanté les atouts de nos îles avec des illustrations des dépliants touristiques. Et au digestif, nous leur avons fait écouter le CD du groupe local "Belle Rivière". Nicholas et Eric nous ont quitté à 23H30. Ils semblaient heureux. Comme il faisait très mauvais Nicholas a accompagné Eric jusqu'à "Adèle" avant de regagner "Anathéma". Nous les avons aidés au mieux avec le projecteur. Pour nous, il restait avant de se coucher, à faire la plonge. Le lendemain, le temps ne s'était pas beaucoup amélioré. Cependant nous sommes descendus à terre pour rejoindre Nicholas qui désirait nous montrer son atelier. Sa propriété était située près du bassin et il louait la maison principale. Par contre l'atelier y attenant, équipé pour tous travaux (réparation de coque en fibre de verre et toile de voiles), lui servait également de logement quant il restait à terre. En ce moment il étudiait la possibilité d'utiliser un chauffage avec récupération de l'eau de condensation. Il nous a fait une théorie sur le système qu'il expérimentait sur la goélette. Nicholas effectuait aussi des travaux de maintenance sur les voiliers se trouvant dans les marinas. Peu argenté, il recherchait les moyens les plus économiques pour vivre sur sa goélette. En faisant le tour de son atelier nous avons constaté qu'il possédait un outillage varié ainsi qu'une machine à coudre pour les voiles. Par surprise, comme un magicien, il nous a sorti des quelques morceaux de tissu qui se trouvaient sur l'établi, deux drapeaux de sa confection: un français et un américain. Il avait pris bonne note de notre histoire de drapeau perdu et de l'impossibilité de se fournir ici. Nous étions heureux parce que nous tenions à notre drapeau national. Nous avons ensuite quitté notre ami pour aller poster des cartes postales. De retour au bateau nous avons installé les drapeaux sur la hampe amovible que nous fixions à l'arrière, à l'entrée et à la sortie des ports. Le vent et la pluie nous ont obligés à rester à l'intérieur. J'ai consulté la carte en préparation du prochain départ et j'ai noté les coordonnées géographiques à porter dans le GPS. Comme nous serons sur l'océan, j'ai enregistré des waypoints jusqu'à Barnegat. Cela correspondait à un parcours de 62 miles nautiques. Pendant ce temps Anne-Marie faisait le bilan financier à l'aide de ses relevés quotidiens. Ensemble ensuite, nous avons fait le point sur les comptes. Ceux-ci laissaient apparaître que les dépenses imprévues s'étaient bien vite accumulées suite à la défaillance du Loran et du radar et à la panne mécanique survenue à Québec. 
En définitive à cause des ennuis matériels et de la fluctuation du dollar (cd = 4,60 frs et US = 6 frs) notre moyenne mensuelle des dépenses était trop élevée. Nous avons décidé de réajuster.  Nous étions alors fixés sur nos comptes. Il était 19 heures, Anne-Marie s'est mise à la cuisine pour préparer le souper. Dehors, le vent de Sud-Ouest, accompagné d'averses de pluie, soufflait à 25, 30 nœuds bousculant le "Wickie" dans tous les sens. Nous faisions presque la toupie sur notre bouée d'amarrage et nous dansions sur les vaguelettes. C'était incorfortable. Au cours du repas qui fut léger nous avons fait le bilan moral de notre parcours d'environ 2000 miles nautiques. Nous avions, en fait, effectué la moitié de l'itinéraire prévu pour nous rendre à St-Petersburg en Floride. L'analyse était positive parce que malgré les quelques difficultés rencontrées nous nous sentions capables de poursuivre. Anne-Marie qui savait, qu'à tout instant elle pouvait renoncer, supportait très bien la vie à bord malgré l'exiguïté des lieux. Par ailleurs, le voyage nous permettait d'apprécier, les rencontres mais également la magie de la télécommunication qui nous reliait par téléphone et en permanence avec la famille et les amis. Nous appelions en moyenne, deux à trois fois par semaine. Nous nous sommes aperçus de l'importance de ce contact chaque fois que nous recherchions un téléphone au cours d'une escale. La famille était avec nous par ce biais mais aussi grâce aux photos qu'Anne-Marie avait accroché dans la timonerie. A chaque port et pour leur permettre de suivre notre itinéraire, nous écrivions des cartes postales aux enfants et à notre petit-fils Maxime. Grâce à tout cela, Le moral restait bon et l'aventure était toujours aussi excitante pour tous les deux. Fiers de ce bilan nous nous sommes embrassés tendrement comme deux amoureux qui repartaient pour une nouvelle aventure. Le lendemain nous avons annulé notre départ en raison du vent fort d'Ouest. Grâce à cela, dans l'après-midi Eric nous a offert la bouteille vide de champagne sur laquelle étaient collées les étiquettes de la jeep. A 19 heures, c'est Nicholas qui est venu à bord avec un plat de sauce : une sauce rouge, à base de betteraves. Il l'appelait la sauce de l'amour à mélanger aux spaghettis. Il nous a donc demandé si il pouvait cuire des spaghettis à bord. Nous étions d'accord bien sûr. Lorsque la préparation fut terminée il nous l'a offerte en la baptisant : le menu des amoureux. Ce n'était pas le top sur le plan gastronomique et le bateau bougeait beaucoup. Anne-Marie était mal à l'aise. Mais le geste était si apprécié qu'elle a quand même fait l'effort de goûter. De mon côté, j'ai mangé mais je ne suis pas retourné au plat.. Nicholas ne s'en est pas aperçu. Il était si fier de sa recette que nous ne voulions pas le décevoir. Après le repas il m'a montré comment mesurer l'intensité d'électricité de l'électrolyse sur différents points mécaniques du bateau. Nicholas nous a quittés vers 22H30. La nuit a été plus sereine puisque le vent s'était calmé.

Staten-Island.jpg 


6ème épisode ... à venir

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 13:36

 

 

 


  GREAT KILLS HARBOUR(STATEN ISLAND) - NEW YORK - FERNANDINA BEACH



Au réveil nous avons découvert un beau soleil. Le vent était Nord-Ouest 15, 20 nœuds; le temps idéal pour reprendre la mer. Nous avons quitté la bouée vers 8H30 . Nicholas avait hissé son énorme drapeau américain sur sa goélette et il nous saluait. Nous avons fait le tour d”Anathéma” et d'”Adèle” en donnant quelques coups de sifflet puis nous avons pris le chenal de sortie du bassin. Nous sommes allés sur “Raritan Bay East Reach” pour prendre ensuite “Sandy Hook Channel”.

 

Barnegat : nous sommes ici dans le New Jersey : l'un des treize premiers Etats indépendants à s'être uni en 1787. Situé sur la côte atlantique il a une superficie 21 300 km2 et une population d'environ 7 500 000 habitants massés principalement au N.E. près de New York et à l'Ouest près de Philadelphie. La capitale est : Trenton. Cet Etat fut la patrie d'illustres hommes : comme Alfred Kroeber, ethnologue américain, décédé à Paris en 1960;  John Marin, peintre américain connu par ses tableaux notamment ses aquarelles consacrés aux paysages et les grandes constructions. 

Par une mer parfois agitée tant par le vent que par le trafic nous sommes arrivés sur l'océan où nous avons trouvé des meilleures conditions. Il nous aura fallu 6 heures de navigation pour atteindre le port de Barnegat. Le premier écueil de l'entrée, nous l'avons découvert en nous échouant sur un banc de sable.  Ce beau sable fin mais mouvant au gré des marées et en particulier à l'entrée des ports.  Par manque de vigilance et parce qu'une autre vedette venait de passer, j'ai emprunté un chenal infranchissable à marée de jusant .Cependant et comme je n'allais pas vite, l'échouage a été léger. J'ai demandé du secours mais les propriétaires des embarcations qui passaient pensaient que je les saluais (du moins, je crois...). Avant que la situation ne s'aggrave j'ai pris l'initiative d'utiliser mon annexe (un zodiac de 2,70m)avec le moteur de 4CV pour tirer le “Wickie”. Par bonheur j'ai réussi et je suis remonté à bord immédiatement pour manœuvrer le bateau afin de rentrer au port. Tout s'était bien terminé et nous en étions bien heureux. Nous avons pu  nous rendre compte durant notre escale que les échouages étaient fréquents à l'exemple d'un voilier le soir même et le lendemain d'une autre embarcation qui a eu recours au “towing boat” (bateau de remorquage).La nuit à Barnegat fut tranquille et dès 9H20 le lendemain matin nous avons appareillé en direction de Cape May. La météo était favorable ; elle annonçait des vents de Sud-ouest 10 à 15 nœuds. Jusqu'à 11H30 tout a bien été. La mer avec le vent faible de travers nous a permis de profiter du soleil en naviguant le toit ouvert. Mais rapidement, le temps s'est modifié et nous avons dû fermer le toit. Des moutons se formaient sur la crête des lames et la force du vent augmentait. Nous étions à une heure environ d'Atlantic City mais n'ayant pas envisagé y faire escale je n'avais pas pris connaissance des lieux. J'ai laissé faire les choses et en ralentissant j'arrivais à naviguer assez confortablement. Mais la mer devenait plus mauvaise et chaque fois que nous franchissions une lame le bateau tapait. Le bac, attaché sur le pont avant et dans lequel se trouvaient les deux ancres, sautait de plus en plus. Je craignais qu'il parte à l'eau en arrachant la rambarde. Et pourtant je n'avais pas le choix, je devais continuer toujours dans la même direction. Voyant que cela persistait, j'ai demandé à Anne-Marie de prendre la barre le temps que j'aille ressaisir le bac. Elle a refusé de crainte de ne pas pouvoir gérer la situation. Elle a préféré aller elle-même,  équipée de sa veste de sauvetage. Pendant qu'elle s'avançait sur le pont à quatre pattes, je tenais le bateau à petite vitesse face à la lame. Elle a tenté de serrer les cordes mais elle manquait de force.  Il a fallu qu'elle s'y prenne par trois fois pour enfin réussir. Elle a été courageuse parce qu'à chaque fois, malgré mes efforts pour l'éviter, des paquets de mer couvraient le pont. Nous reprenions la route, l'esprit plus tranquille quand soudain, Anne-Marie remarqua que l'annexe  s'était détachée sur le côté. Ne pouvant bouger de la barre encore une fois, je lui ai demandé de chercher un morceau de filin pendant que je ralentissais le bateau. Elle en trouva un et par chance avec un mousqueton; c'était parfait. Grâce à ce mousqueton elle a pu accrocher le Zodiac par l'anneau situé à l'avant. Encore une fois, Anne-Marie avait bien réagi. Les conditions de navigation restaient désagréables et lorsqu'il a fallu changer de cap pour rentrer à Cape May c'est devenu infernal. Avec le courant les lames qui nous arrivaient sur le travers, nous faisaient rouler violemment. Tout tombait à l'intérieur du bateau. Tout était  sens dessus dessous. Anne-Marie accablée de fatigue ne se sentait pas bien. Elle s'était assise sur le seuil de la porte, incapable de faire quoi que ce soit. 45 minutes de galère qui nous ont paru des heures. Lorsque nous sommes arrivés entre les deux digues où nous avons trouvé un calme relatif mais sécurisant, nous avons soufflé. En zone de mouillage j'ai réussi à saisir la bouée à l'aide de la gaffe malgré ma raideur physique.  J'étais comme paralysé. J'avais la nuque raide et de la difficulté à bouger les bras.  Anne-Marie qui n'était pas mieux, a été obligée de me masser pour me rétablir. Une heure plus tard notre condition physique s'était améliorée et à 21 heures nous étions couchés assommés par la fatigue. Nous sommes restés 4 jours à Cape May ce qui nous a permis de laver le linge et d'effectuer quelques menues réparations sur le bateau. Nous avons profité de visiter un peu ce qui nous a amené sur une superbe plage de sable fin, lieu de villégiature très prisé en été. Aux abords de cette plage  s'imposaient quelques hôtels mais surtout de nombreuses et superbes propriétés privées. Elles étaient d'une architecture du style colonial anglais caractérisé par ses colonnes façonnées qui ornaient les façades. Lors de nos  errances en milieu commercial nous avons rencontré un naufragé québécois qui avait dû, deux jours avant, couper court à son périple vers la Floride. Accompagné d'un copain sur son voilier de 35 pieds Michel faisait route et à l'entrée de la baie de  Delaware, en raison du mauvais temps, ils ont touché un récif. Non seulement ils avaient une voie d'eau mais les déferlantes ont couché le bateau sur le côté par deux fois. Après avoir demandé du secours  ils furent héliportés par la garde côtière américaine. Ils ont réussi à récupérer le bateau le lendemain et l'ont  fait remorquer jusqu'à Cape May. Bien endommagé il a été sorti de l'eau et remisé sur un parking d'une marina. Le copain ayant du repartir pour Montréal, Michel était resté seul  encore un peu choqué par ce naufrage. Il nous a invités à manger à bord de son voilier le soir du 26 octobre et le lendemain  nous l'avons reçu sur le Wickie. Ce jour là nous avons quitté la marina  où nous nous étions installés par commodités, pour nous remettre au mouillage. Le 28 octobre après une nuit mouvementée à cause du vent et de la pluie nous avons repris la route. Le canal de Cape May franchi nous sommes rentrés dans la baie de Delaware. Le vent avait tombé mais la mer était restée forte. 10 minutes de marche dans une mer de force 6 c'était trop pour le Wickie et son équipage. Nous avons fait demi tour pour nous réinstaller au mouillage une nouvelle nuit. Au fait le lendemain nous ne pourrons encore pas bouger. Le matin du 30 octobre nous avons levé l'ancre et repassé dans le canal reliant le port de Cape May à la baie de Delaware. Ce canal permet aux petits bateaux à moteurs et aux voiliers d'éviter de sortir sur l'océan pour rentrer dans la baie. Deux ponts sont à passer, il s'agit de « turning bridges » ponts tournants. Arrivés sur la Delaware nous avons navigués dans des conditions agréables et sous de beaux rayons de soleil l'après-midi. L'air est un peu frais mais nous arrivons à ouvrir le toit. En suivant le balisage nous nous dirigions vers le C &D canal (Canal de la Chesapeake et de la Delaware) qui relie les deux baies. A l'approche de l'entrée de ce canal j'ai pu observer aux jumelles deux panneaux sur lesquels il était inscrit « Vérifier l'état de votre gouvernail avant d'emprunter le canal ». Nous nous sommes dits qu'il ne devait pas y avoir de postes d'arrêt ni de mouillages dans ce canal. Est-ce une coïncidence ? A quelques encablures de l'entrée du canal mes gouvernails se sont cassés (du moins c'est ce que je pensais pour avoir vécu une situation similaire dans la baie de l'Hermitage à Terre Neuve). Ne connaissant pas du tout les environs en dehors du canal que j'avais situé sur la carte, je me retrouvais dans une grande rade sans gouvernail. Un gros cargo y rentrait et lorsque j'ai aperçu le bateau pilote qui l'accompagnait dans la rade, j'ai demandé de l'aide par la radio VHF.  Le capitaine m'a répondu qu'il s'occupait d'avertir une compagnie de remorquage qui stationnait à une marina toute proche. J'ai jeté l'ancre pour attendre. Lorsque le responsable de la marina m'a rappelé il m'a demandé si je pouvais manœuvrer seul. Je lui ai répondu positivement puisque le Wickie est équipé de deux moteurs.  Il m'a alors indiqué le balisage et quelques repères pour me permettre de situer la marina.  Le guindeau étant en panne je devais monter l'ancre à la force des bras. J'ai  souffert pour la relever parce qu'elle se trouvait à huit mètres de profondeur. En bout de course l'ancre paraissait avoir doublé son poids. C'est  très essoufflé que j'ai repris les commandes du Wickie.  La marina était si bien encaissée que je n'arrivais pas à distinguer l'entrée. Le remorqueur est alors sorti pour nous récupérer . Aussitôt arrivés, le Wickie a été sorti de l'eau. A ma grande surprise j'ai remarqué que mes deux gouvernails étaient intacts. J'ai recherché d'où venait le problème et c'est dans le compartiment arrière du bateau que j'ai découvert que c'était la clavette corrodée du bras hydraulique des gouvernails qui avait cédé .J'ai tout de même demandé à rester sur le travelift jusqu'au lendemain pour changer les hélices . J'ai installé celles que j'avais fait refaçonner à Terre Neuve. J'ai également profité de changer les anodes des arbres d'hélices. Dès les travaux terminés, le bateau a été remis à l'eau et nous nous sommes attachés au quai de la marina. Le  31 octobre le temps a été exécrable : un vent fort, une basse température et, fait surprenant pour l'endroit, la chute des premiers flocons de neige. Ce n'était pas le temps idéal pour le moral. Cependant nous étions à nouveau prêt à reprendre la poursuite du voyage avec l'assurance d'avoir de bons gouvernails  Le 1er novembre a été une journée très morose surtout pour Anne-Marie. Et au réveil, le mardi 2 novembre, nous sentions sur nos têtes la fraîcheur de l'air  qui nous faisait apprécier d'être dans le sac de couchage. Mais nous devions nous lever. Nous avons remarqué qu'il faisait froid à l'extérieur puisque le bateau luisait au soleil à cause de la fine glace qui le recouvrait. Quitter ce petit coin isolé cela nous donnait du baume au cœur malgré la température. Emmitouflés comme en hiver nous reprenions nos postures habituelles: Anne Marie à ma droite assise sur le dessus du petit mur servant de rambarde d'escalier  et moi au volant à sa gauche. Particularité du bateau du fait de sa construction en Angleterre, les commandes se trouvent à bâbord et la descente dans le poste avant à tribord. C'est avec la conscience tranquille que nous avons franchi le C&D canal là où la consigne affichée était de vérifier l'état du gouvernail avant de rentrer. Au cours de la traversée du canal nous avons pu localiser une aire de mouillage, d'une capacité de 6 petits bateaux ou voiliers, qui se trouvait en face d'une marina où l'arrêt au quai ne devait pas durer plus d'une heure. Avec le livre des cartes du Maryland et de la Virginie sous les yeux nous sommes entrés dans la baie de Chesapeake après avoir passé TURKEY Point sur le fleuve ELK.

En se remémorant un peu d'histoire il est impossible de ne pas penser à la guerre d'indépendance des Etats Unis qui débuta le 4 juillet 1776 après rejet de l'autorité du roi d'Angleterre  ( le 4 juillet est depuis fêté comme "independance day" dans ce pays). Lié à B. Franklin, l'un des pères de l'indépendance, le précoce officier de la marine française Marie Joseph MOTIER, le marquis de Lafayette partit en Amérique en 1777 pour participer à cette guerre. Il n'avait que 20 ans (Lieutenant à 16 ans). Le comte de Rochambeau qui commandait une troupe de 6000 hommes et Lafayette avec sa flotte ( période1780-1781) ont honoré la contribution française en participant à la victoire sur les anglais à Yorktown en Virginie, au cours de la bataille appelé " la bataille de la baie de Chesapeake". Cette victoire a mis fin à la guerre d'indépendance par le Traité de Paris. Les américains  attribuèrent alors à la France le surnom de "nourrice d'Hercule", ce qui était un grand honneur. De même que Thomas Jefferson rendit hommage aux français en déclarant que "chaque homme a deux patries : son pays et la France.

 

 Nous ne pouvions nous servir des balisages portées sur les cartes du livre parce qu'il s'agissait d'une ancienne publication qu'un ami nous avait prêtée. Cela ne posait pas de problèmes majeurs puisque les chenaux étaient parfaitement balisés. Par contre ce livre de cartes nous rendait un énorme service dans l'identification des abords de la baie.  Ainsi nous savions à quel moment nous nous trouvions en face de Baltimore ou d'autres villes. Le trafic nous indiquait l'importance de la ville. Alors Baltimore, dans le Maryland a attiré notre attention en raison de ses activités portuaires et industrielles que nous pouvions apercevoir facilement. Cette ville de près de 900 000 habitants possède une zone urbaine de plus de 2 000 000 d'habitants. Son université John Hopkin est célèbre notamment pour son centre de recherche médical. La Baie de Chesapeake située dans le Maryland et le nord de la Virginie est longue de 280 km et large de 30. Au nord le fleuve de la Susquihanna  et à l'ouest celui du Potomac s'y jettent. Sur la côte Ouest, en dessous de Baltimore, il y a aussi Annapolis qui est un grand port de plaisance. Hampton est à son extrémité près de Norfolk. Durant les deux jours et demi de navigation dans la baie nous avons franchi le pont de la baie qui passe au dessus de l'île Kent. Cet énorme pont de 12 km relie les deux rives de la baie et se nomme le « William Preston Lane JR memorial Bridge » Il nous a fallu aussi beaucoup slalomé entre les nombreuses bouées de pêcheurs. La première nuit nous étions à l'ancre près du voilier « storytoller » à Rhode River et la seconde nuit à la Marina « Ingram Bay » à little Wicomico. La mer s'était agitée un peu ce jour là lorsque nous avons traversé l'embouchure du fleuve Potomac, ce fleuve long de  450 km, qui mène jusqu'à Washington DC la capital des USA. On a d'ailleurs pu remarquer une zone de surveillance très sensible à Point Lockout.

Avant de quitter Ingram Bay Marina lieu très paisible où nous avons fait des connaissances, nous avons pris du fuel. Le soir même vers 16 heures nous nous trouvions à Scott's Creek Marina à Portsmouth en face du port militaire de Norfolk. Nous nous trouvions alors en Virginie à proximité d'un arsenal militaire impressionnant (transporteurs de troupes, porte-avions, croiseurs, sous-marins etc.…) Etant à la marina Anne Marie a profité de laver du linge et nous avons également communiqué avec la famille par téléphone. Le fait d'être arrivé à hauteur de Norfolk représentait pour nous une nouvelle et importante étape sachant que nous nous trouvions alors au départ officiel de l'Intracostal Waterway (la route maritime de l'intérieur de la côte) Cette voie navigable selon le livre de cartes a 12 pieds de profondeur de Norfolk à Fort Pierce, distance du parcours  985.5 miles et 10 pieds jusqu'à Miami distance105 miles. La plus grande partie de la voie est protégée des vents forts et en général des mauvaises mers. Cependant avant Fernandina et en particulier aux entrées de nombreux ports des courants forts au-delà de 4 nœuds rendent la navigation plus délicate. Le balisage y est très bien implanté avec bouées et poteaux marqués à la tête par des panneaux aux formes géométriques, le tout aux normes du système international de navigation (zone2) La maintenance de tout le système est confié à la garde côtière. A Norfolk au Mile 0 notre position est  Longitude = 76°18' et latitude = 36°51'. Comparée à la position géographique de Saint-Pierre L=56°10'  l =46°47' je constatais que nous étions 20° plus au sud soit à 1 200 miles nautique de l'Archipel. J'exultais de me voir entreprendre l'ICW et j'en faisais profiter Anne Marie en lui disant que la suite de la route devrait être un long fleuve tranquille. Aujourd'hui vendredi 5 novembre  (Fête de Sylvie) le temps pluvieux fera la morosité du jour malgré le bonheur d'hier. Nous quittons la marina à 10h45 et passons une écluse à 13 h pour ensuite nous installer à un quai public près de Chesapeake City à Great Bridge. Cela nous a permis de faire nos victuailles. Dans la soirée Anne Marie a fait une crise de cafard alors pour la libérer un peu j'ai fait cuire le poisson acheté (flétan et perche) pour le souper. Il y avait un moment que nous n'avions pas mangé de flétan frais. Pour se remonter le moral nous avons pris l'apéritif ensemble. Le remède a été efficace parce que le repas s'est passé dans la bonne humeur. Le lendemain j'ai fait vérifier mes moteurs par un mécanicien de chez Volvo Penta, parce  qu'ils fumaient beaucoup. Cette intense  fumée des gaz d'échappement nous valait parfois des remarques des propriétaires de bateaux dans certaine marina. J'évitais donc de chauffer les moteurs à l'intérieur de la marina. J'ai parlé de ce problème avec le mécanicien qui m'a répondu après contrôles faits que le phénomène était normal puisque tous les paramètres étaient bons. Ravi de ce constat j'en ai profité pour acheter les pièces de maintenance des moteurs. Nous avons quitté le quai public à 11 heures.

Durant la traversée jusqu'à la marina de Midway à Coinjock il nous est arrivé une petite aventure inattendue. Avec les mouvements du bateau, la grande gaffe accrochée à l'extérieur, près de la porte, s'est décrochée et s'est retrouvée bloquée en travers de la porte. Nous étions alors prisonniers à l'intérieur du bateau. Heureusement j'ai pu utiliser  le toit ouvrant pour sortir et libérer la porte d'entrée. Nous étions au Mile 35, en Caroline du Nord. Cet Etat  d'une population de plus de 8 millions d'habitants est divisé en 100 contés ; sa capitale est Raleigh. Nous avons passé la nuit à la marina Midway. Après Coinjock, nous sommes allés jusqu'à Bell Haven dans  une zone de mouillage. Sur le parcours nous avons du faire une escale à la marina Sea Gate à Newport pour faire du fuel. Juste avant de traverser le port de Beauport nous avons été fasciné par un superbe arc-en-ciel qui entourait le soleil. La couronne de toutes les couleurs m'a influencé et mon admiration m'a conduit à la prière, à cette prière que je récite chaque jour le matin et le soir et que je termine par le souhait suivant, « Mon Dieu, Seigneur, Jésus Christ, Sainte Vierge Marie et tous les saints protégez nos enfants, notre petit-fils nos familles nos amis et faites que le monde soit toujours meilleur". Et je rajoute depuis le début du voyage :  et faites que je conduise Mamy à destination et que je puisse la ramener en forme et heureuse à Saint-Pierre. Je remercie Dieu de me maintenir cette foi qui m'a aidé et m'aide encore tous les jours.

 

L'escale du soir a été au mouillage à nouveau et cette fois à Brood Creek. La nuit a été difficile  parce qu'en raison du courant nos étions toujours en mouvement et le fond ensablé ne rendait pas le mouillage fiable. Cela  s'est confirmé car dans la nuit, vers 3h30, j'ai du relever l'ancre pour revenir à notre position initiale. Le Wickie s'était trop rapproché de l'étroit chenal. Nous avons du faire la même chose à 5h30. Le vent de nord-est souffle à 25/30 nœuds ce matin du mardi 9 novembre. La nuit a été difficile comme je viens de le dire et il pleut. Peu de temps après avoir quitté le lieu de mouillage, alors que j'alignais le Wickie par rapport à la bouée verte "45A" du chenal, j'ai senti que la coque touchait le fond. J'ai tenté de rattraper notre trajectoire en cherchant le milieu du chenal mais le courant et le vent aidant je n'ai pas réussi et nous nous sommes échoués. La manœuvre a été difficile mais je devais absolument déséchouer le bateau avant que nous soyons trop poussés vers ce fond de gravillons et de rochers qui se trouvaient juste après. Arprès essais infructueux avec le dinghy, j'ai été contraint de forcer les machines et par bonheur j'ai réussi à éviter l'échouage compromettant et définitif. Par contre j'avais fait quelques dégâts à l'arbre de couche du moteur gauche. Les fortes vibrations occasionnées par cet avarie m'ont obligé à faire tourner le moteur au ralenti. J'ai apprécié d'avoir les deux moteurs pour poursuivre ma route dans de telles circonstances. Il était 8 heures.  Garder le moteur gauche en marche me permettait de mieux gouverner pour atteindre une marina toute proche. Celle-ci ne se trouvait qu'à 1 mile et c'est à 8h30 que nous sommes rentrés à Dudley's marina à Swansboro, marina équipée de quai sur pilotis. A 8h45 nous étions sur une petite cale de halage où nous avons pu faire le constat des dégâts qui étaient : arbre de couche courbé ainsi que l'hélice et le sabot du sondeur brisé. Il y avait également quelques petits coups sur la coque mais pas trop graves. Les responsable de la marina n'était pas sûrs de pouvoir redresser l'arbre et ne nous garantissaient pas de faire les travaux avant la fin de la semaine. La journée a été infernale. Anne Marie n'avait pas le moral, la pluie tombait averse et il y avait un doute pour démarrer les réparations.
Une bonne nouvelle aurait pu nous changer les idées mais non. Lorsque l'on a appelé Saint-Pierre et après avoir parlé à Sylvie, notre petit-fils Maxime a dit pour la première fois "Mamie" à Anne Marie. Ce fut alors un autre déluge… mais de larmes. C'est vrai que les événements accentuaient l'ennui. En début d'après midi le réparateur nous a annoncé que l'arbre était redressé ; ouf ! et que les réparations pourraient se faire assez rapidement. En effet dès le lendemain à 17h15 le bateau était remis à l'eau réparé. Nous avons du faire un grand nettoyage du pont et de la timonerie. Lorsque le gérant de la marina m'a remis la facture, nous avons pris un autre coup au moral mais nous étions prêts à reprendre le large. Le jeudi 11 novembre à 7h45 nous avons quitté la marina Dudley's pour poursuivre la route sur l'ICW. Certains passages étaient encore délicats en raison du vent et du fond. D'ailleurs durant notre étape à la marina, trois bateaux se sont échoués, 2 voiliers et 1 à moteur. Il a même fallu l'intervention d'un petit remorqueur (towing boat) pour dégager celui à moteur. Après avoir passé Wrighsville nous avons jeté l'ancre dans une zone de mouillage appelée Sea Breeze à Carolina Beach toujours en Caroline du Nord. Le temps étant calme et la température agréable, j'ai profité de changer l'huile des moteurs. Après le souper nous avons consulté les cartes du parcours pour rechercher une nouvelle zone de mouillage pour le lendemain. Durant les deux jours suivants de navigation nous avons senti les modifications de la température, et de la végétation. 13 et 15° avec du soleil quelques petits palmiers et des hérons. Ces éléments qui indiquaient que nous avions franchi la Caroline du Sud. Les limites se situaient après Bonaparte Creek au mile 341 ; position : L=33°52 ‘, l =78°24'. Le décor se rapproche de celui des tropiques et on remarque la présence des pélicans, des oiseaux assez laids comparés aux jolies aigrettes qui se tenaient près d'eux.
 Entre le lieu de mouillage  Enterprise Ldg  et Isle Of Palms, nous avons parcouru  85 miles avec un arrêt à Pompano-Holden Beach Marina pour acheter 2 reniflards (filtres du circuit d’huile) et une fin de journée plutôt stressante à cause des étroits passages sur la voie après Wynyah Bay. Arrivés à Wild Dune Marine à l'Isle of Palm, nous nous sommes installés à un quai parmi de superbes yachts de 15m et 20m de long. Nous nous trouvions prêts à relaxer dans un décor tropical . Le premier soir aux environs de 22 heures  un cri strident a attiré notre attention  et après avoir ouvert la porte de la timonerie nous avons aperçu sur le ponton très près de notre bateau un grand héron cendré. Nous avons été très surpris car il semblait chercher à manger. J'ai tout de suite pris mon caméscope pour le filmer malgré l'obscurité. Quant a Anne-Marie elle a voulu prendre une photo mais son appareil n'a pas fonctionné.

 

Le lendemain le temps était ensoleillé et la température a atteint les 20°. Nous nous sommes promenés sur la belle plage de sable blond. Anne-Marie a marché, moi j'ai couru. C'était le bonheur. A proximité se trouvaient deux beaux terrains de golf et les nombreux joueurs utilisaient de caddies carts pour se déplacer. Nous avions récupéré une diversités de coquillages vides qui jonchaient la plage. Durant le séjour de 3 jours j'ai fait réparer les hélices de secours, nous avons profité de nettoyer entièrement le bateau (intérieur et extérieur) Nous avons eu l'occasion de rencontrer des gens agréables et de discuter de voyages. J'ai aussi rédigé mon rapport d'accident que j'ai envoyé à notre compagnie d'assurances à Saint-Pierre. 
Le mercredi 17 nous nous sommes ravitaillés en eau et fuel pour quitter la marina à 13 heures et poursuivre notre descente vers le sud. Belle et chaude (22°) l'après-midi l'a été jusqu'à Little Britton Island notre lieu de mouillage. Le jeudi c'est à Beaufort que nous avons jeté l'ancre.

 

 











Nous étions au "mile 535" et sur la rivière de Beaufort où le courant était actif. Nous avons installé nos deux ancres et nous avons débarqué à un petit quai spécialement aménagé pour annexes de bateaux. Nous étions pratiquement au centre ville, cette petite ville historique de la Caroline du Sud chiquement entretenue où l'armée est très présente. Il y avait une station militaire à Parris Island et un musée aéronavale. Avec les dépliants touristiques récupérés à la chambre de commerce nous avons situait un centre d'achat, sur la rive opposée. Nous avions absolument besoin de faire des provisions alors nous sommes allés à la marina Ladies Island  où nous avons eu l'autorisation de stationner gratuitement le temps de faire nos achats. Le centre commercial étant assez éloigné le chariot à provisions que nous avions acheté à Little Bridge (Chesapeake City) nous a été très utile. Notre zodiac était bien chargé au retour au bateau. Et le menu du souper a été un copieux barbecue (côtes de porc) avec du bon pain à l'ail. Le lendemain après vérification, maintenance et nettoyage des moteurs nous sommes descendus à terre pour visiter un peu. Nous avons par la même occasion fait des achats de Noël puisque le décor s'y trouvait déjà et les produits aussi bien sûr. En nous promenant sur la rive opposée nous avons trouvé avec une grande joie une chapelle catholique « St Peter's Church » Nous y sommes rentrés pour prier. Nous avons apprécié, car les églises catholiques sont très difficiles à trouver, et peut-être parce qu'elles sont trop éloignées de la voie navigable. Descendus pour poster des colis de Noël pour Saint-Pierre nous avons, le lendemain, profité de retourner prier à Saint-Peter's Church. En fin de matinée nous avons levé les ancres pour reprendre sous un beau soleil, notre navigation sur l'intracoastal waterway. Quatre heures plus tard nous avons mouillé à nouveau à l'Isle of Hope. A 18h10 le dimanche 21 nous reprenions la route et à hauteur de St Simons Sound (sortie sur mer) le passage a été plus agité. La zone de mouillage du soir a été Waily's Leg. J'ai essayé de pêcher mais je n'ai rien pris pourtant le sondeur m'indiquait qu'il y avait du poisson. Ma boëtte ne convenait peut-être pas surtout qu'il s'agissait de morceaux de fromage ; quoique j'avais déjà pris du chat de mer quelques semaines auparavant. En raison du vent nous sommes restés une journée supplémentaire sur cette zone malgré l'instabilité du mouillage même en utilisant l'ancre et le grappin. Enfin dans l'après-midi du 22 à 14h30 nous avons trouvé l'endroit adéquat. Journée bien occupée (un peu de pêche, manœuvre du bateau, entretien divers dont nettoyage et peinture du hibachi, observation de la suite du parcours) ne m'a pas empêché  de faire une grosse crise de cafard en soirée. J'ai d'abord eu un manque d'appétit et je suis tombé dans une mélancolie au point de sangloter pendant un long moment. Anne-Marie a tenté de ma consoler mais je crois qu'il fallait que ce trop plein (probablement excès de fatigue plus ennui) devait se vider. J'ai pu me ressaisir et tout de suite après je suis parti me coucher pour une nuit de repos. La nuit a été récupératrice et le mardi 23 novembre nous sommes repartis pour une journée de navigation par vent assez fort de N.E. mais avec un temps ensoleillé et une température entre 18 et 23° . A hauteur de St Mary's Entrance (entrée de l'océan) un sous-marin nous a croisés, escorté de deux remorqueurs de la garde côtière américaine et se dirigeait vers Cumberland Sound la base des sous-marins américains. Il filait à bonne vitesse et nous a bien surpris par l'énorme remous de mer qu'il a créé. Nous avons subi un roulis particulièrement  inconfortable.  Arrivés à Fernandina Beach nous avons tenté de nous mettre dans la zone de mouillage face à la marina mais il ventait trop. Nous sommes alors rentrés à la marina. Une fois bien installés, nous avons crié un " Hourra ! Nous sommes en Floride " . Effectivement nous étions rentré dans l'Etat de Floride à la marque "714" c'est-à-dire au travers de Cumberland Sound et la rivière St.Marys.

Etape exceptionnellement apprécié, donnant un sentiment d'objectif atteint. Cela valait une soirée exceptionnel au restaurant. Anne-Marie a choisi un restaurant italien le « Pompoes's » qui se trouvait près de la marina. Ensuite nous avons pris le temps de téléphoner à la famille mais également de laver du linge, la buanderie étant disponible; tout cela avant d'aller se coucher.

Fernandina Beach se situe, en fait, sur l'île Amélia. Découverte en 1562 par le français Jean Ribault, il l'a nommée l'île de Mai.  Ensuite l'île fut recolonisée par les espagnols en 1567. Ils renommèrent l'ile "l'île Santa Maria", y établirent une fortification et construisirent le Fort San Fernando. En 1702, les anglais prenaient possession de l'île et donnèrent le nom actuel à l'île c'est-à-dire Amélia, en honneur à la fille du roi George II roi de Grande Bretagne et d'Irlande).

 



prochain épisode : Fernandina Beach à St-Pertersburgh

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 15:10
 




 FERNANDINA BEACH -ST-PETERSBURG


 

 

Le lendemain le temps était couvert, la température aux alentours de 15° et le vent soufflait du N.E. fort. La matinée de navigation a été agréable. Anne-Marie en a profité pour terminer le rangement du linge et pour nettoyer la timonerie. Elle l'a fait comme par intuition ce matin là, parce que vers 11 heures notre bateau a été contrôlé par la garde côtière. Deux officiers sont alors embarqués à bord après s'être assuré que nous n'avions pas d'armes. Ils se sont affairés à vérifier les papiers qu'Anne-Marie avait déjà préparés et déposés sur la table. A leur première interrogation elle leur a bien vite signalé« no speak english » . Cependant elle a répondu à toutes leurs demandes d’après mes traduction. Ainsi elle leur a  présenté notre équipement de sécurité (gilets, trousse de secours, coffre à outils etc..). En donnant un coup d'œil de temps en temps pour participer malgré tout aux exigences du contrôle , je poursuivais ma route tel que me l'avais préconisé l'officier de police. Les questions ont porté également sur les raison de notre voyage  aux Etats-Unis. Dans certains cas nous avons eu des difficultés à comprendre surtout lorsque nous ne voulions pas répondre à une question embarrassante en matière d'équipement comme , par exemple, celle de l'utilisation d'un réservoir interne pour la récolte des eaux usées afin d'éviter les rejets des eaux usées dans les canaux. Comme ils n'avaient pas l'air d'avoir envie de fouiner, ils n'ont pas été trop insistants et cela nous a bien arrangé. Le contrôle a duré un peu plus d'une demi-heure. Un des officiers m'a ensuite informé qu'il m'observait maintenant  dans ma manière de conduire le bateau. Il m' a fait quelques remarques au moment de franchir certains ponts en me précisant que je devais ralentir un peu plus que je ne le faisais. Son approche était plutôt sympathique mais il m'agaçait un peu tout de même. Pour éviter que cela dure trop longtemps et sachant que je devais me ravitailler en fuel, j'ai fait jauger les réservoirs  par Anne-Marie qui m'a confirmé qu'ils étaient d'un niveau limite. Nous l'avons signaler aux officiers de police et comme nous étions près de Jacksonville ils nous ont autorisés à nous arrêter à la marina San Pablo. A l'accostage ils ont aidé Anne-Marie . Comme ils l'apprennent dans leur formation, et c'est normal, ils étaient embarqués avec beaucoup de méfiance mais ils sont repartis avec le sourire et avec chacun un petit souvenir de Saint-Pierre et Miquelon en mains. Ils nous ont félicités pour notre équipement  et notre hospitalité. Leur bateau qui nous suivait et qui était commandé par une femme est venu les récupérer au bout du quai de  la marina. J'étais heureux qu'ils n'aient pas vérifié la cale parce que je n'avais pas réussi à réparer la pompe; merci mon Dieu. Nous avons donc fait du fuel et acheté une pompe neuve. L'installation de la pompe n'a pas été de tout repos puisque la première, mise en place, ne fonctionnait pas. Je suis donc retourné au commerce pour la remplacer et recommencer l'installation avec cette fois un bon résultat..  Ensuite nous sommes allés au centre d'achat.   Lorsque nous sommes revenus à la marina nous avons trouvé les portes fermées. Il a fallu que l'on passe par-dessus la clôture pour rentrer. Quelle journée !  Nous avons repris la route le lendemain à 9h30 et à 12h00  nous avons attendu l'ouverture du pont "Villano Beach" avant de rentrer à la zone de mouillage de Sainte-Augustine. A cause du vent fort de N.O. (30) nœuds et du manque de place à la marina nous sommes allés vers Sebastian River où à la marque13 nous avons trouvé un quai libre.  Près de nous se trouvait le Kathleen II ce bateau de type Trawler que nous avions rencontré à Coinjox (Caroline du nord). Nous avions fait connaissance des propriétaires Evan et son épouse Gene.

 

   ASaint Augustine nous sommes restés 11 jours. Le séjour dans cette ville qui a conservé des sites le la colonisation espagnole, a été agrémenté d'une ambiance de fête en raison de la période de Noël.  Evan et Gene qui avait un van nous ont proposés de les accompagner lors de ravitaillement ou lorsqu'ils allaient à la buanderie. Chaque jour nous nous rendions en ville à pied. Comme il fallait traverser un quartier pauvre dont certains résidents étaient des voyous, des habitantsde ce même quartier nous ont conseillés d'être prudent surtout à la tombée de la nuit. Entre les rencontres, travaux d'entretien sur le bateau et les visites touristiques, le temps s'est écoulé très vite. Parmi ces rencontres nous avons reçu la visite d'un français malouin, Jean-Pierre, avec qui nous avons sympathisé. Il nous a invités chez lui, , le soir du 1er décembre dans sa maison construite de ses mains. Il nous a décrit sa propriété qui comportait aussi deux logements locatifs. Notre conversation de la soirée a été orierntée sur   notre archipel et  sa Bretagne natale. Nous avons passé un bon moment ensemble autour d'un repas français arrosé de champagne. Jean-Pierre nous a ramenés au bateau vers 22H.
Le lendemain, jour des 43 ans d'Anne-Marie, nous avons appelé St-Pierre et Miquelon, lors de notre balade dans la ville pour parler à la famille.

 
St-Augustine est une jolie ville qui appartient à la région de Floride découverte en 1513 par Ponce de Leon, Capitaine et navigateur espagnol. Il y fonda en 1565 le 1er établissement permanent en Amérique continentale occupé sans interruption depuis. A la recherche de la "fontaine de jouvence" il but dit-on l'eau d'un puits qui existe toujours. On trouve à St-Augustine un quartier colonial espagnol rénové, des églises anciennes, le Castillo San Marco, un fort du 17ème siècle et la plus ancienne maison en dur construite aux Etats Unis. Le soir nous avons mangé au restaurant "La parisienne" dans un décor européen. La carte des menus était très intéressante. Le moment a été  délicieux et l'ambiance musicale était très agréable.
Deux jours après, nous sommes allés visiter la ferme des alligators où nous avons pu découvrir  d'autres espèces  de la même famille dont les crocodiles.

En soirée, à l'issue de la messe que nous avons suivie à la Cathédrale de Ste-Augustine, s'est déroulée une cérémonie "spéciale Noël" ouverte sur un discours du Maire qui a inauguré  pour la circonstance un circuit d'éclairage artistique orné de  personnages sculptés. Ce circuit partait d'un bosquet du Centre ville jusqu’à la fontaine publique, sur une distance d'environ 200m. C'était superbe. Ensuite, pendant le discours du Gouverneur, une parade de chars très colorés a circulé dans la rue. Elle était sur le thème du Noël des enfants. Les personnages étaient liés aux contes de Noël ( bonhommes de neige, père Noël, rennes, lutins etc...) mais aussi au KFC (Kentucky fried chicken). D'ailleurs ce vieux Monsieur à la barbe blanche illustrant l'image de la Compagnie était présent et vêtu d'un costume blanc traditionnel. Il saluait la foule de sa voiture décapotable blanche qui était  intégrée à la parade. La fanfare suivait et de nombreuses personnes tenaient à la main, une bougie allumée . C'était une vraie fête illuminée et particulièrement féérique pour les enfants.
 












  Le lendemain nous avons fait la rencontre d'un jeune couple de l'Orégon. Suite à de sympathiques conversations nous l'avons invité à  l'apéritif du soir . Jean-Pierre, le malouin, qui nous avait rendu visite à ce même moment  est resté à souper avec nous.


 

Le lundi 6 décembre, nous avons repris l'intracostal pour descendre plus au Sud. Le soir nous avons jeté l'ancre à Daytona Beach, la ville des courses. Cette belle ville est une des plus anciennes stations de Floride. Sa large plage s'étire sur près de 45km de longueur. On y fit autrefois, sur son sable compact et tassé, les premières courses de vitesse automobile. Daytona est le rendez-vous des amateurs de course automobile et de moto. Le Speed Week s'y déroule en février, le Bike Week en mars, le Daytona 400 en juillet, le Biketoberfest en octobre et le Turkey Run en novembre. Un ensemble d'événements liés à la course et qui rassemble des gens du monde entier. Le jour suivant, après avoir franchi le canal Barge au niveau de Tittusville, nous avons accosté à un quai de Port Canaveral. C'est ici, que le soir à 20 heures nous avons eu une sacrée frayeur. Suite à une violente explosion nous avons aperçu une énorme flamme qui suivait une fusée propulsée dans le ciel laissant derrière elle un sillage de fumée blanche et noire. En quelques secondes, la flamme alors très réduite est tombée à la mer. C'était spécial comme spectacle. Nous étions impressionnés mais en observant l'environnement immédiat du port tout semblait normal. Les quelques personnes qui se trouvaient sur le quai ne paraissaient pas troublées. On s'est alors interrogé : de quoi s'agit-il ? En réalisant que le port se trouvait près des rampes de lancement de Cap Canaveral "la NASA" nous avons fait la relation avec un lancement de fusée spatiale. Ouf! ce n'était pas la guerre. Nous avons bien ri de ce moment de stupeur ridicule compte tenu de l'endroit où nous nous trouvions. Peut-être qu'un peu de stress nous avait déconnecter  de nos cartes marines. Dans les environs nous avons aussi découvert des zones naturelles protégées pour la riche faune dont les aigles pêcheurs à tête blanche (le pygargue), les aigrettes, les pélicans blancs mais aussi le manatee (le lamantin), cet énorme mammifère herbivore aquatique qui vit dans les fleuves de l'Amérique tropicale. Le pygargue, quand à lui, appelé "Bald Eagle" est l'emblème national des Etas Unis depuis 1782. Cet oiseau typiquement américain est la seule espèce d'aigle se trouvant uniquement en Amérique du Nord. L'espèce méridionale aime construire ses nids en Floride. Le secteur Prairie Lakes de la gestion de la faune Three Lakes Wildlife Management a une concentration d'aigles nicheurs supérieure à celle des 49 états des Etats Unis. On trouve l'emblème illustré en particulier dans le service des postes américains. A Cocoa , alors que nous étions au mouillage, j'ai tenté de pêcher avec du fromage comme appât. A ma grande surprise, j'ai pris trois chats de mer d'une quarantaine de centimètres que j'ai rejeté à la mer. A la poursuite de note route et avant notre entrée à Véro Beach nous sommes passé par la pointe du dragon où se trouve justement un énorme dragon sculpté. Il valait la photo c'est sûr. Arrivés dans la zone de la marina de Véro Beach on nous a attribué un poste au mouillage. Nous étions alors attachés à une bouée et nous pouvions accéder à un quai de débarquement spécialement aménagé pour dinghy. C'était super. Nous avons passé 6 jours au mouillage, la bateau décoré pour s'intégrer à la parade de Noël prévue le 12 décembre. C'est le 11 décembre que nous avons eu notre premier cadeau de Noël suite à notre appel à Miquelon. En effet ce jour là Nathalie nous a appris qu'elle était enceinte et que l'accouchement était prévu pour le 27 juillet, date de notre anniversaire de mariage. Quelle surprise ! On a pu constater que notre fille se faisait une joie de nous annoncer la nouvelle en y ajoutant cette heureuse prévision. C'était un beau signé d'amour. Le 12 décembre, donc, la parade des bateaux de plaisance décorés aux couleurs de Noël a eu lieu autour des îles qui se trouvaient autour de la marina. Le défilé passait devant la marina où se diffusaient les musiques et chants de Noël. Durant le parcours tous les plaisanciers se saluaient en signes d'amitiés. Nous avions aussi décoré notre "Wickie" et la musique de la marina étant inaudible, nous écoutions nos propres chants de Noël. L'ambiance était particulièrement chaleureuse. Sans neige, nous étions en train de vivre la façon de fêter Noël en Floride. C'était très agréable. Le reste du séjour, en dehors de l'entretien du bateau et de l'annexe, nous avons fait de belles promenades sur la  plage de Véro Beach. Le jeudi 16 nous avons quitté le mouillage pour nous rendre jusqu'au canal Ste-Lucie, entrée de la voie navigable (Okeechobee Waterway) pour traverser la Floride . Nous avons jeté l'ancre à Stuart (au Pont Ste-Lucie).
Pour visiter un peu la ville avant de souper, nous avons accosté un petit quai à dinghy avec notre annexe. Là nous avons pu juger de la dextérité d'un pêcheur qui venait de capturer de beaux poissons ( maquereaux espagnols et bonites) avec son filet épervier. Les coups suivants ont été moins fructueux car le poisson n'abondait pas. La visite de la ville a été courte parce qu'il se faisait tard et nous n'étions pas au centre ville mais près de nombreux petits commerces où les vitrines étaient bien décorées et bien achalandées . Au retour au bateau et après un léger repas, nous avons consulté les cartes marines  achetées à Cocoa Beach. Nous avons examiné  le parcours Ste-Lucie - Venice en passant par le lac Okeechobee.

Ainsi le lendemain, avec plus d'assurance, nous avons effectué une partie de la traversée jusqu'à Moore Haven, marina se trouvant sur la canal Caloosahatchee. La zone est très riche en faune aquatique dont une forte proportion d'alligators. Naviguer dans ces parages demandait de prendre beaucoup de précautions.

   Toujours dans des conditions climatiques agréables avec des températures oscillant entre 16° le matin à 24° dans la journée nous poursuivions notre parcours sereinement dans le centre de la Floride. Cependant à la sortie de l'écluse Franklin (Olga Lock) située à 13 miles de Fort Myers) le moteur droit du Wickie ne répondait plus à la manœuvre. Il tournait mais n'entrainait pas l'arbre d'hélice. Un des nombreux bateaux qui se trouvait avec nous dans l'écluse nous a remorqués pour nous aider à en sortir et on s'est mis au mouillage pour diagnostiquer le problème. Le constat était que la panne provenait de la boîte de transmission et que je ne pouvais donc plus utiliser ce moteur. Heureusement un pêcheur plaisancier (pêcheur de tarpon) se trouvait près de nous avec un bateau en fibre de verre d'environ 16 pieds. Ayant vu ma sortie de l'écluse à la remorque d'un autre bateau,  il nous a abordés et nous a proposés de poursuivre le remorquage jusqu'à la marina la plus proche qui se trouvait à 3 miles de là. Nous avons beaucoup apprécié son aide et nous étions ravis de savoir qu'il y avait une marina si proche de nous. Après avoir levé l'ancre et compte tenu de la grande largeur du canal j'ai pu manœuvrer à l'aide du moteur gauche et même de poursuivre ma route jusqu'à la marina par mes propres moyens. Le pêcheur m'a aidé à accoster à la marina du nom de jack's Marine South et la place se nomme Olga.
 L'un des propriétaire de la marina, mécanicien de métier est monté à bord pour regarder d'où provenait la panne. Il m'a confirmé qu'elle venait de la transmission mais comme la boîte semble en bon état elle se situerait plutôt au niveau de l'engrenage interne situé à l'arrière du moteur. Cependant aucune réparation ne pouvait se faire ce samedi parce que tout est fermé pour le weekend alors il m'a annoncé qu'il entreprendrait le travail dès lundi matin. Kelly, le jeune et sympathique pêcheur américain, nous a baladés dans les environs durant ce weekend avec son épouse Tammy. De religion protestante (Luthérien) il nous a malgré tout amenés autour de l'église St-Vincent de Paul d'Olga (église catholique romaine)où avait été reconstitué sur un mini parcours la vie de Jésus de Nazareth à Jérusalem. Le spectacle était animé par des comédiens bénévoles et un éclairage d'ambiance avait été  installé pour les représentations nocturnes. C'est justement de celle-là que nous avons profité. Les scènes étaient intéressantes grâce à l'approche rudimentaire et pauvre des lieux mais riches de la parole de Dieu répandue grâce à Jésus accompagné de ses apôtres. C'était une belle illustration du message de Dieu. Nous sommes rentrés au bateau heureux de cette visite  de la petite ville d'Olga. Le lendemain nous avons fait connaissance, à la marina, d'un autre couple sexagénaire qui habitait un joli bateau de plaisance de style "Grand Bank" de 40 pieds. Comme ils partaient passer Noël en famille, ils nous ont proposés leurs bicyclettes pour le temps de notre halte afin que nous puissions circuler plus facilement dans les environs et surtout pour nous permettre de nous ravitailler à la ville qui se trouvait à environ 8 kms de la marina.

 Malgré la contrariété de cette escale forcée , nous nous considérions très chanceux d'avoir rencontré des gens aussi sympathiques et généreux. Il y avait cependant une situation délicate par rapport aux frais engendrés par cette grave panne, c'est le coût. Heureusement que nous avions souscrit une bonne assurance. J'ai donc du prendre contact avec notre assureur de St-Pierre et faire un rapport sur les circonstances de la panne. Comme sur constat du mécanicien, la panne était une conséquence de  l'avarie survenue à la suite de l'échouage du 10 novembre, j'ai pu en informer mon assureur qui a pris en compte cette information pour la prise en considération des dédommagements. Ouf! Nous étions bien soulagés surtout que nos imprévus du budget prévisionnel étaient complètement absorbés, l'assurance n'étant pas intervenue, bien sûr sur tous nos déboires. Notre mécanicien qui s'appelait Willy a été d'une efficacité surprenante surtout après avoir su qu'Anne-Marie voulait passer Noël à Venice. Eh oui ! Anne-Marie est de descendance italienne par son grand-père et la famille était d’origine de Triscissimo près de Venise, ville du romantisme  où nous sommes allés en 1989, d'ailleurs.  

Aidé par la livraison rapide de la pièce de rechange et après avoir travaillé tard dans la soirée du lundi, la réparation s'est faite dans un temps record et le mardi 21 décembre en fin d'après midi, nous étions prêts à partir. Invités à manger chez Kelly et Tammy nous avons pu passer une soirée excellente avec l'esprit libéré. Le barbecue a été réussi et nos amis nous ont ramenés au bateau avec un sac chargé d'agrumes (oranges, tangerines et pamplemousses) récoltés dans leur jardin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme nous avions un fax de notre assureur à récupérer nous sommes retournés le lendemain matin chez Tammy et à 10H20 nous avons quitté Jack'sMarina South.
A Fort Myers nous avons pris du fuel et à 15H30 nous avons jeté l'ancre dans la zone de mouillage de Chino Island. Pour me détendre j'ai mis ma ligne à l'eau et à mon grand étonnement j'ai réussi à appâter une truite de mer de 30cm avec un morceau de fromage à l'hameçon. J'étais fou de joie. En soirée le vent s'est renforcé et dans la nuit il est passé au Sud-ouest 25 nœuds. Cela m'a rendu soucieux et je n'ai pas bien dormi. Nous avons pris notre petit déjeuner tôt et à 7 heures nous avons levé l'ancre. Une demi-heure plus tard, alors que nous étions en route, le temps s'est assombri et de gros nuages noirs sont subitement apparus. Un violent orage se déclencha avec une bourrasque accompagnée de pluie torrentielle.  La visibilité était devenue nulle : quel effet impressionnant ! J'ai réduit la vitesse et mis en action le radar qui était positionné sur standby. Heureusement environ 20 minutes plus tard le temps s'est éclairci; mais le vent restait soutenu. Les vagues gonflaient dans le canal surtout à l'approche de la sortie sur la mer à Boca Grande. Les conditions se sont bien améliorées en fin de matinée après avoir traversé ce qu'ils appellent en Floride " a Thunderstorm" qui peut parfois être bien plus violent. Notre désir d'atteindre Venice était si fort en ce 23 décembre que nous avons poursuivi notre voyage jusqu'à destination. En fin d'après-midi nous y étions et nous nous sommes installés à Crow Nest Marina où nous avons trouvé, à notre grande surprise, des bicyclettes à notre disposition. Quel bonheur ! Nous avons pu faire nos courses dans un centre d'achat "Publix".
Sur le parcours nous avons pu découvrir que nous nous trouvions près d'une superbe place de sable très fin. La petite ville, quant à elle, dégageait une coquette ambiance avec ses nombreuses décorations. La propreté semble de mise partout dans la ville.

 

 Ce soir là nous avons appelé notre fille Nathalie à Miquelon. La veille de Noël, par un temps pluvieux et une température de 12° nous avons effectué des achats appropriés aux préparatifs de la fête de Noël. J'ai pu, par exemple, en arrivant au bateau, faire une bûche de Noël avec un biscuit de Savoie roulé que j'ai enrobé de moka. J'y ai collé des petits sujets comme une scie, un bucheron, quelques champignons et bien sûr un père Noël.

 

 

 Entre temps et chacun de son côté, l'un dans la chambre, l'autre dans la timonerie, nous avons emballé nos cadeaux.

 

 

 

 

 

A22H15 le taxi était là pour nous prendre et nous conduire à l'église catholique « Epiphanie » où nous avons suivi la messe de minuit. N’ayant pas trouvé de taxi à la sortie de la messe nous sommes rentrés à pied au bateau. Cela nous a fait faire trois quart d'heure de marche. A l'arrivée nous nous sommes empressés de remettre les cadeaux et comme des enfants, avec bonheur nous les avons déballés. Contents tous les deux nous nous sommes enlacés . Cependant, alors que nous nous regardions heureux,  un élan de tristesse nous avait envahis  presqu'en même temps puisque nous avons eu une pensée commune et simultanée pour la famille et en particulier pour nos filles et notre petit-fils. Ils nous manquaient à ce moment précis et des larmes ont brouillé nos regards. On s'est à nouveau enlacé et on a décidé de faire notre repas  pour retrouver nos esprits. Nous avons ensuite appelé les cousins d'Anne-Marie à Montréal et nos amis canadiens. Tout le monde faisait un réveillon dans la bonne humeur. Nous avons, pour terminer , mangé un bon morceau de bûche avec un verre de champagne. Noël c'est la vraie fête de famille et c'est dans la journée que nous recevrons les appels téléphoniques de tous. En attendant nous sommes partis nous coucher avec une belle impression d'un Noël à deux réussi, grâce à nos présents et  aux décorations que nous avions préparées pour la circonstance. Nous avons reçu, dans la journée de Noël, des appels de certains membres de la famille et des amis de St-Pierre. Nous étions heureux de les entendre et d'apprendre que tout le monde se portait bien et avait été gâté. 
Le lendemain Kelly est venu passer un moment avec nous et nous avons fait une promenade sur la plage. Le temps était ensoleillé mais frais. Kelly nous a quittés vers 17H et il nous a dit qu'il ferait le maximum pour venir faire un tour du côté de St-Petersburgh. Le 27, le temps s'est réchauffé un peu alors nous avons consulté la carte pour la poursuite du voyage. C'est là que j'ai repéré, sur notre route, une petite île qui s'appelait "Anna Maria Island". Quelle belle coïncidence. On ne pouvait pas passer à côté sans s'y arrêter. C'était donc décidé et deux heures après avoir quitté Venice, avec un passager volant avec nous, nous sommes arrivés à la marina Galati's où, en prenant des précautions pour rentrer à cause de la faible profondeur d'eau, nous avons amarré.
Pour la bonne humeur des visiteurs il y avait un écriteau à l'entrée de l'île placé sur une imitation de fondation de maison. Il y était écrit sur le mûr de chaque côté d'une entrée de porte,  sans porte mais avec tout de même un encadrement: à gauche "No roof-no doors-no windows-no bars-no guest for yrs n'yrs" ( traduction : pas de toit-pas de porte-pas de fenêtre-pas de barreaux-pas d'hôtes depuis des années et des années) et à droite : "Anna Maria city jail-air conditioned" (traduction : prison de la ville d'Anne-Marie- air conditionné). Nous avons également trouvé sur la carte postale où cet écriteau est illustré un texte en anglais qui disait en final "Au moins vous ne vous sentez pas enfermé sur l'Ile d'Anne-Marie)...
Nous avons passé deux bonnes heures à flâner près des commerces de souvenirs et nous avons décidé de passer la nuit dans cette libre prison. Au réveil le lendemain à cause d'une garde enlevée par le voisin (j'avais utilisé son amarre) le Wickie s'est retrouvé suspendu à l'avant sur le quai. Ironie du sort, nous étions alors prisonniers d'office sur l'île. C'est le fameux voisin, celui qui avait récupéré mon amarre, qui nous a aidés à nous décrocher à l'aide d'un pied de biche. Sans dégât, nous avons quitté la marina.

 

 

 

 

 

 

 Cela nous a pris deux heures et demi pour traverser la baie de Tampa et ensuite nous avons longé l'extrémité du pont  Sunshine Skyline qui rejoint les deux rives de la baie et avec un passager volant.

 

 

 

 

 

Sur cette carte nous pouvons situer le lieu où nous nous trouvons (pointe Maximo)De là nous nous sommes dirigés dans la baie Boca Ciega, là où se trouve la ville de St-Petersburgh. Nous avons jeté l'ancre à l'entrée de la marina Maximo et avec le dinghy nous sommes allés prendre des renseignements sur la location d'appontement. Dans le même temps nous avons pris contact avec les propriétaires français du condominium loué par mon beau-père et ma mère pour un séjour de trois mois à passer en Floride. Toutes ces démarches signifiaient que nous étions arrivés à la destination prévue. Nous ressentions sincèrement une sensation de fierté et surtout de bonheur dans la réalisation de ce voyage l'année de nos noces d'argent. Malgré l'espace réduit sur le bateau et le stress de certains jours notre amour restait intact. Nous avions, tant de fois entendu que ce genre de voyage avait souvent entrainé la rupture ches certains couples. Ouf ! ce n'était pas notre cas; merci mon Dieu. Le voeu que je m'étais fait,  dans le cadre de ce voyage et par rapport à Maxime, notre petit-fils était,: "Avec le Wickie, je dois  amener mamie Anne-Marie à St-Petersburg en forme et heureuse mais je dois également la ramener dans le même état physique et mental sur l'archipel.  ". Avec cette première étape ce voeu devenait : "Nous avons atteint une partie de notre objectif et la seconde partie sera maintenant le retour et j'aurai dorénavant à penser  avec un nouvel élément du destin(Nathalie est enceinte) le devoir d'être sur l'archipel pour la naissance prévue fin juillet de l'année prochaine d'un deuxième petit-enfant".  Notre Wickie prendra encore une très grande part de mon attention parce que, plus que jamais, il est devenu  le véritable joyau de notre aventure. Au moment d'inscrire  en majuscules sur le livre de bord à la date du 28 décembre à 12 heures "ARRIVEE A ST-PETERSBURG, NOUS JETONS L'ANCRE DANS BOCA CIEGA BAY EN FACE DE MAXIMO MARINA ", Anne-Marie profite de me montrer ses relevés sur de petits papiers volants sur lesquels elle avait noté le temps réel de navigation. Ainsi pour venir jusqu'ici, nous avions navigué 413 heures.

 

 Maintenant sur place nous devons organiser notre séjour pour environ deux mois et demi. La réservation de maman et de mon beau-père (tous deux prévus arrivés à la mi janvier)pour la location d'un condominium assez spacieux pour 6 personnes, nous y prédisposait. Eh oui! Et le troisième couple à venir en février c'est Nathalie et Olivier. Et grand-mère Yvon (83 ans) a aussi prévu se joindre à nous pour quelques semaines. En fait, notre aventure offrait l'occasion d'un rassemblement d'une partie de la famille en Floride. Quel bonheur !Nous avions un peu de tristesse, par contre, à cause de l'impossibilité pour Sylvie, Jean-Christophe et Maxime de venir nous rejoindre. Cette absence sera cependant compensée  par la lecture d' une bande vidéo tournait avec Maxime à Noël et qui nous sera remise par nos amis Blanche et Roger prévue arriver le 31 décembre. Mais, compte tenu des conditions météorologiques nos amis n'arriveront que le 1er janvier les vols en provenance de Toronto ayant été retardés. Nous entamerons, dans un premier temps, l'année 1994 avec Blanche et Roger et comme étrennes la fameuse vidéo sur le Noël Maxime avec ses parents. VIVE 1994.

 

 

 

                                                                      

 

 Les prochains épisodes  (en cours de préparation )  
             - résumé du séjour à St-Petersburgh
             - le voyage retour

 

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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 16:12



DEBUT DE L’ANNEE 1994 EN PRESENCE DES AMIS ET D’UNE PARTIE DE LA FAMILLE . TRAVAUX DE RESTAURATION DU WICKIE ET VACANCES EN FAMILLE JUSQU’AU 21 MARS

 

Nous avons passé la St-Sylvestre avec les connaissances de maman et Dédé, les propriétaires du condominium loué, Daniel et Andréa en présence de leurs amis québécois Diane et Gérald.. La soirée qui a commencé vers 22H00 était agrémentée de petits fours pour l'apéritif. Au coup de minuit c'est le champagne qui nous a fait ouvrir la nouvelle année. La soirée a été si sympathique qu'elle s'est poursuivie dans la nuit  jusqu'à 3H30 le matin. On avait tant de choses à se raconter sur nos aventures réciproques que l'on n'a pas vu le temps passer. Daniel nous a reconduit au bateau à cette même heure. comme je l'ai déjà évoqué ce jour, 1er janvier, nous allions revoir les premiers de nos amis présents sur le quai, à notre départ de St-Pierre . Nous leur avons téléphonés à 11H30 et ils venaient d'arriver. On s'est donné rendez-vous pour 14H00. Le repas du midi a donc été rapide avec au menu un poulet rôti acheté chez publix et à 13H30 nous avons pris le taxi pour nous rendre chez Blanche et Roger qui possédaient un mobil home dans un quartier de St-Petersburg. Ce fût d'heureuses retrouvailles dans le mesure où nous assumions le rendez-vous programmé à Saint-Pierre. L'occasion a fait que nos amis ont également joué un rôle de facteur en nous remettant tout le courrier dont une cassette vidéo sur le Noël de Maxime, notre petit-fils âgé alors de 17 mois. Notre gendre, Jean-Christophe, avait filmé et  nous avons pu lire la cassette vidéo avec attention puisqu'elle nous faisait vivre l'heureux moment de Maxime qui découvrait tous ses cadeaux dont les nôtres qui étaient parvenus à temps pour être placés au pied du sapin. Pour mieux vivre ce moment magique, nous avons visionné la cassette deux fois. Comme j'avais amené mon caméscope, j'ai profité des installations pour visionner, et en même temps montrer à nos amis, la cassette que j'avais faite sur la parade de Noël à St-Augustine. Pendant tout ce temps il y a eu des appels téléphoniques de St-Pierre provenant de Maman, Dédé, Nathalie, Olivier et  Sylvie et Jean-Christophe que nous avons profité de remercier pour la cassette de Noël. Vers 20H nous sommes tous partis dans un restaurant de fruits de mer, Blanche, Roger, Julien le frère de Blanche et sa femme France. La fête était à la NOUVELLE ANNEE. Plutôt que de nous ramener au bateau Roger et Blanche nous ont proposés de coucher chez eux. Bien installés dans le divan du salon et avant de dormir, nous avons lu tout notre courrier.
 Le dimanche 2 janvier nous avons participé au barbecue organisé par nos amis. Dans le courant de l'après-midi en guise de digestif nous avons marché dans le parc. En fin d’après-midi nous avons reçu au bateau les amis québécois de Daniel et Andréa que nous avions invités la soirée du 31.Ils ont passé un bon moment en notre compagnie et nous ont fait partager leurs connaissances des environs en nous indiquant leurs préférences sur certains lieux touristiques. Ils nous ont même fourni une adresse d'une boulangerie qui fait une varié de pains dont un excellent pain italien. Après leur départ nous avons relaxé en relisant une partie du courrier avant de plonger dans nos lits pour une bonne nuit. Les 5 et 6 janvier nous avons fêté l'Epiphanie avec Andréa et Daniel puis avec Blanche, Roger, Julien et France. J'avais fait les galettes feuilletées fourrées avec la crème qu’Anne-Marie avait préparée. La découverte des fèves a couronné les reines et rois, du premier jour Andréa et moi et le deuxième jour Roger et Blanche. Ces journées royales ont clôturé les festivité du nouvel an et comme la tradition le veut nous avons enlevé toutes les décorations de Noël en fin de journée du 6.
 Le reste du mois de janvier nous avons essayé de profiter de quelques parties de pêche en bateau avec les amis mais nous n'avons pas ramené le trophée qui est dans cette région un beau marlin ou un espadon. Cependant nous avons pris quelques beaux poissons comme la truite de mer, des bass et même du maquereau espagnol. Nous étions heureux de cette modeste pêche.

Ces sorties ne se sont pas renouvelées parce que j'avais du travail à faire sur le "Wickie" qui demandait un véritable entretien. Les températures du mois n'ont pas été idéales parce que le temps a été venteux et pluvieux ( de 20 à 22° elles pouvaient tomber à 10° et 13° le soir). Nous avons même parfois utilisé un chauffage à alcool. Comme nous étions sous abri (toitures au dessus de chaque appontement dans la portion de la marina où nous nous trouvions) on a pu exécuter nos travaux dans des conditions acceptables. J'ai commencé par changer le joint du cache culbuteur du moteur gauche et ensuite j'ai réparé le guindeau. Au remontage du guindeau un client de la marina de nationalité suisse francophone que nous avions déjà rencontré chez West Marine(commerce d'accastillage) avec son ami charpentier et sa femme, m'a proposé de m'aider. Il a eu pitié de moi quand il m'a vu sortir du bateau en nage tellement je suais. Il faisait 30° à l'intérieur du bateau dans le  coffre avant où se vissaient les écrous des boulons de fixation du guindeau et Anne-Marie qui était sur le pont à tenir les boulons avait des difficultés. Pierrot, c'est son prénom, se trouvait donc là au bon moment. Nous préconisant du calme (il a du constaté notre état quelque peu excité) avec le cool langage des suisses que nous connaissons tous, il a engagé la conversation. Cet agréable voisin qui stationnait à la marina avec son voilier a gentiment pris la place d'Anne-Marie sur le pont. Le guindeau a été fixé dans une meilleure ambiance puisque cela m'a permis de ne pas prolonger mon inconfortable position dans ce four qu'était devenu l'intérieur du bateau. A partir de Pierrot que est venu plusieurs fois prendre un café avec nous le soir, nous avons pris contact avec son ami pour effectuer les travaux de recouvrement du pont arrière qui était très abimé. Il s'agissait de poser du contreplaqué recouvert d'une mince couche de teck sur la bande de côté menant sur le pont avant et sur tout le pont arrière dont les panneaux de cale. Nous l'avons rencontré pour établir un devis. Il a sollicité l'aide de Pierrot pour l'assister. De mon côté, par mesure d'économie j'ai décidé de découvrir toutes les surfaces à rénover pour qu'elle soient prêtes à recevoir le nouveau matériau. Dès le lendemain nous avons approuvé le devis et le travail était engagé pour un délai d'une semaine. Pendant ce temps, nous avons entrepris des travaux de rénovation intérieure dont le remplacement du vinyle des plafonds de tout l’intérieur du bateau. Nos bicyclettes achetées le 15 janvier alors que nous étions avec nos amis à un marché aux puces à Pinellas Park Market nous ont bien servi pour les nombreux déplacements que nous avons du faire pour les fournitures. Nous avions eues ces vélos à un très bon prix et ils nous ont facilité la vie durant le séjour à la marina surtout que quelques commerces se trouvaient à proximité de la marina mais les autres, par rapport à nos besoins, nous ont demandé de plus longs déplacements.
Pour l'achat du siège de pilotage, par exemple, c'est un autre voisin propriétaire de voilier et citoyen de Brooklyn, Tom, qui nous a conduit, dans sa jeep décapotable, chez un commerçant d'accastillage d'occasion qu'il connaissait. Pour la Floride c'était merveilleux de rouler dans ce genre de véhicule. Pendant ce temps, Maman et Dédé avait confirmé les dates du séjour auprès des propriétaires du condominium. Le 21 janvier Nathalie nous a envoyé un fax donnant des nouvelles du bébé qu'elle portait et que tout se passait bien.

Le 28 janvier, jour de mon anniversaire, toute la famille a appelé et la soirée barbecue s'est passée chez Roger et Blanche. J'ai été gâté pour mes 45 ans.















Tout ce mois de janvier les températures se sont tenues entre 10 et 22° avec un important taux d'humidité. Cela n'était pas toujours très confortable mais nous étions en Floride alors tout était bien...Notre messe du samedi se passait à l'église Holy Family de St-Petersburg, superbe église fréquentée également par un de nos voisins de la marina, originaire de Brooklyn et propriétaire d'un superbe voilier. Le 31 c'était le jour de la sortie de l'eau du "Wickie" qui devait subir quelques travaux de réparations et de maintenance. Nous l'avons sorti à 9H00 et les travaux ont été pris en charge dès que j'ai eu terminé le lavage de la coque. Nous avons découvert quelques dégâts comme un gouvernail cassé et une partie de l'avant de la coque endommagée (séquelles de l'échouage). Les anodes aux arbres de couche quand à eux avaient été complètement rongés par l'érosion. Les travaux ont été entrepris par l'entreprise de "Maximo Marines". Nous devions continuer à vivre à bord mais les propriétaires du Condo nous ont proposé de prendre l'appartement en avance sans charges supplémentaires. Il s'agissait d'une sympathique proposition qui nous arrangeait bien parce que nos deux jours sur le bateau dans le hangar ont été un peu pénibles même si nous n'étions pas là toute la journée.On a été gâté.  Parmi les travaux à effectuer sur le bateau nous avons décidé de modifier la structure des gouvernails qui se cassaient fréquemment sous la pression des hélices. Après consultation et sur conseil d'un spécialiste j'ai commandé deux mèches avec des gouvernails plus gros et en bronze.
 













Le 7 février les travaux étaient terminés, les gouvernails remplacés et nous avons remis le bateau à l'eau à 11H15.


Après des essais dans Boca Ciega bay nous nous sommes réinstallés à la marina pour les travaux suivants qui étaient le remplacement du contreplaqué avec surface en teck sur le pont arrière et les côtés. Cette couverture qui se plaçait sur la structure en fibre de verre représentait une finition esthétique mais aussi sécuritaire puisqu'antidérapante. Pendant ce temps, le 5 février nous sommes allés avec Roger et Blanche à l'aéroport de Tampa pour l'arrivée de maman et Dédé. Nous sommes repartis au condominium dans la voiture de location de maman et Dédé. Roger et Blanche de leur côté sont rentrés chez eux. Ce jour a été pour nous, la réception également d'un courrier tant attendu. 
Les amis (Damsey et Pierrot) qui avaient entrepris le remplacement du contreplaqué du pont et des côtés m'ont laissé le vernissage et la pose d'un nouveau produit encore plus résistant qui s'appelait "west system". Ces  travaux sur le contreplaqué de tek  m'ont pris beaucoup de temps parce que je tenais à  mettre plusieurs couches de ce produit qui devait assurer une bonne protection aux endroits les plus piétinés du bateau . J'ai poursuivi ces travaux à mon nouveau quai où je me suis installé le 8 février grâce à la générosité d'un couple d'amis canadiens des propriétaires du condo que maman et Dédé avaient loué. Avant de quitter notre quai, notre voisin de Brooklyn nous a annoncé qu'il avait quelque chose à nous remettre. Il est revenu de son bateau avec une superbe toile encadrée sur laquelle il avait peint l'agonie du Christ sur la croix. Une superbe peinture qu'il nous offrait en tant que bon catholique pratiquant puisque nous fréquentions la même église (Holy Family Church), tous les samedi pour assister à la messe. Nous avons beaucoup apprécié cet impressionnant cadeau.

 En revenant au "Wickie" La femme de Damsey, Suzanne, artiste du design nous avait confectionné à bon prix des bandes de plastique autocollantes avec le nom du bateau inscrit en écriture façonnée.  Je les ai placées sur les côtés de la timonerie ( petites lettres) et sur la poupe (plus grosses lettres).
Suzanne nous avait, en même temps, suggéré d'enjoliver les bandes avec des symboles romantiques. Elle nous a présenté des modèles et nous avons choisi celui de l'amour représenté par Cupidon. Elles nous a produit des autocollants que nous avons collés au début et à la suite du nom du bateau. Le résultat était en effet très esthétique. Jusqu'au début mars les travaux se sont poursuivis sur le bateau en alternance avec les loisirs. A la St-Valentin nous attendions Nathalie et Olivier prévus nous rejoindre en  ce jour spécial et pour 20 jours de vacances. Mais (situation très rare depuis ces dix dernières années du fait des nos installations aéroportuaires modernes ) une importante tempête de neige a occasionné la fermeture de l'aéroport. Le vol sur Halifax a donc été annulé et reporté au lendemain. Nous étions très déçus. Cependant maman et Anne-Marie ont beaucoup travaillé pour les préparatifs et la décoration aux couleurs de la fête (rouge et blanc) était parfaite et magnifique. Nous avons passé une superbe soirée en compagnie des invités : Blanche et Roger, Julien et France. Maman et Dédé étaient déchaînés et l'ambiance était au top. Nous avons vécu là une de nos meilleures fêtes de la St-Valentin.
Le lendemain nous avons fait une grasse matinée pour récupérer de la fête mais nous avons vite retrouvé la forme en début d'après-midi. Ainsi nous avons travaillé un peu sur le bateau et le soir nous étions à l'aéroport pour accueillir les deux jeunes tourtereaux: Nathalie et Olivier. Ils sont arrivés à 20H45 en forme surtout Nathalie qui aurait pu être plus fatiguée du fait d'être enceinte. Arrivés au condo ils nous ont remis courrier et cadeaux de la part de la famille. Durant le séjour de Nathalie et Olivier Dédé et maman ont organisé les visites et nous bougions pratiquement tous les jours. Nous faisions du tennis et de la piscine l'après-midi lorsque nous restions sur place. Le matin je faisais aussi un léger footing d'environ 5km. Le jeudi 17 février nous avons profité entre hommes de suivre un match de hockey de la NHL (Lightning de Tampa contre les Canadiens de Montréal) au Thunderdôme Stadium de Tampa. Nous étions une majorité pour Montréal Olivier étant pour les Lightning. Nous étions parmi  22000 spectateurs et la caméra ayant été braquée sur nous quelques instants nous avons été vus à la télé à St-Pierre par des proches  au cours de la retransmission  du match sur le Réseau des Sports. Olivier est sortie du stade comblé  puisque Montréal avait perdu sur le score de 4 à 3.
 Durant ce premier séjour de Nathalie et Olivier il y avait de nombreux lieux à découvrir et à visiter ,  même si pour nous il s'agissait  d'une seconde visite. Dans la plupart des cas nous avons apprécié cette seconde visite. Nous sommes donc allés à la foire commerciale de John'sPass, à Disney village ( le monde de Walt Disney), à Epcot Center, Magic Center, Universals Studio. Nous avons roulé jusqu'à la côte Atlantique où nous avons visité Ste-Augustine (cité historique espagnole), la NASA à Cap Kennedy, le centre de lancement des navettes spatiales, Bush Garden, jardin botanique et zoo de la Floride

 

 

 

 


















































 Le lendemain 6 mars, Nathalie et Olivier, après nous avoir remercié et en particulier  Maman et Dédé de les avoir reçus, ont quitté Tampa pour retourner chez eux à Miquelon.  En reconnaissance pour lke couple de canadiens qui nous ont proposé leur quai,  nous leur avons fait faire une balade le 28 février, sur le "Wickie" en naviguant quelques heures sur l'intra costal waterway jusqu'à Clearwater. Ce fut une agréable sortie par beau temps et dans le décor paradisiaque des bords de mer de la Floride. Avec Maman et Dédé nous avons poursuivi notre séjour en nous baladant beaucoup : piquenique sur la plage de Fort Desoto, balade sur notre bateau, parties de pêche sur le "wickie" avec les amis, visite du festival des fraises à Plant City etc.
Nous avons également profité,  de faire graver la date de notre mariage à l'intérieur de nos alliances chez un bijoutier, histoire de marquer encore nos 25 ans d'union. Le 16 mars nous sommes retournés à la marina "Maximo" pour l'apéritif d'adieu avec nos amis suisse et américains (Pierrot, Damsey et Suzanne). En contrepartie la bonne nouvelle de ce début de mois de mars était la décision de grand-mère Yvon âgée de 82 ans de venir nous rejoindre en Floride. La réussite de notre aventure jusqu'en Floride l'avait beaucoup incité à faire, elle aussi, le voyage. Elle l'avait fait avec une assistance en raison de ses difficultés pour marcher sur de longues distances. Mais elle l'a fait et c'est le 19 mars que nous l'avons accueillie à l'aéroport de Tampa. Notre départ étant proche, Anne-Marie avait préparé notre chambre au condo pour la laisser à grand-mère. C'était une grande joie de nous retrouver réunis en famille durant ces 3 jours précédant notre voyage de retour avec le "Wickie". Nous avons effectué les derniers préparatifs le 21 mars avec à la clé, en soirée, au condo, un apéritif de départ bien arrosé.





















Message du gendre et du beau-frère et sa famlille :





































 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 











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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 12:55

 

 

                         


                       ST-PETERSBURG - TITTUSVILLE



 

Le Lendemain à 10H45, nous avons quitté le quai en présence de grand-mère, maman et Dédé et du père du propriétaire du quai. Nous repartions dans la joie et l’espoir de nous retrouver tous en famille à Saint-Pierre. Cette journée s’annonçait belle puisque le temps était ensoleillé et la température de près de 26°. Nous sommes sortis de Boca Ciega bay pour rejoindre le golfe du Mexique et la traversée jusqu’à Venice a été magnifique. Le toit de la timonerie était ouvert, Anne-Marie s’était assise sur le dessus et moi j’avais la moitié du corps hors de la timonerie;  je gouvernais avec le pied. A l’intérieur du bateau il faisait 36°. C’était étouffant lorsque je devais m’asseoir pour prendre la barre et j’ai beaucoup apprécié le petit ventilateur  branché sur l’allume cigares qu’Anne-Marie avait eu la bonne idée d’ acheter. Fixé au rétroviseur il brassait suffisamment l’air vers mon visage pour me donner une sensation de fraîcheur  La température ne changeait pas mais ce courant d’air m’était agréable. A 17H15 nous avons accosté à la marina « Crow Nest » de Venice.  Nous avons fait du fuel et avec nos vélos nous sommes allés faire de l’épicerie  chez Publix.

La météo étant propice et la navigation tellement agréable dans le golfe que nous y sommes retournés le lendemain plutôt que de prendre l’intracostal. Encore sous une température torride nous avons navigué sept heures dans le golfe pour nous rendre à Fort Myers Beach. De là nous avons repris l’intracostal qui se confond avec « Caloosahatchee river ». Nous avons jeté l’ancre près de la marina de Fort Myers pour passer la nuit. Après avoir fait le fuel, nous avons levé l’ancre le 24 pour poursuivre le voyage. Nous avons fait un arrêt à Olga pour saluer le personnel de la marina « Jack’s marine » qui s’était tant donné en décembre pour réparer le moteur dans un temps record  afin que nous puissions être à Venice pour Noël. De plus nous avons pris contact avec Kelly et Tammy au téléphone pour une nouvelle fois les remercier pour l’accueil à cette même période. Les conditions de navigation étaient parfaites ; nous repassions par les mêmes écluses qu’à l’aller et nous ne remarquions pas trop de différence dans l’environnement naturel, comme si  les saisons, par ici,  n’existaient pas.


 
Avant d’arriver à Moore Haven où nous nous sommes mis une nouvelle fois à l’ancre, nous avons aidé un skipper de voilier qui naviguait à moteur mais en panne d’huile; je lui en ai passé. Moore Haven est une petite ville industrielle qui n’a pas d’infrastructures de luxe comme nous pouvons trouver dans les lieux touristiques. Les constructions sont d’architectures anciennes mais la marina est fort bien équipée avec toutes les commodités de réparation également. Il y a de nombreux hydroglisseurs qui laissent supposer qu’il est le moyen de se déplacer pour les chasseurs et pêcheurs, d’autant que les marais herbeux étaient importants.. Nous avons poursuivi notre traversée de la péninsule floridienne en franchissant le lac Okeechobee, l’écluse Mayaca, le canal et l’écluse Ste-Lucie. C’est dans cette dernière écluse que nous avons du subir une longue attente en raison d’une panne de porte. A Stuart nous nous sommes mis à l’ancre. En quittant Stuart le lendemain nous nous sommes retrouvés de nouveau sur la côte atlantique au « mile 180 » ( distance référencée à partir du point 0 de l’Intracostal situé à Norfolk).A partir de là nous remontions vers le Nord à destination de notre archipel. Et c’est justement de la fraîcheur de nord que nous aurions eu besoin parce que la chaleur était torride (35° dans la journée, 50° au soleil). Mon petit ventilo ne suffisait pas.










Arrivés à Véro Beach , nous avons du nous ranger  près d’un catamaran au mouillage (le « Jenny Dee ») par manque de place à la marina. Le couple propriétaire nous a particulièrement bien accueillis. Nous sommes descendus à terre avec nos vélos que nous avions amenés sur notre dinghy. On a pu ainsi se balader et faire des courses.  Par bonheur nous avions repéré une église catholique,  la Cathédrale Ste-Hélène.  Ainsi le lendemain nous  
avons revêtu nos habits du dimanche pour aller prier dans une des églises catholiques qui sont si rares à proximité de l’Intracostal. A l'’étape suivante, à Tittusville, là ou se trouve exposée une des navettes spatiales de la NASA, nous n'avons pas été épargnés. Et c’est là que l’on pourrait peut-être penser que  notre foi nous a sauvés ?  Arrivés le soir du 28 nous nous étions bien installés à l’ancre à quelques encablures de la marina. Nous y avons passé une petite soirée de rêve. La température était agréable 22° et pas un souffle de vent. En face de nous se trouvaient des «  piers « (petite avancée sur l’intracotal en structure de bois fixée sur pilotis) là où quelques pêcheurs étaient venus pêcher en fin de journée. De chaque côté les abords du canal étaient formés d’une longue bande de gros rochers et pas très loin vers le sud  un énorme  pont reliait les deux rives. Nous n’entendions pas le trafic des voitures  parce qu’il  n’était pas trop dense. L’atmosphère se trouvait de fait, plutôt agréable. Ambiance idéale pour se faire un bon petit barbecue sur le pont arrière du Wickie. Comme au restaurant, le menu prévu était complet, entrée : pâté, plat de consistance : côtes de porc, fromage à la française et dessert :tarte au citron vert ; le tout  accompagné d’un burgundi et d’un petit blanc américain. Le bonheur quoi !!! Nous avons donc savouré ce souper à la tombée de la nuit et déjà au milieu du repas nous apercevions quelques étoiles et des décharges électriques à l’horizon comme si les lumières éclairant la terre étaient des flashes. En même temps nous contemplions la lune qui gravissait toute ronde au zénith dans l’immensité du ciel. L’eau toute moirée avait des petits frissons luisants. N’était-ce pas cette nuit douce que Dieu semble avoir faite pour les tendresses L’ambiance était si paradisiaque que nous n’avions pas pensé un seul instant qu’il pouvait s’agir d’un signe de mauvaise météo pour la nuit. Et je n’avais pas pris la précaution d’écouter les prévisions météorologiques. A 22H00 le cœur rempli de bonheur dans cette nuit de conte de fées, plein d’amour, nous avons regagné notre chambre. Dans la nuit vers 3H00  nous avons été réveillés par des coups brutaux  sur le mouillage qui se répercutaient sur le davier d’ancre. C’était bruyant et nous sentions que la mer se levait  par un vent qui semblait s’intensifier. Une demi heure plus tard, sur un coup violent nous avons entendu un bruit de métal sur le pont. On tanguait comme en haute mer. Je me suis habillé et j’ai revêtu mon manteau de sauvetage pour me rendre sur l’avant du bateau. J’ai demandé à Anne-Marie d’en faire autant et de préparer la torche électrique. Arrivé sur l’avant j’ai constaté que le davier avait été arraché du nez (la fixation était pourtant très puissante) et il se baladait de gauche à droite à grands bruits. Lorsque j’ai  décroché le mouillage du davier j’ai constaté en même temps que nous dérivions. Anne-Marie avait ouvert le toit. J’ai attaché de nouveau le mouillage au taquet  tribord de l’avant et je suis parti bien vite mettre les moteurs en marche parce que le temps et la mer étaient en furie. En retournant sur l’avant j’ai demandé à Anne-Marie de se préparer à manœuvrer mais j’avais besoin d’éclairage et comme souvent en de telles circonstances, la torche électrique qui venait pourtant d’être chargée (elle contient des batteries rechargeables) ne fonctionnait pas bien. Elle manquait de puissance et s’éteignait souvent. Les conditions n’étaient donc pas idéales mais le stress s’intensifiait comme la météo et il fallait faire vite. J’ai réussi tant bien que mal à relever l’ancre, en tout cas, suffisamment pour pouvoir repartir  et tenter de se rendre à la marina de Tittusville. Anne-Marie n’arrivait pas à manœuvrer le bateau alors j’ai accouru pour prendre les commandes et  à cause de l’ancre qui n’était pas entièrement remontée il fallait  faire marche arrière pour  reprendre le chenal en tout sécurité. Nous étions très près du rivage bordé de rochers et d’un " pier ". J’avais laissé la porte de la timonerie ouverte et lors de la manœuvre, les vagues d’environ 1 m se sont écrasées sur la poupe projetant une masse d’eau sur le pont arrière et dans la timonerie.
Anne-Marie était à la porte pour me guider et elle a alors pris une sévère douche d’eau de mer. Elle a perdu respiration mais elle a refermé aussitôt la porte et a repris  sa respiration à l’intérieur. Je la croyais paniquée mais ce n’était pas le cas. Arrivés dans le chenal de navigation l’ancre ne touchait plus  le fond  alors  nous avons pu  faire route doucement vers la marina en la trainant au bout du mouillage. A l’abri dans la marina j’ai pu remonter complètement l’ancre pour retrouver une condition normale de conduite du bateau. Au moment de notre tumultueux débat au levage de l’ancre nous avons aperçu une voiture qui s’était installée, les feux orientés vers nous pour nous aider. Cela nous a été utile pour apprécier la distance qui nous séparait du « pier ».Elle s’est déplacée jusqu’à l’entrée de la marina pour continuer à nous éclairer. Nous avons pu distinguer en entrant qu’il s’agissait d’une ambulance. Nous avons donné un coup de sifflet pour remercier ces ambulanciers toujours prêts à faire du sauvetage. A 5 heures nous étions enfin au quai à la marina. Le cœur affolé et encore bouleversés on s’est assis à table en se regardant et en se disant que c’était une chance divine que l’on ait réagi à temps pour quitter le mouillage. Ouf! Merci Mon Dieu. Le vent soufflait toujours autant mais nous étions en sécurité. Nous avons bu un chocolat chaud et nous sommes partis nous reposer en espérant pouvoir quitter la marina dans la matinée. Vers 8 heures nous avons fait du fuel pour repartir aussitôt mais il y avait quelque chose d’anormal; lorsque j’enclenchais le moteur droit il calait.  Nous nous sommes observés  et  on s’est posé la même question : « où était le filin que nous avions  lové la veille avant le souper ».  Après réflexion nous en avions déduit qu’on avait du le poser sur l’arrière du bateau et qu’au cours de la manœuvre de nuit en marche arrière, il était tombé à l’eau  et qu’il devait se trouver enroulé dans l’hélice. J’ai donc décidé de plonger pour voir si c’était bien cette situation et éventuellement l’enlever. En maillot de bain et avec lunettes et tuba, j’ai plongé dans une eau sombre et vaseuse. Je pensais voir quelque chose mais après plusieurs tentatives j’ai fait le constat que l’eau était trop chargée et qu’il n’y avait aucune éclaircie à espérer. Alors que je remontais de ma dernière petite plongée, j’ai aperçu un couple qui  discutait sur l’appontement avec Anne-Marie. En même temps Anne-Marie me faisait signe de me retirer de l’eau bien vite. Arrivés près d’eux, Anne-Marie m’a présenté ce couple de miquelonnais (Jean et Yvonne) installé à Montréal depuis de nombreuses années et qui se trouvait en vacances en Floride sur leur bateau de plaisance. Lui est un capitaine de bateau en retraite et tous deux vivent dans un trawler de 42 pieds « le Mylendie ».
Chaque année ils passent l’hiver en Floride et cette année ils s’étaient arrêtés à Tittusville. Quelle coïncidence ; nos déboires avaient fait que nous puissions nous rencontrer. Et le premier avertissement qu’ils m’ont donné est de ne pas aller dans l’eau parce que depuis quelques jours les responsables de la marina étaient à l’affût pour repérer un jeune alligator qui s’y était infiltré . En raison du danger il fallait le capturer et le ramener dans son espace naturel .Heureusement que je ne l’avais pas rencontré parce que cela aurait pu être dramatique mais j’aurais pu me trouver en présence d’un manatee (lamantin) aussi puisque lui fréquente naturellement la marina. Nous l'avons vu justement et je me suis imaginé le rencontrer lors de mes plongées. Je serais sorti de l'eau comme une fusée ou je serais mort de peur. Ouf! cela n’a pas été le cas.

manatee-1.jpgmanatee

   Lamantin de Floride        

Nous avons donc fait appel , par l’intermédiaire du responsable de la marina, à un plongeur professionnel. Compte tenu du risque représenté par la présence du fameux alligator, le plongeur « Rob » a mis une corde à sa taille et m’a chargé de la tenir et de tirer sur la corde pour l’aviser si je voyais la bête. A 10H00 le filin était enlevé de l’hélice. Et comme nous avions acheté un nouveau davier à St-Petersburg, davier pratique qui permettait de  laisser l’ancre accrocher pour naviguer, nous avons décidé de profiter de l’installer. Anne-Marie sur le pont et moi dans le compartiment avant, dans une position inconfortable nous avons entrepris l’installation. Une fois la plaque de renfort en métal fixée dans le compartiment au niveau des trous de boulons j’ai demandé à Anne-Marie de placer le davier et de faire glisser les boulons dans les quatre trous. Tout d’un coup j’entendis un cri «  AHHHH !!! non !!!  ». Je suis vite remonté sur le pont et Anne-Marie toute penaude et très déçue me dit : « le davier m’a lâché des mains et il est tombé à l’eau ». Bon il ne me restait qu’à réfléchir à la façon de le récupérer. Lorsque le responsable de la marina est venu voir ce qui se passait il m’a dit que le fond de la marina était vaseux et que l’épaisseur de la vase était importante. Il nous a préconisé d’utiliser notre grappin pour tenter d’accrocher le davier sur le fond et le remonter. C’est ce que j’ai essayé pendant un long moment mais sans résultat. Nous devions faire une croix sur ce « beau davier ». Cependant en fin d’après-midi nous en avons acheté un autre alors que nous étions à faire des courses avec Jean et Yvonne. Nous avons ensuite mangé avec eux.. Le lendemain après avoir fixé le nouveau davier (cette fois en ayant pris la précaution de l’attaché au guindeau à sa mise en place) ; nous avons passé une nouvelle journée avec Jean et Yvonne entre le shopping et les repas à bord du « Mylendie ».











 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

départ (photo Jean et Yvonne) 

 

 

Le 31 mars à 10H00 nous avons quit té Tittusville et nous sommes restés en c ommunication radio VHF avec le « Mylendie » jusqu’à 12H30.  A16H00 nous avons passé « Daytona Beach » et à 18H30 nous avons jeté l’ancre à « Flagler Beach ». Aux environs de 20H00 une jeune policière de la garde côtière  qui trouvait que nous étions un peu trop dans le chenal de navigation nous a fait bouger en nous indiquant où nous mettre. J’avais des doutes sur la profondeur tout en regardant le sondeur. Mais elle a insisté donc j’ai mouillé à l’endroit indiqué. 20 minutes plus tard il me semblait que le bateau touchait le fond. J’ai contrôlé avec un fil à plomb et  j’en ai ainsi eu la certitude. La marée était de jusant alors il me fallait être rapide pour retirer tout de suite le wickie de sa mauvaise posture. J’ai mis le dinghy à l’eau et comme je l’avais déjà fait à Barnegat j’ai essayé de le tirer mais prise dans l’herbe l’hélice a forcé et la clavette de sécurité a cassé ; et par malchance c’était celle de secours qui était en place. Donc plus de moteur hors bord. Je suis revenu au bateau en envisageant une autre solution : utiliser le grappin. Je l’ai donc pris avec sa corde de mouillage  et aidé d’Anne-Marie avec le dinghy je suis allé le jeter dans le chenal. Je suis revenu au bateau et j’ai utilisé le guindeau pour haler sur le mouillage et  ramener le wickie dans le chenal.. L’opération a réussi. Comme nous risquions d’être verbalisés en mouillant trop près du chenal de navigation, nous avons choisi de rentrer à la marina. Est-ce que c’était le but de la manœuvre de la policière ? Si ça l’était ,elle aura réussi.



dans ce bateau la policière qui nous fait changer de mouil              Photo ci-après plutôt insolite


 














 

 

 

 

Prochain épisode :   Tittusville - Norfolk

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 08:25

 

 

 

 

 

                 TITTUSVILLE-NORFOLK

 

 

 


Ce vendredi donc, 1er avril , il faisait, beau, un petit vent frais de NO soufflait à une dizaine de noeuds. Nous avons fait une petite balade matinale à pied avant de quitter la marina pour nous rendre à Palm Coast. Là nous avons fait 50 gallons de fuel. A 10H25, nous avons repris le canal  pour poursuivre notre voyage du retour. Après 3H20 de navigation nous avons accosté au quai de la marina Ste-Augustine Marine à St-Augustine.

Comme nous étions le vendredi Saint nous nous sommes empressés de nous rendre à la Cathédrale du centre-ville pour assister au chemin de croix. A l'issue de la célébration nous nous sommes promenés dans le quartier espagnol et nous avons regagné le bateau vers 19H30. Pour souper nous avons savouré un bon plat de macaroni au fromage gratiné et à 22H nous nous sommes couchés. Le lendemain après le petit déjeuner et la douche nous avons entrepris le recollage de la bande de vinyl du plafond de la chambre qui s'était décollé avec l'humidité.  Dans la matinée l'ami français, rencontré à l'aller, est venu nous rendre visite. Il est resté à manger avec nous. Lorsqu'il nous a quittés vers 13H15 nous avons sorti nos bicyclettes pour aller sur la place du centre-ville où stationnaient de nombreux stands d'artisanat et de confiseries. La température était très agréable : 23° c'était donc un plaisir de circuler en vélo.  Nous avons fait quelques achats de cadeaux souvenirs et nous avons pris le soin de bien choisir nos chocolats de Pâques dont le choix en qualité n'était pas aussi riche que chez nous en France. Au retour j'ai déplacé l'antenne du GPS que je pensais trop près du radar. Pour le souper j'ai préparé du saumon aux fines herbes et à la moutarde que j'ai cuit sur barbecue dans du papier aluminium. Nous nous sommes régalés. Le soleil était encore au rendez-vous le lendemain, jour de Pâques. Nous sommes allés à la Cathédrale pour la célébration de la messe mais avant de rentrer nous avons appelé nos filles et la famille pour leur souhaiter de passer de Joyeuses Pâques. Et c'est nos filles qui nous ont rappelé qu'il y avait eu changement d'heure dans la nuit dans toute l'Amérique du Nord. L'heure avait été avancée d'une heure. Nous avons alors réalisé que nous ne serions pas à l'heure à la Cathédrale. Comme de bien entendu nous avons assisté à la fin de la messe. Lorsque nous sommes arrivés au bateau  pour diner nous avons trouvé accroché à la porte , un bouquet de tulipes avec une carte de voeux de Joyeuses Pâques de la part de notre ami breton. Nous l'avons installé sur la table pour donner un air de fête à notre repas.  A la fin du repas nous sommes repartis nous balader et cette fois sur la plage. Là nous avons appris qu'il y avait une parade qui défilerait  au centre-ville. Nous y sommes donc allés et nous l'avons trouvé bien orchestrée avec des chars ornés de fleurs et décorés sur des thématiques infantiles ( les pirates, le chat , la souris, l'ours et la nature sauvage etc.) sponsorisés par différents commanditaires Le décor était très coloré et la musique agréable.

char1 Pâques St-Augustinechar2 Pâques St-Augustine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Pour le retour nous sommes repassés par la plage et arrivés à la marina nous avons appelé quelques amis avant de savourer en guise d'apéritif un bon verre de champagne. Vive Pâques 1994 ! le menu du souper a été un rôti de porc avec pommes de terre roties. Hummmm! C'était un régal. Et voici notre dessert (photos).

chocolat de Pâques Annechocolat de Pâques Claude

 

  Détendus et heureux Anne-Marie s'est mise à lire alors que moi je suis sorti au grand air pour fumer une bonne cigarette. Quelques minutes plus tard c'est le breton qui nous a fait une bonne surprise en venant nous inviter à prendre le champagne chez lui. Et c'est jusqu'à 3 heures du matin que nous avons poursuivi notre soirée avec dégustation de bonnes petites pâtisseries arrosées de deux bouteilles de champagne et dans une chaleureuse ambiance. C'est Jean-Pierre qui nous a ramenés au bateau et lorsque nous nous sommes couchés nous nous sommes vite endormis le champagne ayant eu un réel effet de somnifère. Au réveil à 9 heures nous avons pris notre petit déjeuner et je suis allé poster des cartes postales et au retour j'ai réglé la marina et à 11 heures nous avons quitté Ste-Augustine Marine. Après avoir franchi 70 miles nautiques et 5 ponts nous sommes arrivés à Fernandina Beach vers 19H30. Nous avons jeté l'ancre dans la zone de mouillage. La navigation a été agréable surtout dans l'après-midi lorsque le soleil s'est montré et a réchauffé la température jusqu'à 24°. Maintenant bien installé à l'ancre nous avons pris un souper léger parce que, fatigués, nous avions hâte d'aller nous reposer. C'est avec un beau soleil que nous avons repris l'intracostal le lendemain. Nous avons quitté la Floride pour rentrer en Géorgie et c'est en milieu de matinée que nous avons passé la base sous-marine américaine de Kings Bay. A l'aller nous y avions croisé un sous-marin qui rentrait et qui nous avait surpris par son remous. Vers 14 heures nous avons décidé de jeter l'ancre là où nous l'avions fait le 21 novembre 1993, à Wailys Leg. Le vent fort de Sud Ouest qui soufflait nous déportait beaucoup alors j'ai du prendre la décision de changer de zone. Mais l'ancre ne s'accrochait toujours pas alors  nous n'avions pas d'autre choix que de poursuivre la navigation jusqu'à la prochaine zone d'ancrage qui se trouvait à New Teakettle Creek. Vers 17 heures nous y étions mais nous avons connu les mêmes difficultés à cause du vent fort qui persistait ce qui nous a obligés de continuer à monter jusqu'à la marque verte suivante du balisage,  là où il était indiqué sur les intructions nautiques qu'il y avait une marina. Arrivé sur le lieu nous n'avons pas repéré de marina ce qui nous a amenés à constater que notre document n'était pas récent et qu'apparemment la marina n'existait plus. Nous arrivions en fin de journée; la nuit commençait à tomber et la fatigue se faisait sentir. Enfin c'est vers 20H30 que nous avons réussi à jeter  l'ancre dans une crique plus abritée : Johnson Creek. Par sécurité j'ai tout de même installé un double mouillage avec ancre et grappin. J'ai voulu nous assurer une nuit tranquille et cela a été le cas. Dès le départ le lendemain nous avons cherché une marina pour nous ravitailler en fuel. La première à notre passage se trouvait dans un endroit encaissé et la profondeur de l'eau était faible. Comme le balisage d'entrée faisait défaut je n'ai pas pris de risque et nous avons continué jusqu'à 5 miles plus haut pour nous ravitailler à Kilkenny Marina. Nous avons ensuite poursuivi notre parcours et en milieu d'après-midi alors que nous faisions le point sur la carte nous avons constaté avec plaisir que nous quittions la Géorgie que nous avions trouvé aussi inhospitalière qu'à l'aller. Cela devait être du aux difficultés rencontrées et de l'environnement qui était plus sauvage et marécageux. Il était 15H et enfin nous avons trouvé un autre caractère environnemental en Caroline du Sud. Les belles propriétés qui bordaient le canal ressemblaient bien plus à celle de Floride ce qui nous faisait remarquer une similitude du niveau de vie des habitants. C'était donc des paysages constrastés que nous retrouvions  par rapport à celui de la Géorgie et après quelques miles parcourus c'est un environnement accueillant et agréable qui s'offrait à nous. Les palmiers étaient réapparus le long du canal où nous pouvions admirer de superbes propriétés avec le quai attenant. Même le prix du fuel était plus attractif, c'était étonnant mais on en a profité pour faire le plein. De 17H à 19H nous avons traversé un passage où se trouvait une entrée par l'océan et où les courants étaient assez violents. Avec l'aide du fort vent de Sud-ouest  ce passage nous a rappelé les caprices de la mer avec houle et une agitation tumultueuse qui nous a fait affronter de belles vagues également. Nous étions proches de Port Royal et l'inconfort du moment nous a paru très long. Heureusement le Wickie avec ses deux puissants moteurs nous a fait tenir ces vingt longues minutes dans le chenal dont le balisage devenait difficile à repérer visuellement. C'est à Beaufort que nous avons jeté l'ancre peu avant 20H , cette petite ville qui nous avait beaucoup charmés à l'aller. Nous y sommes restés deux nuits. Nous avons profité de laver le bateau surtout l'avant qui était couvert de boue avec l'ancre suite aux nombreux mouillages et nous avons fait des provisions en épicerie et en matériel de maintenance.  Compte tenu de l'importance de notre ravitaillement en épicerie nous avons apprécié l'utilité de notre petit chariot à roulettes. Malgré le vent de Nord-Ouest qui a été fort et les passages orageux  nos deux mouillages ont tenu bon. Durant ce petit séjour nous avons fait le point sur notre parcours et nous avons calculé la distance de Beaufort  n°125 du balisage jusqu'à Sorel, à l'embranchement donc du fleuve St-Laurent; elle était de 950 miles en passant par le Lac Champlain comme prévu.

Lors de notre sortie à terre nous avons  rencontré un couple de l'Ontario qui, sur un petit bateau de 20 pieds appelé le M/V Bear, s'était engagé à faire le même parcours que le nôtre. Nous avons trouvé leur projet ambitieux sur un si petit bateau. Il y avait très peu d'espace tellement ils avaient de vêtements et de matériels. Parce que nous avions évoqué notre intention de passer par le lac Champlain, Kent , le propriétaire du bateau, nous a offert le guide pour le Lac. Dans la soirée nous sommes retournés les voir pour leur offrir un cadeau et nous avons découvert que Kent était à flâner sur les abords du quai alors que sa femme était restée à bord du bateau. Nous sommes embarqués sur leur invitation mais nous n'avons pas pu rester bien longtemps tellement il manquait d'espace. C'était étouffant dans cette petite timonerie.  Ils ont compris notre empressement à sortir et après les avoir remerciés, nous les avons quittés en leur souhaitant beaucoup de courage dans l'exécution de leur projet.

Départ du "Bear" (photo ci-dessous)

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  A partir de Beaufort nous avions 464 miles à parcourir pour atteindre le point "0" de l' ICW situé à Norfolk. Nous avons donc quitté le vendredi 8 avril. Les étapes ont été les suivantes : Wild Dunes marina à l'Isle of palm, Georgetown, Enterprise Leg,North Myrtle Beach ( nous avons alors quitté la Caroline du Sud) - South Port - Seabreeze ( Carolina Beach) - Swanboro ( Dudleys Marina) - Moorehead City - Beaufort ( Caroline du Nord) - traversèe des rivières - Neuse River- Bay River - Pamlico River et Pungo River - Mouillage de Bellhaven - Alligator River - Albermale Sound - North River. Le 15 avril nous étions à Coinjock où nous avons rencontré un Québécois. Robert, c'est son prénom, venait des Antilles et remontait vers Montréal avec son voilier du type Jeanneau de 30' et baptisé "FIDJI II ". Autour d'une tasse de café, prise à notre bord nous avons dialogué au sujet de nos aventures récirpoques et  nous avons finalement sympatisé. On s'est donné rendez-vous à Norfolk là où nous pourrions poursuivre notre voyage ensemble. Le lendemain nous avons fait notre entrée en Virginie, là où un skipper en panne de moteur avec son voilier " le Pélican" nous a sollicités pour un remorquage (Il faut dire que les voiliers doivent démater pour le passage des ponts ce qui les obligent à naviguer à moteur). Les manoeuvres à l'ouverture des ponts nous demandaient beaucoup de précautions mais nous avons amené le " Pélican" à la marina "Atlantic Yacht Basin" après trois heures de remorquage. Tout le monde était heureux de cette opération de secours. Le 16 nous avons stationné au quai public situé à proximité du pont "Great Bridge" à l'entrée de l'écluse que nous avons franchie pour arriver au niveau de la marina " City dock marina" de Norfolk le dimanche 17 avril à 16 heures. Nous étions alors à l'embouchure de la baie de "Chesapeake" là où nous avons retrouvé le "Fidji II". Norfolk est une base navale impressionnante de par l'énorme flotte militaire qui stationne dans le port et également un chantier naval. Mais c'est aussi pour nous français le lieu de naissance de notre poète Francis Vielé-Griffin décédé à Bergerac en 1937 à l'âge de 73 ans. Ce poète, en symboles simples, transfigurait la réalité, notamment les paysages de Touraine ( La clarté de la vie - 1897-) Il exprimait toujours un amour grave et fervent de la vie. Un exemple de sa poésie ;

 

La lente Loire passe altière et, d'île en île,

Noue et dénoue au loin, son bleu ruban moiré ;

La plaine, mollement, la suit, de ville en ville,

Le long des geais coteaux de vigne et de forêt.

 

Elle mire, orgueilleuse, aux orfrois de sa traîne

Le pacifique arroi de mille peupliers,

Et sourit doucement à tout ce beau domaine

De treilles, de moissons, de fleurs et d'espaliers.

 

Ce jardin fut le nôtre, un peu de temps encor,

Ta douce main tendue en cueillera les rosés;

J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or

La fine majesté des plus naïves choses.

 

Les reines ont passé ; voici la royauté

Des Lys, que leur blason au parterre eût ravie,

Et voici, fraîche encor d'éternelle beauté,

La frêle fleur éclose à l'Arbre de la Vie.

 

 

 Ce poète avait loué le chateau de Nazelles, près d'Amboise" Il chante alors la Touraine dans des poèmes empli de fraîcheur. Il a composé également " La Partenza", élégie de 23 poèmes.

 

 

 

A SUIVRE...

   

 
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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 19:04

 

 

 

 

 

NORFOLK - GREAT KILL HARBOUR ( New Jersey)

 

Sur invitation de Robert, nous sommes allés prendre l'apéritif sur le Fiji mais nous avons soupé à bord de notre Wickie. Après le départ de Robert j'ai préparé la route sur le GPS et le LoranC pour le parcours du lendemain. Une bonne nuit de repos nous a conditionné pour reprendre la mer  et nous nous sommes rendus à Ingram Bay pour 3 nuits et l'escale suivante a été Solomons Island. Il s'agit d'une mince péninsule située entre la rivière Patuxent et la baie de Back Creek où nous avons découvert le musée de Calvert  avec en exposition des bateaux historiques. Nous avons été orientés pour oberver une particularité de l'endroit avec ses deux marécages naturels protégés, l'un d'eau de mer et l'autre d'eau douce.

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image0051Le Fidji 1  nous accompagnait toujours et le 22 avril c'est à la marina d'Annapolis que nous nous sommes arrêtés pour rejoindre Albert l'ami de Robert qui y avait acheté un voilier Cataman de marque Landor.

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image0060-copie-1A Annapolis on y trouvait des commerces d'accastillage où Albert se fournissait et c'est le statut de client qui lui a permis de nous procurer une place à quai. Profitant de cette escale et parce que nous n'étions pas très loin de la capitale américaine Washington DC  nous avons tenté de participer à une excursion  programmée toutes les semaines. Cependant comme il y a pas eu les six personnes requises au minimum pour le tour de bus, celui-ci fut annulé et nous avons du nous contenter de visiter la petite ville d'Annapolis de 35ooo habitants, capitale de l'état de Maryland. Nous avons pu contempler des bâtiments d'architecture georgienne. Cette ville a acquis son nom en 1694 en l'honneur de la Princesse Anne. Elle fut temporairement la capitale des USA après la signature du traité de Paris en 1783. Le bâtiment d'Etat (surmonté d'une coupole)  où le traité fut signé existe toujours.

En bons chrétiens nous avons assisté à la messe dominicale dans une superbe cathédrale le dimanche matin après avoir pris un bon petit déjeuner avec croissants et baguette française. Nous avions pris ce menu comme un cadeau du ciel  ...

image0059  image0074Le 24 avril, après la traversée de la baie, nous avons tous rejoint le canal "C&D canal" (reliant les baies de la Chesapeake et de la Delaware)à l'intérieur duquel nous avons profité d'une zone d'ancrage à proximité de Chesapeake city. Nous avions donc quitté la baie de Chesapeake, cette baie extraordinaire de 170000km2 dans laquelle se jettent près de 150 cours d'eau. Elle fut le théâtre d'une grand bataille entre français et anglais le 5 septembre 1781 qui a abouti à la défaite des anglais. Cette bataille appelée aussi bataille des caps de Virginie fut cruciale pour la guerre  d'indépendance des Etats Unis. Il est intéressant de remarquer aussi que par cette victoire la France a pu récupérer certaines de ses colonies perdues en 1763 (traité de Paris) dont Sainte-Lucie et Tobago (cette dernière unie à la Trinité en 1888 est devenue indépendante depuis 1962). La Baie est aussi un lieu prisé pour les courses de voile. C'est ainsi qu'au large de Baltimore nous avons du modifier notre route pour laisser la priorité aux nombreux voiliers de toutes classes qui s'affrontaient dans le cadre d'une grande course. Nous avons alors admiré ces voiliers toutes voiles dehors avec leurs superbes spis (spinnakers). Maintenant que nous sommes à chesapeake city nous avons magasiné et fait du ravitaillement. Le jour suivant nous avons levé l'ancre et nous avons franchi le canal pour continuer à naviguer cette fois dans la baie de Delaware. 5 heures de navigation sur une mer calme et un beau soleil par une température de 20°.

image0045.jpg image0053-copie-1.JPGDans ces conditions le temps nous a paru court pour atteindre le canal de Cape May dans le New Jersey. Nous avons passé la nuit à l'ancre dans la petite ville de Cape May avec nos amis québécois comme voisins au mouillage. Dès 8H30 le lendemain matin les deux voisins nous ont devancés pour le départ  en raison de leur moyen de propulsion moins rapide que le nôtre d'autant qu'ils naviguent le plus souvent plutôt à la voile qu'au moteur. De notre côté  nous sommes allés à la marina Utch's, proche du mouillage et nous avons fait le plein de fuel. Au commerce d'accastillage nous avons acheté un cabinet de toilette chimique en prévision de la traversée de la zone du lac Champlain où le réglement sur la protection de l'environnement est très draconien. Nous reprenons ensuite la mer avec des bonnes conditions météorologiques : ciel nuageux avec un petit vent de N.E. de 15 noeuds. Destination : Atlantic City, la ville du casino avec sa marina et c'était l'arrêt programmé par Robert et Albert. La mer était belle mais à mi-parcours nous avons perdu la visibilité qui s'est réduite jusqu'à un quart de mile. C'est dans le brouillard que nous sommes rentrés au port. Avant de rejoindre la marina du casino de Trump Castlle nous avons jeté l'ancre pour attendre les compères québécois. Le temps d'une collation et le Fiji 1 est apparu; c'est alors ensemble que nous nous sommes dirigés à la marina. Nous avons été très surpris lorsque nous avons aperçu cette marina au pied du grand casino orné d'une superbe enseigne où il était annoncé "trump castle casino". Nous nous sommes installés chacun à un appontement et quelques minutes plus tard c'était le "Big Bird " qui nous rejoignait.

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Nous étions vraiment à la porte de ce bâtiment de grand luxe où la place à la marina n'était pas plus chère que dans une marina ordinaire. Nous étions soulagé parce que c'était un peu notre crainte. Nous nous sommes bien vite changés de vêtements pour aller dans un premier temps au restaurant. Et c'est à prix raisonnnable que nous avons dégusté notre repas. Dans ces lieux le luxe prime. Tout est brillance et lumière et dans le casino c'est le bruit de machines étincelantes qui domine, à peine couvert par une musique d'ambiance. Anne-Marie et moi nous nous sommes tous deux fixés un forfait de 20 dollars pour le plaisir de jouer un peu. Nous avons eu un temps  quelques gains qui nous ont un peu excités mais les machines ont bien réagi dans l'intérêt de l'exploitant en avalant au fur et à mesure nos modestes mises. Nous avons malgré tout eu quelques bonnes sensations et nous étions comblés. Nous avons facilement remarqué  les habitués des lieux fascinés par leurs machines. Au sous-sol c'était la salle des jeux de cartes, poker etc.... L'intensité des décors lumineux qui s'accentuait de plus en plus nous permettait de remarquer que nous arrivions en fin de journée. Et à la nuit c'est un décor flamboyant qui se présentait nous, nouveaux clients des lieux. Les scintillements multicolores et les lumières d'ambiance nous éblouissaient en nous baignant dans une atmosphère de grand luxe. L'ambiance était féérique mais le lieu était néanmoins dangereux pour les joueurs sujets à l'addiction. Nous avons profité de prendre quelques photos et j'ai aussi filmé pour le souvenir.

image0070 image0071.JPGimage0072.JPGNous avons regagné le bateau, les visages illuminés mais fatigués de cette grande journée d'activités. Le lendemain 27 avril à 10H30 nous sommes tous repartis pour Manasquan. La traversée a été agitée avec passages de grosses mers et c'est dans le chenal d'entrée que la navigation a été délicate compte tenu du vent,  des courants et du trafic. Ce fut un soulagement lorsque nous avons accostés au quai du restaurant. Cependant pour rester à ce poste il fallait consommer au restaurant alors nous avons accepté la condition. Le Fiji 1 et le "Big Bird" sont arrivés environ une heure  après nous. Nous avons mangé tous ensemble au restaurant. Le temps était orageux et il y  avait une alerte de tempête pour la nuit. Ces conditions météorologiques se sont maintenues le lendemain alors nous sommes restés un jour supplémentaire à Manasquan. Nous avons sorti nos bicyclettes pour nous balader et faire quelques courses. Près du port il y avait une belle plage et avec nos amis québécois nous y sommes allés et nous avons découvert diverses attractions pour adultes en enfants. Et là aussi il y avait des machines à sous. Cela évoquait bien le caractère incitatif vers le monde des joueurs. Dans nos discussions nous avons passé beaucoup de temps à parler du voyage avec nos amis québécois surtout sur la partie fleuve Hudson à aller vers le fleuve Saint-Laurent. Ils nous ont  fourni des informations sur les conditions de passage des canaux avec leurs écluses,  sur les lieux de mouillage dans le lac Champlain ainsi que sur les conditions  de protection de l'environnement appliquées de manière drastique. J'ai pris bonnes notes de ces conseils éclairés. Cela confirmait ce que nous avions déjà entendu et qui nous avait amené à l'achat d'un cabinet chimique à Cape May.Le 29 avril  au matin un vent d'Est de 10-15 noeuds accompagnait des averses sporadiques. Et c'était un temps suffisamment beau pour reprendre la mer. Nous avons quitté Manasquan à 8 heures et c'est à petite vitesse que nous avons navigué, les amis québécois m'ayant demandé de ne pas trop m'éloigner d'eux en raison du brouillard. Il n'étaient pas équipés de radar et à l'approche de New York il y a beaucoup de trafic. Nous communiquions par radio VHF. J'ai eu à leur signaler la présence de deux navires qui croisaient nos routes et qui nécessitaient notre vigilance mais aussi la flottaison entre deux eaux d'une grosse pièce de bois . Il semblait s'agir d'une partie de structure de quai de plaisance.On ne l'apercevait qu'au mouvement de la houle . La mer calmée nous a permis de repérer cet obstacle et nous a rendu la traversée jusqu'à Great Kill harbour (New Jersey) très agréable. Dès notre arrivée à 13h30 dans la petite baie intérieure où se trouvent deux marinas et une zone de mouillage, nous  nous sommes amarrés à une bouée d'ancrage libre. Nos amis québécois ont fait de même. Ils nous ont rejoint sur le wickie pour savourer un bon chocolat chaud.. Nous nous sommes installés ensuite pour jouer à la belote jusqu'en fin d'après-midi. Le soir nous avons soupé à bord du fiji 1 et vers 20h30 c'est Nicholas, l'ami rencontré à l'aller qui nous a rejoint. Nous sommes retournés ensemble sur le Wickie et devant une  chaude tisane il nous a réclamés le récit de notre périple depuis notre départ  le 23 octobre de l'année dernière. C'est ce que nous avons fait en résumé jusqu'à ce que Nicholas nous quitte vers minuit et demi. Le lendemain la légère brume a permis à nos québécois de décider de lacher le mouillage et de quitter la baie par un petit vent de Sud-Est. Nous nous sommes donnés rendez-vous sur le lac Champlain. A moteur, les deux voiliers "Fiji 1" et le "Big Bird" ont franchi le chenal de sortie de la baie en direction du port de New York pour ensuite rejoindre le fleuve Hudson jusqu'au lac Champlain. De notre côté nous avons voulu rester quelques jours à Great Kill harbour et nous avons alors sollicité auprès du responsable de la marina "Atlantis" l'autorisation  d'accoster à un appontement avec notre dingy. Nous avions besoin  de nous rendre en ville à Staten Island faire nos approvisionnements. Son accord nous a donc permis de sortir  pour visiter et faire des courses. Grâce aux vélos nous avons fait un parcours touristique en allant au parc national où se trouvent des pilotis pour la pêche en mer, un centre d'observation des oiseaux marins, des terrains de sport et une superbe plage. De là il était possible de prolonger le parcours touristique en prenant un bus pour aller au quai des ferries qui effectuaient la navette entre Staten Island et New York city.. Au cours de notre visite de la ville nous avons remarqué un bâtiment d'une architecture un peu étrange; c'était une église Copte (Coptic church). Elle était superbe et elle paraît sectionnée par des colonnes et des toits en arc de cercle. Elles sont ornées d'un grand vitrail et rattachées à un édifice plus central avec une horloge et le clocher, celui-ci en dôme et surmonté d'une double croix de bois. Cette dernière structure pouvait nous faire penser à un anémomètre girouette. Cependant par besoin d'approvisionnement relativement important nous avons eu une offre de notre ami Nicholas qui nous a conduit dans une aventure rocambolesque. Son véhicule fétiche était une jeep américaine de la seconde guerre mondiale. Bien entretenue et très originale la jeep nous offrait toutefois qu'un  confort très rudimentaire. Elle était assez bruyante et nous étions assis sur des caisses de bois à l'arrière de Nicholas le chauffeur. Aux carrefours nous attirions l'attention de bien des gens qui semblaient interloqués mais le plus souvent amusés de nous voir circuler dans cette vieille jeep. Mais même sous une bruime persistante et parce que nous avions pris la précaution de bien nous vêtir avec un imperméable, nous avons fait toutes nos provisions et cela dans une ambiance décontractée et joyeuse. Le jour suivant Nicholas nous a fait faire une balade sur son voilier  "l'Anathéma" ; à son bord Eric, l'ami français de Nicholas avec ses deux jeunes enfants. Eric, divorcé, avait la visite de ses enfants certaines fin de semaine. Ils vivaient avec leur père sur sa goëlette qui  s'appelle Adèle.


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Prochaine étape :  GreatKill Harbour - Montréal ...

 

 

 

 

 

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